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Comprendre la génération « Y » ou Millenium

Simon Sinek conférencier très populaire aux USA, a étudié l’anthropologie. Il s’intéresse à la personne humaine. Son sujet de prédilection : la crise que traverse la génération des personnes nées après 1984, appelée la génération « Millenials » et « post-Millenials », aujourd’hui le groupe social le plus important et le plus actif.

Cette crise est liée à ce sentiment général de perte de repères de la société postmoderne. Qu’est-ce que la personne humaine dans un monde de l’entreprise caractérisé par la concurrence ? La  société occidentale a créé un monde dans lequel le sujet accompli est un individu qui s’occupe d’abord de lui-même, travaille beaucoup et consomme beaucoup.

Mais au cours des dernières années, une gigantesque crise humaine s’est peu à peu installée sur cette machine à argent qu’est le lieu de travail. Simon Sinek parle dans ses interventions de la peur qui domine chez les employés, du manque de sens et de perspectives particulièrement ressenti par les jeunes.

Il décrit le profil de la personne âgée de 20 ans ou plus comme quelqu’un qui exige des droits, ne veut pas faire d’efforts et veut obtenir de grands succès – immédiatement ! L’impatience semble être le sentiment dominant de notre temps. Or certaines valeurs exigent du temps, de l’engagement et des efforts. L’une de ces valeurs est justement l’épanouissement professionnel – la satisfaction. On peut rarement atteindre les sommets avec un ascenseur, il faut le plus souvent prendre les escaliers. Mais surtout, et c’est certainement le plus difficile, on ne peut le faire qu’en relation avec les autres. Nous ne réussirons pas seuls, comme le montre l’éducation libérale qui mène irrémédiablement à l’égoïsme et à la fermeture.

Nous devons de plus trouver un équilibre entre la vie et la technologie qui a envahi la vie quotidienne de beaucoup de jeunes. Sinek cite des études qui montrent à quel point l’utilisation abusive du temps d’écran et des médias sociaux est pernicieuse. Un jeune homme, lors du passage de l’adolescence à l’âge adulte, éprouve beaucoup de stress – définition de son identité, sentiment de sa valeur, réponse aux défis du monde extérieur. Il cherchera alors en lui-même ce qui l’aidera à gérer ce nouveau stress. Or rappelons que c’est à cette même période de la vie que des habitudes et inclinations se prennent pour la vie entière.

L’alcool, les stimulants et le jeu donnent un sentiment de soulagement immédiat, car juste après usage, la dopamine,  un composé chimique qui réduit le stress, agit dans le cerveau humain. S’il est vrai que ces sources sont interdites aux mineurs dans la plupart des pays, et que des campagnes mettent en garde les parents et les jeunes contre leurs effets, il n’existe pourtant aucune mesure d’interdiction ou de restriction contre  l’abus des médias sociaux et appareils électroniques – alors que leur utilisation abusive a exactement le même effet que les stimulants mentionnés auparavant. Le jeune se tourne vers l’écran du smartphone plutôt que vers l’autre, il dit de plus en plus qu’il a des « friends », mais il ne peut pas compter sur eux dans les moments difficiles, ce sont plutôt des connaissances avec qui passer des moments sur une base intéressée.

Les statistiques font de plus en plus état de jeunes souffrant de dépression, de lycéens apportant aux éducateurs des certificats médicaux en raison de troubles émotionnels et mentaux. Le nombre de suicides augmente. Ce sont là les conséquences les plus tragiques, mais combien de personnes subissent le fardeau de la solitude et le manque de sens au quotidien ?
À la recherche des causes de cette crise humaine, nous pouvons voir que, mise à part la culture ambiante qui a créé les conditions d’une telle existence, l’éducation a également joué un grand rôle. Les parents de la génération Millennium ont voulu donner à leurs enfants ce qu’ils n’avaient pas reçu, ont décidé d’avoir moins d’enfants pour leur assurer un meilleur départ dans la vie. En même temps, ils n’ont pas exigé d’eux, les confirmant dans le sentiment d’être uniques et d’être les meilleurs… même s’ils n’ont pas donné le meilleur d’eux-mêmes. Un exemple de ceci est la récompense dans les compétitions sportives : beaucoup d’enfants qui participent voudraient gagner, et malgré leur échec reçoivent une médaille pour la dernière place. Ceci éveille en eux une aigreur, un sentiment contradictoire, conscient que pour la même médaille quelqu’un d’autre a investi tous ses efforts.

Mais alors, si ni les parents, ni l’environnement le plus proche n’ont su créer les conditions pour qu’un jeune grandisse, qui peut sauver cette situation ? Sinek, qui travaille pour de grandes entreprises et sociétés, prétend que ce sont justement elles qui peuvent et devraient réagir. Cela peut paraître absurde, parce que dans la compréhension de nombreux entrepreneurs, l’entreprise doit se concentrer sur les marges, la course et la victoire sur toute concurrence. Cependant, Sinek, inspiré par de grands entrepreneurs comme Bob Chapman et la philosophie de plusieurs entreprises de premier plan, souligne l’importance d’un bon leadership et d’une vision plus large de l’homme. Dans son discours pour TEDx, Chapman parle de la nécessité pour chaque employé d’être satisfait au travail et de sentir que ce qu’il fait est important. Au lieu de traiter les gens comme un objet dans une masse facilement substituable, il regarde chacun séparément et compare le leadership à la paternité. Sinek fait le parallèle avec un père qui ne veut pas que son enfant gaspille ses talents, mais le conduit patiemment et avec persistance à réussir. Il continue en blaguant : « Quand votre enfant ne va pas à l’école et a des problèmes de comportement, vous ne le menacez pas de l’envoyer à l’orphelinat. » Cette approche ouvre un espace pour le développement, réduit la peur et donne des ailes pour agir. Chapman dit que grâce à cela, ses employés peuvent rentrer à la maison avec le sentiment qu’ils font quelque chose qui compte, grâce à quoi il peuvent être de meilleurs conjoints et de meilleurs parents.

Il n’est pas besoin cependant de tout attendre des leaders comme s’ils étaient la nouvelle planche de salut. Sinek parle aussi d’exemples très simples qui remettent l’homme au centre dans la vie quotidienne. Le téléphone éteint pendant les réunions pour mettre fin au « face up, face down – i don’t care ». La mise en place de relations de confiance au travail, en s’intéressant par exemple à la raison de l’absence de la collègue de l’autre côté du  muret de l’open space, qui a pris deux jours de congé. Peut-être que sa maman est malade ? Comment se sent-elle ?

Sinek souligne que les grandes entreprises comme Apple, en intelligence avec ses employés, renoncent peu à peu à la course et à la compétition, se concentrant sur le fait d’être meilleurs en vue du but qu’est leur produit. Car la compétition suppose la victoire, et la victoire suppose que la course se terminera un jour.

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