Home > Fioretti > Cuba : une leçon de vie

Une volontaire nous parle depuis La Havanne, dans le quartier du Points-Coeur épargné par l'ouragan Irma. 

Points-Coeur de Cuba, retour de la plage pour l'anniversaire de M.

 

Buenos días ! L’automne arrive ! Les feuilles doivent tomber chez vous tandis qu’ici, la pluie rafraîchit un petit peu l’atmosphère et les cœurs après le passage d’Irma.

Pour vous donner quelques nouvelles, fort heureusement notre quartier a été épargné. L’eau et l’électricité ont été un peu caractérielles pendant quelques jours, mais rien de bien méchant en comparaison d’autres provinces où les maisons ont été détruites, les plantations maraîchères saccagées. Nombreux sont les Cubains qui ont tout perdu et doivent repartir de zéro. Je les confie à vos pensées et prières.

« Devant cela j’ai deux solutions : soit je m’apitoie sur moi, me plains de ce que je n’ai pas et rêve de ce que je pourrais avoir, soit je regarde ce que j’ai, tout en étant reconnaissante et réfléchissant à ce que je pourrais faire. » Yilliam (une des mes nombreuses mamans cubaines)

Les Cubains possèdent un nombre incalculable de qualités… mais, pour en citer quelques-unes, je vous dirais l’imagination, l’autodérision, le courage, la dignité.

Imagination car Cuba est le pays spécialiste en la matière. Comme cela n’est pas simple de trouver certains matériaux et aliments, il faut bien inventer ! Je vous assure que, de temps en temps, je m’arrête dans la rue juste pour contempler et essayer de comprendre comment est-il possible de créer une telle chose. Par exemple, une tondeuse ou un solex avec le tambour d’anciennes machines à laver ou des plats différents avec les mêmes ingrédients, une balle de base-ball avec une paire de chaussettes… La liste est longue et j’ai encore plein de choses à vous raconter, donc je m’arrêterai là ! Ce qui m’impressionne à chaque fois, c’est cette faculté que les Cubains ont de ne pas s’apitoyer sur eux, mais plutôt de voir ce qu’ils peuvent faire avec ce qu’ils ont.

Guillemette en mission.
 

Comme le dit Yilliam, soit tu vis dans un rêve et te déconnecte de la réalité, soit tu t’inscris dans le présent et agit en conséquence. Et c’est ici que des trésors naissent, que des talents peuvent se révéler, que la beauté est mise en valeur… Un exemple concret est celui de la Habana Vieja (quartier touristique) : oui, il y a de magnifiques places et une architecture incroyable car bien cosmopolite. Mais, si vous prenez une petite rue, vous vous retrouvez dans un tout autre univers : des fils électriques qui pendent dans tous les sens, des vêtements et draps qui sèchent sur les balcons avec le risque de s’envoler, des immeubles qui tiennent par l’opération du Saint-Esprit, dont certains qui ne sont que des débris… Oui, lorsque vous passez, vous pouvez vous dire qu’ils n’ont rien. Mais lorsque vous regardez un petit peu plus, vous vous rendez compte qu’il y réside une certaine beauté ! Celle de voir des arbres pousser dans les immeubles, des artistes dessiner sur les murs qui ne ressemblent plus à rien, des façades de maisons de toutes les couleurs, des enfants courir dans tous les sens et jouer comme des fous avec une simple balle ou ce qui peut en faire office, des Cubains assis devant leurs maisons à crier et rire avec le voisin d’en face… Ici, s’inscrit une beauté profonde : celle de la continuité de la vie.

Au passage d’Irma, une grande partie du pays a été privé d’électricité. C’est impressionnant un quartier, une ville sans lumière, sans musique. Cela peut presque donner une apparence apocalyptique… alors que c’est bien le contraire. Les Cubains se réunissaient le soir en famille, entre amis. De la maison, nous pouvions les entendre rire, dîner ensemble, les enfants jouer dans la rue jusqu’à ce que la lumière du jour disparaisse…

La communauté du Point-Coeur de La Havanne.
 

Comme nous n’avions plus d’électricité, nous avons fait une grande opération « vidage de frigo », et avons invité des amis à dîner, le tout à la lumière des bougies, se racontant des histoires, jouant… Quelle fécondité au cœur de cette situation ! Celle d’être ensemble et de partager.

Mais, pour autant, aucune souffrance, aucune difficulté n’était niée, mise de côté ! Tout cela était bien présent et les Cubains restaient préoccupés. Mais cela n’a en rien anesthésié le temps. Bien au contraire, les amis ont redoublé d’énergie. Après l’ouragan, nombreux sont ceux qui nous ont appelés pour prendre de nos nouvelles, nous proposer de l’aide, ou bien encore lorsqu’ils avaient trouvé telle ou telle chose. Chacun ne restait pas avec ses difficultés, mais ouvrait ses portes pour, soit demander de l’aide, soit partager avec les autres.

Quel exemple de courage ! Quelle humilité de voir des personnes demander de l’aide, quelle espérance face à cette solidarité et générosité toujours aussi simple et gratuite !

Guillemette ESPARBÈS, Lettre n°6, le 30 septembre2017 
Point-Cœur Saint-José-Lopez, La Havane (Cuba)​​​
 
 
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