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Trois œuvres de l’exposition « Corporéité et sexualité » commentées

L’exposition d’art contemporain « Corporéité et sexualité » dans la Votiv Kirche de Vienne a attiré plus de 30 000 visiteurs. Le curateur David Rastas commente pour nous trois œuvres.

BERNARDI ROIG – Ejercicios para transportar la luz, 2008
Leiblichkeit & Sexualität, 2014
Photo: ©Christoph Bartylla, www.bartylla.at

Cette œuvre était placée bien au-dessus du maître-hôtel, entre la nef et le transept. C’est une œuvre que j’ai souvent oublié de présenter ou que j'ai présentée tout à la fin des visites, que j'ai un peu négligée. Ce fait est intéressant puisque le thème de cette œuvre est la solitude. La statue porte une lumière très vive sur son dos, un peu comme on porte une croix. Le visage est tourné vers l’autel et placé dans un lieu inaccessible qui était réservé à l’empereur pour certaines grandes occasions. C’est un lieu de l’église qui n’est pas caché mais ce n’est pas le lieu où l’on regarde, ce n’est pas révélé. Cet homme est seul comme nous sommes seuls, il porte une lumière pour les autres mais personne ne le remarque, il est oublié là-haut et pourtant la photographie montre bien le jeu de lumière produit dans l’église pour les visiteurs. Chaque personne apporte une lumière aux êtres qui l’entourent, même dans la solitude et l’oubli, une lumière jaillit, nous avons un effet sur les autres.

Ce personnage pourrait être le Christ qui porte la lumière sur la croix, mais dans sa solitude il peut être totalement oublié ou identifié à chaque solitude.


MATTHEW LENKIEWICZ – Erdapfel, 2014
Leiblichkeit & Sexualität, 2014
Photo: ©Christoph Bartylla, www.bartylla.at

L’expérience d’être assis dans cet espace irréel et ouvert est unique. L’artiste exprime la spiritualité conjugale de la vie. Au moment de réaliser son œuvre, sa vie s’écroulait : divorce, perte de sa maison, de son travail, déménagement. Comme l’amour du jeune couple était la structure portante de la vie et se répandait partout, était ouvert sur toutes les dimensions de la vie, de même le monde s’écroule lorsque la relation se casse. Dans sa souffrance, l’artiste nous fait entrer dans un espace structuré, symétrique, mystique, ouvert.


TAKASHI MURAKAMI & 19th CENTURY COPY – Figure Miss Ko2, 1999 & Herkules Farnese (19th Cent.)
Leiblichkeit & Sexualität, 2014
Photo: ©Christoph Bartylla, www.bartylla.at

 

La croix entre les deux statues est un mémorial de la guerre. Le thème de cette œuvre est « Imago dei ». La femme représente du point de vue japonais une caricature des critères de beauté occidentaux. Enfermée dans son coffret de verre, elle est comme dans un réfrigérateur, elle est dans un mensonge complet, joue sur sa beauté extérieure et refuse ses désirs. Le regard du spectateur s’arrête sur la relation entre les deux : un regard aguichant, un mouvement de la main engageant, une relation électrique de domination et de séduction à connotation sexuelle. Ils ne se rencontrent pas et ne peuvent se rencontrer.

David Rastas

 

heaven is a place where nothing ever happens from David von der Stein

 

 

 

 

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