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Comment la Croatie a réussi à défendre le mariage contre le totalitarisme médiatique

Interview de Zelika Markic, après son intervention au cours du Family Day, à Rome, le 30 janvier 2016 : « cela a été la bataille de David contre Goliath, et cependant nous avons gagné le référendum. Il n’est pas vrai que lutter ne change rien. »

 Zelika Markic, lors du Family Day, à Rome le 30 janvier 2016

Son intervention, au Cirque Massimo a été l’une des plus applaudies. Zelika Markic, mère de quatre enfants, médecin et journaliste pendant les années de la guerre serbo-croate, est leader du Comité promouvant le référendum contre le mariage homosexuel en Croatie et en Slovénie. Son engagement a conduit à rebattre les cartes d’un débat dont l’issue apparaissait pourtant jouée d’avance. « La raison de tout homme – explique-t-elle au journal Tempi – peut reconnaître comme évident le fait que le mariage est l’unique forme de société naturelle précédant et fondant l’État. Une telle vérité ne peut être contredite que par des motifs politico-idéologiques. Seul le rapport entre l’homme et la femme qui s’unissent de façon stable et duquel naissent des enfants peut garantir la continuité de l’espèce et l’éducation saine de la famille. En effet, lorsque tu te maries, l’État ne te demande pas si tu es tombé amoureux, mais si tu t’engages à être fidèle à ton conjoint et à éduquer les enfants. Pour cela, même si l’homosexualité a été anoblie par certaines sociétés, il ne lui a jamais été donné aucune valeur juridique. »

Malgré la volonté du gouvernement croate de gauche d’introduire le mariage entre les personnes de même sexe, en 2013 vous êtes parvenue non seulement à repousser cette instance, mais aussi à renforcer la Constitution, en établissant que le mariage concerne seulement un homme et une femme. Comment avez-vous réussi ?

La mobilisation a commencé en 2012 quand le gouvernement socialiste chercha à introduire dans toutes les écoles publiques, depuis l’école primaire jusqu’au secondaire, des programmes d’éducation sexuelle, saturés de l’idéologie du gender. Mais, 97 pour cent des enfants de Croatie fréquentant les écoles publiques, de nombreux parents, médecins, psychologues se sont regroupés et ont mobilisé la société civile jusqu’à se présenter devant la Cour Constitutionnelle. Les juges nous ont donné raison en expliquant qu’il fallait respecter les exigences religieuses et philosophiques des parents. Ce qui a joué en notre faveur c’est que ce fut aussi une bataille courageuse menée par un peuple qui, après des années de régime communiste, a immédiatement reconnu les méthodes totalitaires imposées par la pensée unique.

En Italie, c’est surtout le monde catholique qui s’est mobilisé.

La société a besoin de nos valeurs de croyants qui défendent la vérité sur l’homme. Rien n’est imposé ici : il faut même dire que celui qui défend la vérité libère l’homme du mensonge du pouvoir. En ce sens, la présence chrétienne garantit la démocratie. Et puis, comme tout citoyen, le chrétien est appelé à donner sa propre contribution au débat public. Sous une dictature comme celle de notre situation moderne, que je définis comme le totalitarisme du relativisme médiatique, si nous ne parlons pas, nous, de la vérité, si nous ne la rappelons pas, qui peut le faire à notre place ? Nous avons une grande responsabilité.

La majorité des médias soutient l’introduction des soi-disant nouveaux droits. Comment une action culturelle opposée, faite de peu de moyens et à la résonnance limitée peut-elle influencer le débat ?

Pendant la campagne référendaire en Croatie, il a été calculé que 90 pour cent des médias étaient contre le référendum. Pendant trois mois consécutifs, la radio, la télévision, les journaux, ont cherché à le boycotter, en mystifiant la réalité, comme j’ai vu qu’ils avaient essayé de le faire avec le Family Day en Italie. Mais le front référendaire croate, à travers des médias de second ordre, et en organisant des rencontres dans tout le pays, a continué à combattre en montrant le mensonge de l’idéologie du gender d’un point de vue anthropologique, scientifique, religieux. Cela a été la bataille de David contre Goliath, et cependant nous avons gagné le référendum avec presque 70 pour cent des voix. Ce fait a révélé le fossé existant entre le Parlement et les électeurs, et a montré à tous que la politique ne suivait plus le peuple, mais d’autres logiques. Le gouvernement a d’ailleurs perdu les élections suivantes. Face à une telle violation de la démocratie, se taire revient en effet à consentir.

Pourquoi dites-vous cela ? Ne serait-il pas meilleur de trouver un accord, et de chercher un compromis ?

Ce n’est pas moi qui le dis, mais c’est l’expérience de tous les pays qui démontre que c’est une illusion de penser à sauver quelque chose. Tous ceux qui ont accepté un compromis, en donnant une certaine forme de reconnaissance juridique aux couples composés de personnes du même sexe, ont fini, plus ou moins rapidement, à approuver un simili mariage entre les personnes du même sexe. Si nous ne défendons pas l’union stable d’un homme et d’une femme, et que nous permettons de légiférer sur les sentiments, nous contribuons finalement à accroître l’instabilité dans les relations et dans la société.

Qu’est-ce qui a changé en Croatie après le référendum ?

Le président a perdu les élections il y a une année, et récemment, le premier ministre du gouvernement socialiste, qui avait fait tout son possible pour promouvoir les lois en faveur de l’idéologie du gender, n’a pas été réélu. Cela démontre qu’il n’est pas vrai que la lutte ne change rien. Tu peux choisir : ou bien tu restes dans ton fauteuil à te dire que s’opposer est inutile, ou bien tu choisis de prendre tes responsabilités de citoyen et d’affirmer la vérité avec amour et respect. Mais aussi sans timidité ou complexe d’infériorité, parce que, je le répète, les gens ne sont pas stupides et ils ont besoin de la vérité.

Benedetta Frigerio

[Trad. VB]

 

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