A l’aise aussi bien à l’opéra de Vienne que dans les bars gitans, Concha Buika, compositeur-interprète, est souvent appelée la Voix de la liberté. Une artiste à découvrir.
Concha Buika est née en Espagne, dans l’île de Palma de Mallorque, en 1972. Ses parents, exilés politiques de Guinée Equatoriale, ont trouvé refuge dans ce quartier pauvre de gitans et de marginaux où peu à peu les cris et la musique des rues la façonnent et donne à sa voix métissée ce mélange envoutant de passion pour la vie, de nostalgie et de liberté.
Elle chante du Flamenco, des Coplas andalouses, mais aussi de la Soul, du Funky et du Jazz. Pour composer, elle s’imprègne de l’air ambiant, de la souffrance des voisins, des tensions inter ethniques et communautaires pour en faire une symphonie qui résonne comme un cri, comme une prière. Qu’elle interprète en français Ne me quittes pas de Jacques Brel, ou la version espagnole de La Bohème de Charles Aznavour et Jacques Plante, qu’elle chante avec Seal, avec Luz Casal ou avec un orchestre symphonique à Vienne une de ses compositions, Siboney, Concha Buika est toujours cette femme vraie toute entière dans son chant.
Au cours d’une interview, un journaliste colombien, Antonio Morales, lui demande ce qu’elle pense des mauvais traitements qu’infligent les espagnols aux immigrés clandestins. Elle lui rétorque : « L’Espagne est un des pays les plus tolérants et je pense qu’on ne doit pas croire les idées des autres. Quels espagnols font cela ? Mon amie Maria-Antonia ?… ». Elle sait aussi que les prêtres espagnols ont effacé les noms de ses ancêtres en les baptisant au cours de la colonisation de la Guinée. Elle porte ces noms tatoués sur les bras, dont le sien, Kitailo, est hérité de sa grand-mère. Mais elle le dit ainsi, sans rancoeur.
C’est de la même manière qu’elle évoque son père, un révolutionnaire qui voulait imposer la justice par la force et qui abandonna la famille alors qu’elle avait neuf ans. De son côté, elle ne fait pas de militantisme et ne cherche pas à dénoncer les injustices qu’elle a pu voir et vivre dans les quartiers mal-famés de Mallorque ou de Las Vegas où elle commence à chanter en survivant avec des petits métiers. Elle semble avoir un coeur si libre qu’elle accueille la réalité telle quelle est, sans l’utiliser comme un prétexte pour se plaindre ou en concevoir de l’amertume.
Depuis son premier CD, Mestizüo (2000), elle collectionne les prix et les succès, mais elle reste cette femme libre et vraie qui répète à loisir qu’elle n’est pas une théorie sur l’être, qu’elle n’est que ce qu’elle est, une femme qui chante ce qu’elle vit, simplement. Sans regard sur elle même, elle refuse d’écouter ses propres CD, elle est totalement donnée dans son chant, comme en témoignent ses improvisations dont elle ravit son public. C’est par cette transparence qu’elle laisse apparaître ce qu’on pourrait nommer une vérité objective du coeur.
Merci pour cet article magnifique et pour cette chanson, Oro Santo, interprétée avec un très grand guitariste, dont les paroles sont extraordinnaires :
En la penumbra
De esta noche divina y prieta
Sobre la tundra
Que puebla mi alma siempre despierta
Se oye un lamento como preludio de las horas muertas
Horas que pasan con la agonía de una muerte lenta
Vuelve el silencio a vestirme de oro mi santo
Vuelve el recuerdo de mis abuelas a hacerme fuerte en la espera
Vuelven los discos que me enseñaron a adorar la música
Volvió mi padre después de veinte años
Ay si tu volvieras
Si tu volvieras te vestiría de oro mi santo
Callaría las cosas para que tu puedas oír mi canto desesperado
Sí tu volvieras te vestiría de oro mi santo
Callaría las cosas para que pudieras oír mi canto desesperado
Si tu volvieras te vestiría de oro mi santo
Callaría las cosas para que pudieras oír mi canto desesperado
Si tu volvieras te vestiría de oro mi santo
Que se pare el mundo para que tu puedas oír mi canto desesperado
Paroliers : Buika Maria Concepcion Balboa / Francisco Javier Lopez Limon
Paroles de Oro Santo © BMG Rights Management US, LLC