Par le retour de son siège patriarcal en Irak, l’Eglise assyrienne annonce sa volonté de rester et de montrer qu'elle est enracinée dans sa terre.
Mar Gewarges Sliwa
« Alors que les chrétiens d'Irak et de Syrie, forcés à l'exil, sont de plus en plus tentés, voire contraints, de quitter leur terre ancestrale, voilà que l'Église assyrienne d'Orient décide lors de son dernier synode tenu en Irak même, les 17 et 18 septembre derniers, le transfert de son siège patriarcal de Chicago (où il était établi depuis quelques décennies) à Erbil, précisément, au nord de l'Irak.
« Pour succéder à Mar Dinkha IV, décédé le 26 mars dernier, le synode a élu un nouveau patriarche le 18 septembre 2015, Mar Gewarges Sliwa, métropolite d'Irak et de Russie, qui prit le nom de Gewarges III. (…) Sa Sainteté a célébré sa première messe à Bagdad le dimanche 4 octobre et le lendemain, il a rencontré le président du Parlement irakien et le Président de la République qui ont réitéré que les chrétiens d'Irak sont une composante fondamentale et originelle du pays.
Renforcer son enracinement
« Quand on connaît l'histoire, on mesure l'importance du geste concernant le retour du siège patriarcal de l'Église d'Orient à Erbil, capitale de la région du Kurdistan irakien. En effet, cette ville, historique et bénie, fut à un certain moment de l'histoire le siège de l'Église d'Orient. Et ce retour, déclare Mar Gewarges III, "se distingue et s'oppose à cette politique forcée de l'exil et d'immigration dans les barques de la mort, les errements dans la nature et les chemins vers l'exil… Ce retour dépasse les frontières du simple déplacement spatial et géographique. Il s'inscrit comme message de l'Église par lequel elle annonce sa volonté de rester et de montrer qu'elle est enracinée dans sa terre où les premiers apôtres ont vécu et où ses Pères ont été élevés et instruits, et produit des richesses comme saint Ephrem et Mar Narsai, et où le patriarche Mar Shimoun Barsabae et d'autres ont été suppliciés en 341. Cette terre, a donné également des patriarches d'envergure comme Mar Aba et Mar Timothée Ier, premier artisan du dialogue islamo-chrétien il y a de cela 1 200 ans."
« Fort de ces références, le nouveau patriarche appelle donc à protéger cette existence, à renforcer son enracinement et à assurer sa continuité. À ses yeux, cette responsabilité est nationale et internationale et incombe aux autorités respectives. À l'inverse, sa perte serait une pauvreté pour tout le monde. Ce discours est salutaire et nécessite d'être appuyé.
« Les thèmes abordés par Mar Gewarges III se concentrent autour des sujets suivants : le retour du siège patriarcal en Irak ; la sauvegarde de l'existence de l'Église qu'il a qualifiée d'Église "de souffrance et d'espérance, martyre et témoin" ; le terrorisme et ses effets néfastes ; un travail en profondeur sur les origines du terrorisme ; les singularités du christianisme oriental et mésopotamien ; la défense de l'appartenance citoyenne ; l'unité de l'Église dans sa diversité et le dialogue œcuménique (catholiques, orthodoxes…) dans le respect réciproque des particularités théologiques, canoniques, ecclésiales, liturgiques et culturelles ; et l'union des Églises de tradition syriaque. (…)
« À l'adresse des éparchies de la diaspora, il a appelé à la sauvegarde de l'identité, des particularités liturgiques et linguistiques et le maintien du lien avec la mère patrie. Il a renouvelé ces trois données qu'il considère comme "sacrées" auxquelles son Église est attachée : le christianisme, l'assyrianisme et l'appartenance à l'Orient. Il a terminé en priant pour l'Irak, la Syrie et ses deux évêques enlevés, pour la libération des prisonniers assyriens du Khabour, et pour le Liban "des Cèdres et de la civilisation", souhaitant vivement l'élection d'un président de la République. (…) »
Extraits d’un article paru dans le journal L’Orient le jour le 12 octobre 2015