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Le Kumbha Mela, le plus grand pèlerinage du monde

Le 4 mars dans la nuit s’achevait ce qui est devenu un des plus grands rassemblements humains jam ais vus – il sera prochainement enregistré au Guinness des Records. Depuis le 15 janvier en effet, on estime à 130 millions le nombre de pèlerins qui ont convergé vers Prayag, une ville du Nord de l’Inde pour y accomplir le bain rituel à l’occasion du festival du Kumbha Mela.

Photo : Metrosaga

Ce pèlerinage trouve son origine dans un récit mythologique où il est raconté qu’un jour les dieux en baratant le lait sacré de la mer de lait (le lait est symbole du divin) avaient obtenu « Amrita », l’elixir d’immortalité. Les démons le convoitaient et s’emparèrent de la cruche contenant le précieux nectar. Le dieu Vishnou cependant le leur subtilisa et alors qu’il l’emmenait à l’abri dans les hauteurs célestes, 4 gouttes tombèrent sur la terre, en 4 lieux où se trouvent le fleuve sacré du Gange Et ou un de ses affluents.

Le Kumbha Mela (« fête de la cruche ») se tient tous les 12 ans, en souvenir des 12 jours célestes pendant lesquels les devas (divinités bonnes) ont combattu les démons. Il se déroulera  de manière alternée entre les 4 lieux, Prayag étant l’un d’entre eux. Durant les 45 jours que dure le festival, les eaux du fleuve deviennent pour les pèlerins le précieux Amrita qui offre à ceux qui se baignent bénédiction et pardon des péchés.

Le Kumbha Mela est donc intimement lié au Gange et au mystère de ce fleuve qui coule des hauteurs de l’Himalaya et qui symbolise le don de la vie et de la grâce – don qui fut obtenu à la prière de Shiva, représenté comme un ermite en contemplation.

Photo : The Asian Chronicle

L’Inde a conservé ce sens des gestes sacrés et liés à la vie : se baigner, manger (la nourriture c’est la vie), voir (le darshan), toucher. On rencontre le divin à travers des choses en lesquelles il se rend présent : l’eau du Gangétique , les cendres, le feu, l’encens, ou une simple pierre que l’on vénère. Tous ces gestes témoignent du besoin de l’homme d’entrer en relation avec l’Absolu à travers son corps, à travers des gestes bien concrets. Le divin est découvert non pas dans un Ciel lointain mais plutôt au fond de toute chose, dans le mystère de leur existence même.

Depuis quelques années on constate en Inde un engouement renouvelé pour les pèlerinages comme en témoignent les immenses foules rassemblées à Prayag durant 45 jours. L’Inde est plus que jamais religieuse même si les formes de sa religiosité évoluent. La religion concerne tout autant les jeunes que les plus âgés. Au fond des villages reculés et au cœur des villes des jeunes construisent des petites temples multicolores ou dressent des statues d’Anuman, le dieu singe ou de Shiva l’ascète des Himalayas. Parfois la religion prend une dimension politique mais elle demeure comme quelque chose qui jaillit du cœur de l’Inde.

On peut enfin constater que cette ferveur religieuse dépasse les barrières des castes et des groupes sociaux et même des religions puisqu’on retrouve des phénomènes similaires chez les chrétiens et les musulmans indiens qui ont aussi leurs pèlerinages comme celui auprès de la Bienheureuse Vierge Marie à Velankanni qui attire lui aussi des foules de plus en plus nombreuses.

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