Home > Politique > Génération Taubira

De Paul Olivier. En 1988, Séguéla inventa la "génération Mitterrand". Née dans les années 50, elle a grandi dans le sillage de "mai 68". A la soixantaine, elle est au pouvoir depuis le 6 mai 2012. En 1997, aux JMJ d’août, a été confirmée à Longchamp la "génération Jean Paul II", éclose au Parc des Princes le beau soir du 1er juin 1980. Elle a aujourd’hui entre 35 et 55 ans. Et ses enfants, entre 20 et 30 ans.


CC BY-SA 3.0 Ericwaltr

Créatifs par nature, ces jeunes ont "l’exubérance tranquille". Complètement à l’aise dans leur époque, ils en ont intégré toutes les mutations : Bill Gates et Steve Jobs sont leurs Père Noël, les smartphones un outil toujours accessible, les réseaux sociaux et le numérique leur page d’écriture. Le monde est leur cour de récréation : New York, Londres, Rio, le Vietnam, l’Australie, l’Afrique du Sud… C’est dans ce contexte qu’ils vont de l’avant, s’exilant sans états d’âme lorsque leurs talents ne trouvent pas leur place en France.

Forts aussi dans leurs convictions. S’ils sont une petite minorité, ils ne se limitent pas, comme on nous le répète, à quelques Parisiens privilégiés ; on en trouve partout, y compris dans le "9.3". Mais, avec leur charisme multiforme, ils sont le sel de la terre, le levain dans la pâte, une lumière dans la nuit.

On comprend pourquoi et comment ces jeunes plaisantent et s’amusent même lorsqu’ils sont très durement réprimés par les CRS, embastillés sans ménagement et gardés à vue, de longues heures, victimes d’un appareil d’Etat gangréné par l’énarchie et le Syndicat de la Magistrature, avec son "mur des cons". Ils ont une force intérieure, une philosophie de la vie qui leur fait, même dans les pires circonstances, porter un autre regard sur les événements, à commencer par ceux qui les concernent, directement et au plus intime. Un regard de vie. D’humour aussi, car ils ne se prennent pas au sérieux. Rien à voir avec des intégristes repliés sur eux-mêmes ou arc-boutés sur le passé. Ce sont peut-être des "croisés" (?), mais ils ne sont, ni de près, ni de loin, "en proie aux peurs et aux réactions irrationnelles" que croit déceler le Père Greiner (rédacteur en chef du journal La Croix !) chez ceux qui réagissent lorsque la grande prêtresse de la théorie du genre est invitée à la Conférence des Evêques de France pour s’exprimer devant les délégués diocésains à la pastorale (sic – 19 mars 2014).

La politique n’est pas leur truc, du moins en sa forme actuelle. "Génération Taubira", pourtant, parce que, entre les ectoplasmes et les fantoches qui constituent notre personnel politique, la "Garde des Sceaux de la République" me paraît celle qui incarne le mieux tout ce qu’ils rejettent : le cynisme absolu, l’insondable perversité de notre gouvernement ; la seule à avoir une vraie colonne vertébrale, celle qui assène le plus froidement les plus énormes mensonges, celle qui a la dialectique la plus séduisante et la plus déterminée pour mener ses interlocuteurs sur des chemins de mort.

Et ici vient une découverte, une nouveauté essentielle : il n’y a pas d’affrontement direct, pas de barricades, ce n’est pas une génération Cohn-Bendit. Pas de lutte apocalyptique entre le Bien et le Mal. On est contre, mais pas face à face ; on est à côté. Car cette génération a mieux à faire : elle trace ailleurs son sillon, avance sur un autre terrain, comme le bon grain croît à coté de l’ivraie. A côté des œuvres de mort, taubiresques et autres, cette génération a choisi la vie : "C’est l’esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien" avertit saint Jean. Sans complexe, et dans cette liberté qui est sans doute sa première caractéristique, elle se détourne de cette "génération égarée" et de ses erreurs mortelles.

Dès lors, leur combat est gagnant. Ils sont l’avenir, ils le construisent dans un optimisme serein. Lorsque cette moisson sera mûre, les épis seront lourds, quand l’ivraie sera figée dans son rictus de cadavre. La pâte alors lèvera, pour le bonheur de tous.

Paul Olivier

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1 Commentaire

  1. Arnaud Guillaume

    Merci pour ce bel article. J’apprécie particulièrement le « on est pas contre mais à côté » qui me parait juste dans ce type de combat où la génération Jean Paul II lutte sans utiliser les mêmes armes que ses adversaires. Les veilleurs étant pour moi une réelle incarnation de cette résistance. J’aurais donc préféré un autre titre, plus conforme avec cette philosophie de la vie, quelque chose de plus positif que « génération Taubira » qui n’est au fond qu’un qualificatif ironique.