Depuis quelques semaines, des initiatives commencent à se concrétiser pour « sauver de l’Etat Islamique » les chrétiens et les minorités d’Irak et du Moyen Orient. Nous en avons retenu quelques-unes.
1. Franck Margain, conseiller régional d’Ile de France et Xavier Lemoine, maire de Montfermeil, tous deux vice-présidents du Parti Chrétien Démocrate, s’insurgent devant le génocide des chrétiens d’Irak : « En Irak, tous les témoignages convergent. Il s’agit ni plus ni moins d’un génocide perpétré par des personnes hermétiques à toute autre considération que leur diabolique fanatisme. C’est là que l’emploi de la force n’est plus une option mais un devoir impérieux. Tergiverser, c’est se faire complice. (…) nous demandons au gouvernement français, certes d’intensifier l’aide humanitaire, mais plus encore de prendre l’initiative politique d’une immédiate et crédible intervention militaire. (…) "Il y a des démons qui ne se chassent que par la prière et le jeûne", que chacun en conscience utilise les armes qui lui semblent appropriées. (…) Sachons œuvrer avec la Russie, le Liban et le Vatican dans ce sens, ils nous permettront d’ajuster les moyens d’intervention ».
2. Les États-Unis et la France : le président français François Hollande a ouvert lundi la conférence internationale sur la sécurité en Irak qui rassemble une trentaine de pays arabes et occidentaux pour permettre de définir le rôle de chacun dans la coalition internationale voulue par Washington afin de "détruire" l'EI. Dans le discours d’ouverture, le président Hollande appelle ses partenaires à s’engager face à la menace des jihadistes de l'Etat islamique, mais en Irak uniquement : « Le combat des Irakiens contre le terrorisme est aussi le nôtre. Nous devons nous engager clairement, loyalement et fortement aux côtés des autorités irakiennes. Il n'y a pas de temps à perdre. »
Face au même ennemi qui se trouve sur le territoire syrien, un appel différent est lancé : « Le chaos fait le jeu des terroristes. Il faut donc soutenir ceux qui peuvent négocier et faire les compromis nécessaires pour préserver l'avenir de la Syrie. Et pour la France, ce sont les forces de l'opposition démocratique. Elles doivent être appuyées par tous les moyens. »
Selon les États-Unis, plus de 40 pays sont prêts à participer, d'une manière ou d'une autre, à cette alliance, comme le Canada, la Turquie, l'Italie, et les pays du Golfe. L'Australie a également annoncé hier sa participation, avec le déploiement de 600 de ses militaires dans les Émirats.
Quant à l'Iran, qui n'a pas été invité à la conférence, il a affirmé qu'il ne souhaitait de toute façon pas y participer. « Ce qui intéresse l'Iran, c'est une lutte réelle et non sélective contre le terrorisme dans la région et le monde. Nous allons continuer à soutenir avec force l'Irak et la Syrie dans leur lutte contre le terrorisme », a affirmé le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian.
Le secrétaire d'État américain John Kerry après sa visite en Turquie et au Moyen-Orient, a obtenu le ralliement de dix pays arabes, dont l'Arabie saoudite. John Kerry a toutefois réaffirmé qu'il n'y aurait pas de coordination avec Damas pour d'éventuelles frappes américaines contre l'EI en Syrie mais que « tout serait fait pour éviter les interférences malencontreuses ».
3. L’acte de foi des chrétiens d’Orient qui, par leur martyr et leur fidélité à cette appartenance au Christ, « sauvent » aussi leur terre.
« Je suis née chrétienne et si c’est à cause de cette appartenance que je dois mourrir, je préfère mourir chrétienne. » C’est ainsi que Khiria Al-Kas Isaac, 54 ans, chrétienne iraquienne de Qaraqosh, ayant fui au Kurdistan, a répondu aux islamistes qui la menaçaient en prison avec une épée à la gorge, l’obligeant à se convertir à l’Islam. « Je leur ai répondu imédiatement que je préférais mourir chrétienne, citant l’évangile de Saint Matthieu (10,33) : "Jésus disait : ‘Qui me reniera devant les hommes, Moi aussi je le renierai devant Dieu qui est au Ciel." En prison, nous pleurions toutes, mais nous avions aussi toutes refusé de nous convertir à l’Islam. Et quand l’islamiste m’a redit, l’épée sur la gorge, devant tout le monde : "Convertis-toi à l’Islam ou tu seras décapitée", je lui ai répondu : "Je serai heureuse d’être une martyr". »
4. L’initiative de Mohammad, Hussein et Michel : trois jeunes Libanais, (deux de confession musulmane et un chrétien) ont répondu à leur manière à la violence de Daech et à leur tentative de semer la haine et la guerre au Liban. Ces trois jeunes de Baalbeck, ville où ont toujours vécu ensemble chrétiens et musulmans, ont pris l’initiative de construire sur la place de leur village une tour en haut de laquelle ils ont déposé la statue de la Vierge Marie, lui confiant tout le village, tous les Libanais et les chrétiens d’Orient. Leur travail a duré cinq mois : il a fallu trouver l’argent, le matériel… Il y a eu un mouvement de tout le peuple et des mairies de la Békaa pour les soutenir. Pendant leurs 5 mois de travail, quelques jeunes de l’armée de ce village ont été enlevés par l’Etat Islamique dans les derniers combats d’Ersal et risquent d’être décapités à leur tour. Ces enlèvements causent beaucoup de tensions, mais face à ces menaces, ces trois jeunes de Baalbeck ont voulu répondre par une affirmation encore plus forte et plus concrète : le témoignage de co-existence qui caractérise le peuple libanais. Un des habitants du village s’exprimait : « Depuis des siècles, les 18 confessions habitent ensemble au Liban. Ce n’est pas l’Etat Islamique qui nous séparera aujourd’hui. Nous resterons debout face à eux, veillant à l’amitié entre nous. »
Le 8 septembre, pour la fête de la Nativité de la Vierge Marie, la statue a été inaugurée sur la place du village, réunissant tout le peuple dans la prière, ainsi que les deux évêques Elias Rahal et Simaan Aatallah et le moufti de Baalbeck, le cheikh Khaled Salah. La lecture du récit de l’Annonciation et des sourates du Coran vénérant la Vierge Marie, la Aadra, a été faite.
Ces petits gestes concrets comme celui de Mohammad, Hussein et Michel, ces actes de foi quotidiens et cachés comme celui de Khiria, touchant le cœur de Dieu, ne porteront-ils pas de fruits ? Ne provoqueront-ils pas le miracle de la paix au Moyen-Orient ?
Mohammad, Hussein et Michel
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Merci pour ces nouvelles qui nous donnent un regard d’espérance dans l’absurde. Ah mes amis libanais, je vous reconnais dans votre foi, dans votre audace sans limite. Puissions-nous prendre exemple.
Oui les peuples en guerre ne demandent souvent qu’à se tendre la main : on se souvient des nombreuses scènes de fraternisation entre les tranchées ennemies pendant la guerre de 14.
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