« Enrique est parti doucement aujourd’hui à 7h15 dans mes bras. » C’est par ce message qu’Inès Cassagne annonça le 9 septembre dernier, le décès de son époux et compagnon de vie depuis 60 ans, Enrique. Il venait de vivre une longue maladie de 9 mois, longue épreuve mais aussi chemin d’union au Christ pour le couple.
Enrique Cassagne est né en 1930 à Buenos Aires, où il étudia la philosophie. Marié à Inès, ils eurent 9 enfants. Ingénieur de métier, il était avant tout philosophe et théologien par vocation. Avec son épouse Inès, il a fait partie du cercle le plus intime des disciples et amis du Docteur Emilio Komar, dès les années 50.
Il dédia beaucoup de temps à l’étude et à l’enseignement de grands penseurs chrétiens du 20ème siècle, et de manière très spéciale à Romano Guardini, dont il était le plus grand connaisseur en Amérique Latine. Il enseigna notamment la “ Vision chrétienne du monde selon Romano Guardini ” au séminaire de La Plata. Il donna de nombreux thèmes « Guardiniens » dans des Monastères Bénédictins et à la Fondation Komar. Il traduisit lui-même des œuvres de Guardini et de Josef Pieper, directement de l’allemand. Il enseignait également l’éthique en maîtrise de psychiatrie et en maîtrise de droit administratif à l’Université Catholique d’Argentine.
Ce sont quelques passages du livre Le Seigneur de cet ami de toujours, Guardini, qui continuaient d’alimenter les journées d’Enrique, au commencement de sa maladie. Perdant de plus en plus ses forces car nourri seulement par sonde gastrique, il n’omettait pourtant pas de conseiller de bonnes lectures à ceux qui venaient le visiter, en disant : « J’ai pensé à vous. Vous devriez lire ce livre ou étudier tel auteur ». Pouvoir répondre aux besoins des autres, depuis son lit orthopédique d’où il ne pouvait pratiquement plus se lever, reflétait bien son souci de continuer sa mission de transmettre, d’encourager, de former. Les dernières semaines, Enrique perdit la voix, et ne pouvait plus s’exprimer. Tout cela fut vécu dans un grand abandon et une grande remise de soi au Christ, aux côtés de son épouse très présente, qui fut premier témoin privilégié du don de son époux jusqu’à la fin. Après toute une vie de recherche et d’enseignement du vrai, du bon et du beau, ils surent reconnaître la Présence divine dans chaque instant de ces longs mois, jusqu’au dernier moment de ce dimanche 9 septembre au matin, jour du Seigneur, où il lui fut donné de contempler le visage de Celui qui était venu le chercher.
Un grand merci à Enrique pour sa vie toute donnée, pour sa passion pour la verité et pour son amour profond pour l`Eglise qu`il a servi toute sa vie.
Sr Leticia
Il est mort sans aucune plainte. À l'hôpital militar de Buenos Aires il était appelé "el Santito".