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Dossier « charisme » (1) : Qu’est-ce qu’un charisme ?

A l’occasion du 10ème anniversaire de la Pentecôte 2006, durant laquelle s'était déroulé la grande rencontre internationale des mouvements ecclésiaux sur la Place Saint Pierre autour de Benoit XVI ; nous vous proposons une série d’articles sur le thème du charisme. A partir de l’enseignement du magistère, nous essaierons de mieux comprendre cette réalité co-essentielle à l’Eglise[1].

 

Les charismes, dons de l’Esprit pour l’édification de l’Eglise

Pour Saint Paul, le mot charisme (du grec charisma, don gratuit, de charis, grâce), désigne « cette manifestation de l’Esprit donnée à chacun pour l’utilité commune » (1 Co 12,7). 

Le charisme vient donc de Dieu. En tant que tel, il est une dimension constitutive de la vie de l’Eglise : « Parce que le Saint-Esprit réside dans le corps qui est l’Église, dans sa Tête et dans ses membres ; en outre, il édifie l’Église dans la charité, par la Parole de Dieu, les sacrements, les vertus et les charismes »[2]

Les charismes sont donnés dans des circonstances précises pour accompagner le chemin des hommes vers le ciel : « les charismes sont des dons particuliers de l’Esprit Saint impartis aux personnes pour le bien des hommes, pour les nécessités du monde et spécialement pour l’édification de l’Église ». Se distinguant des grâces sacramentelles, il sont donc des grâces spéciales « ordonnées à la grâce sanctifiante, {qui} ont pour but le bien commun de l’Église. Ils sont au service de la charité qui édifie l’Église (cf. 1 Co 12) [3] ».

Dans cette perspective, saint Thomas d’Aquin distingue la sainteté personnelle du charisme reçu au service de l'Eglise : « il faut distinguer deux espèces de grâces. La première unit l’homme lui-même à Dieu. Et la seconde fait qu’un homme aide un autre à se tourner vers Dieu. Cette dernière grâce s’appelle charisme et, concédée à l’homme, elle dépasse et la puissance de sa nature et ses mérites personnels. D’autre part, elle n’est pas donnée pour que celui qui la reçoit y trouve la sainteté mais qu’il coopère à la sainteté d’un autre »[4].

Chiara Lubich, fondatrice des Focolari, avec le pape Jean Paul II

 

Le charisme à l'origine d'une famille spirituelle 

Lorsque on utilise le mot "charisme", on pense spontanément aux qualités et aux dons plus ou moins extraordinaires accordés à une personne, comme les dons de parler en langue, de guérison ou de discernement. 

Mais le charisme ayant pour but l’édification de l’Eglise est surtout celui qui se trouve à l’origine d’une famille spirituelle ou d’une communauté : « Dans la vie religieuse, le charisme indissociable d’une spiritualité est à la fois un don, une intuition apostolique et une manière particulière de vivre ensemble. Chaque famille religieuse a un charisme reçu de son fondateur, qui lui est propre ; c’est son identité[5]

On désignera alors un charisme par son aspect le plus saillant. On parle de la pauvreté des Franciscain ou de l’obéissance des jésuites. Il ne s’agit pas d’une dimension exclusive, mais d’un aspect de l’évangile et de la foi vécu avec un accent certain et qui devient « une manière particulière de vivre ensemble », une façon de vivre l’appartenance au mystère du Christ rédempteur, une participation à une attitude du Christ devant le Père. 

Le père Kentenitch, fondateur du mouvement Schönstadt,
le jour de sa réhabilitation par le pape Paul VI après 20 ans d'exil à Milwaukee aux Etats Unis. 

