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Marie Heurtin : « La confiance est la clé de tout »

Sorti le 12 novembre 2014, le film de Jean-Pierre Améris, Marie Heurtin (avec Isabelle Carré) n’est pas de ces films hollywoodiens qui attirent spontanément les adolescents. Inspiré d’une histoire vraie de la fin du XIXème siècle en France, ce film ne raconte rien de plus que la réalité, sans effets spéciaux ni romance…

« Ma démarche a toujours été de me documenter, d'aller voir la vie concrète, et je pense que la réalité est infiniment plus riche que ce qu'on en rêve. Jamais je n'aurais inventé qu'une sourde-aveugle monte aux arbres ! », Jean-Pierre Améris.

Promise à l’hospice d’aliénés, Marie Heurtin, sourde-muette-aveugle, née en 1885, doit à l’obstination de son père d’être accueillie chez les Filles de la Sagesse à Larnay. Prise de compassion pour cette enfant, Sœur Marguerite va se donner jusqu’au bout pour ouvrir Marie Heurtin au langage et à la vie. Convaincue que l’âme de Marie n’est pas « racornie » comme le prétend la supérieure, mais n’attend que de trouver la porte pour s’ouvrir et se dilater…

« Sœur Marguerite a vu Marie comme une personne à part entière avec qui il faut entrer en communication, dit le réalisateur. Mais comment faire comprendre à une enfant sourde et aveugle que le monde est langage ? La confiance est la clef de tout. Le sujet profond du film, c'est la rencontre, la relation. Il suffit qu'une personne ne se résigne pas pour que l'étincelle jaillisse et que la vie déborde de possibles. »

La patience, la persévérance et l’amitié, la fermeté et la délicatesse de Sœur Marguerite vont réussir à ouvrir cette porte, et instaurer le lien de la confiance qui rend tout possible. L’enfant sauvage devient alors peu à peu une adolescente heureuse et épanouie.

A Hyères-les-Palmiers, le cinéma Olbia a ouvert une séance spéciale pour les jeunes de l’aumônerie. Si ces adolescents auraient plus spontanément choisi Samba ou Hunger Games parmi les films à l’affiche, ils se sont laissés déroutés… Nous avons recueilli quelques réactions de ces jeunes de 12 à 17 ans, séduits et même souvent émus par ce film :

  • « J’ai appris beaucoup de choses de la langue des signes et sur la perception par les sens. Le film met en relief tout ce que perçoivent nos sens, ce que Marie ne peut pas voir ou entendre (le bruit et le mouvement des feuilles des arbres, un rayon de soleil, etc.) et ce qu’au contraire elle peut toucher, sentir ou goûter (les fruits et légumes, le vent, la neige, etc.). C’est tellement simple et essentiel qu’on passe souvent à côté… »
     
  • « Moi, j’ai été touchée par l’amitié entre Sœur Marguerite et Marie, en particulier par la scène du début quand la sœur la rejoint dans l’arbre (dans son monde finalement) et par le pas de confiance de Marie. »

    « Aujourd’hui, j’ai rencontré une âme… Une âme toute petite, toute fragile, une âme emprisonnée, mais une âme que j’ai vue luire de mille feux à travers les barreaux de sa prison […] Comment communiquer avec cette petite enfermée dans la nuit et le silence ? La petite Marie semble vivre dans un pays étranger… » Sœur Marguerite (dialogue du film)
     

  • « J’ai particulièrement aimé le moment où Marie retrouve ses parents, émus de pouvoir enfin communiquer avec elle. C’est l’expression de 14 ans d’amour non-dit ! »
     
  • « Au début, c’est la sœur qui apprend à Marie, qui se donne, et à la fin c’est Marie qui redonne tout ce qu’elle a reçu, en s’occupant de Sœur Marguerite malade… et plus tard d’autres enfants sourds et aveugles qui seront accueillis chez les Filles de la Sagesse. »
     
  • « J’admire la persévérance et le courage de la sœur, jusqu’au bout. »
     
  • « Pour lui apprendre, la sœur est partie de ce que Marie aimait : c’est son petit couteau de poche apporté de chez elle qui va devenir le premier « support » de l’éducation du langage de Marie. »

Liens : http://www.marieheurtin-lefilm.com/

2 Commentaires

  1. Maarten

    En tant que sourd de naissance, je me suis reconnu dans ce film, en particulier lors de l’apprentissage du langage. Bien que je n’aie pas appris la langue des signes, j’ai dû apprendre à parler, mot après mot. Ce film m’a vraiment ému.