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La clairvoyance de Jean-Luc Mélenchon

Au milieu de la rhétorique actuelle passablement unanime quant à la crise syrienne, certaines voix discordantes s’élèvent. Tout récemment, c’était le cas de Jean-Luc Mélenchon à la chaîne Public Sénat, dont nous voulons ici relever quelques traits. 

  • « Dans une guerre, la première victime, c’est la vérité. » Daesh est méchant en Syrie mais gentil face aux Kurdes. Al Kaida est méchant en Afghanistan et bombardé là-bas, mais gentil en Syrie, parce qu’allié de nos alliés. Les russes bombardent méchamment des civils, mais les saoudiens font sauter gentiment une noce au Yemen.
  • « Toutes les grandes puissances ont les doigts dans ce conflit, ainsi que les principaux financeurs de la région, Qatar, Arabie saoudite, Turquie et Iran (…). C’est une guerre pour détruire des pays qui posent de manière séculaire des problèmes aux monarchies du Golfe ».
  • Que Monsieur Hollande appelle le président syrien vulgairement « Bachar » est un scandale. On ne peut pas fouler aux pieds la légitimité d’un chef d’état, si dictateur qu’il soit ou non. A ce propos, la reprise en chœur du poncif « Monsieur El Assad est responsable du massacre de son peuple » empêche toute solution raisonnable au conflit. On en vient même à caresser l’idée de négocier avec Daesh plutôt que de chercher une voie diplomatique où les circonstances favorables soient réunies pour une éventuelle démission du président.
  • La solution ne peut être que locale. Les russes ont eu l’intelligence de mettre à une même table les acteurs locaux, alors que l’alliance occidentale ne concerne que des pays fort éloignés de la Syrie.
  • Les va-t-en-guerre sont des fous irresponsables. Il faut entendre toutes les déclarations belliqueuses faites du côté occidental quant aux possibles accrochages avec l’aviation russe… Une seule de ces paroles est déjà de trop, quand on sait les possibilités d’embrasement général.

Voilà ce que son collègue de la gauche allemande, Mr. Gysi, ex-président de la fraction « Die Linke » au Bundestag, disait dans son discours d’adieu le mois dernier :

« La guerre fait rage en Syrie depuis 2011. C’est un conflit entre les USA et la Russie. Obama veut renverser Assad, Putin ne le veut pas. Mais qui lutte, au sol, contre l’ « Etat Islamique », l’organisation terroriste la plus terrible au monde ? Les troupes d’Assad et les Kurdes. Mais les Kurdes sont bombardés par la Turquie. Qui est un partenaire de l’OTAN. Qui n’en dit pas un mot. Voilà qui n’est pas acceptable. »

 

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3 Commentaires

  1. Bruno ANEL

    Jean-Marie, je ne suis pas sûr que Jean-Luc Mélanchon soit une référence. Il pointe parfois des choses justes, comme tous les démagogues mais son récent livre Le hareng de Bimarck est un pamphlet anti-germanique pour le moins caricatural. Quant à Gregor Gysi, ancien apparatchik du parti communiste de RDA, je doute de son objectivité.

    1. DC

      Merci Jean-Marie pour cet article. Car c'est bien dans la mesure où M. Jean-Luc Mélanchon pointe parfois des choses juste qu'il peut être une référence. D'ailleurs, lorsqu'il dit des âneries, on n'en fait pas un article. Quant à M. Gysi, c'est justement à cause de son appartenance politique que sa prise de position a marqué les consciences en Allemagne : la droite ne pouvait pas applaudir un ancien membre du SED, quant à la gauche, elle était pétrifiée en entendant ces paroles. Ce qui est intéressant, en politique, c'est justement lorsque des personnes assument leur liberté, prennent leur responsabilité et déclarent que le roi est nu lorsque c'est le cas.

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