 

Le charisme d'un mouvement ecclésial

Le charisme unit des personnes en vue d’une mission commune. Il fait donc naître une famille spirituelle qui rend le Christ présent et attirant dans le monde. On nomme mouvement ces réalités surgies dans le sillage de Vatican II qui, sans se limiter à un institut religieux particulier, servent tout particulièrement la sainteté et la mission des laïcs dans le contexte actuel. Ainsi, le pape Jean Paul II explique : « Qu’entend-on aujourd’hui par Mouvement ? Le terme est souvent appliqué à des réalités diverses entre elles, parfois même dans leur configuration canonique. Si, d’un côté, il ne peut certainement pas être exhaustif, ni fixer la richesse des formes suscitées par la créativité vivifiante de l’Esprit du Christ, de l’autre, il indique cependant une réalité ecclésiale concrète à participation majoritairement laïque, un itinéraire de foi et de témoignage chrétien qui fonde sa propre méthode pédagogique sur un charisme précis donné à la personne du fondateur en des circonstances et des modes déterminés »[6]

C’est ce que synthétise Don Giussani, fondateur de Communion et Libération : « Je souligne le caractère existentiel du charisme : il rend plus convaincant, plus persuasif, plus « abordable » le message chrétien de la tradition apostolique. (…) Il s’agit d’un accent qui rend existentielle la proposition de foi. Je dis souvent que le charisme est un aboutissement ultime de l’Incarnation, c’est à dire une modalité particulière à travers laquelle le Fait de Jésus-Christ homme-Dieu me rejoint et, à travers ma personne, il peut rejoindre les autres. Cela se réalise à travers une rencontre humaine. La réalité générée par un don charismatique est l’extrémité la plus périphérique et contingente dans laquelle l’événement du Christ se rend présent. Et pourtant, dans sa précarité, c’est le point le plus important pour la vie d’une personne, qui justement, à travers cet aboutissement éphémère, est rejointe là où elle vit par la grande Présence. En effet, le Christ, comment se communiqua-t-il il y a 2000 ans ? A travers une histoire concrète. Jean et Andrée furent investis par sa présence sur la rive du Jourdain et… ils allèrent et virent où il habitait. Notre mouvement n’est qu’une des nombreuses réalisations de cette méthode »

Don Luigi Giusanni, fondateur de Communion et Libération, avec Jean Paul II

 

C'est en des termes très similaires que Benoît XVI décrivait l'expérience du charisme au cours de la rencontre avec les mouvements écclésiaux et communautés nouvelles en 2006 : « Au cours des siècles, le christianisme a été transmis et s'est diffusé grâce à la nouveauté de vie de personnes et de communautés capables d'apporter un témoignage incisif d'amour, d'unité et de joie. C'est précisément cette force qui a mis tant de personnes en "mouvement" au fil des générations. N'est-ce pas la beauté que la foi a engendrée sur le visage des saints qui a poussé tant d'hommes et de femmes à en suivre les traces? Au fond, cela vaut également pour vous. (…) Aujourd’hui aussi, le Christ continue de faire retentir dans le cœur de nombreuses personnes ce "viens et suis-moi", qui peut décider de leur destin. Cela a lieu normalement à travers le témoignage de ceux qui ont fait une expérience personnelle de la présence du Christ. Sur le visage et dans la parole de ces "créatures nouvelles", sa lumière devient visible et son invitation peut être entendue.[7] »

 

 

Dossier Charisme : 

Article 1 : Qu'est-ce qu'un charisme ?
Article 2 : Le charisme est-il une nouveauté ? 
Article 3 : Pentecôte 2006
Article 4 : Une histoire des Mouvements
Article 5 : La maturité ecclésiale des Mouvements
Article 6 : La Congrégation pour la Doctrine de la Foi se prononce sur les Mouvements
Article 7 : Le lieu théologique des Mouvements 
Article 8 : L'appel pressant du pape Benoît XVI aux évêques
 

 


[1] Message du Saint-Père aux participants au Congrès mondial des Mouvements ecclésiaux, N°5, 27 mai 1998 et Discours de Jean-Paul II aux participants au congrès mondial des Mouvements ecclésiaux, N°4, 30 mai 1998.

[2] Compendium du Catéchisme de l’Eglise Catholique, n° 159.

[3] Catéchisme de L’Église Catholique, n° 800.

[4] http://www.emmanuel.info/la-communaute/quest-ce-quun-charisme/

[5]  http://www.eglise.catholique.fr/glossaire/charisme-et-spiritualite/

[6] Message aux participants au Congrès mondial des Mouvements ecclésiaux et Communautés nouvelles, La documentation catholique 2185, 5 juillet 1998, p.620

[7] Message du Pape Benoît XVI aux participants au II congrès mondial des mouvements ecclésiaux et des communautés nouvelles, 22 mai 2006 (source).

 

 

 

 

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