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Suite de la 3ème lettre d’Hermine Pillet, datée du 12 juillet 2019, en mission au Point-Cœur Saint Nicolas de Deva, Roumanie.

De petites fleurs sur un tas de fumier

Je suis venue ici pour chercher Dieu, pour le rencontrer, le connaître et l’aimer davantage. Je l’ai rencontré à travers ces personnes dont la vie rayonne au milieu des ténèbres. Des personnes qui ressemblent à de petites fleurs qui grandissent sur un tas de fumier. Un rayonnement de joie, de tendresse et d’espérance pour ceux qui les entourent.

Il y a Armando, dont je vous ai déjà parlé. Un petit garçon dont la douceur et la bienveillance contrastent avec la dureté dans laquelle il a grandi. Il y a quelques jours, nous sommes allées passer l’après-midi devant la gare, là où lui, sa famille et beaucoup d’autres enfants d’un quartier tzigane particulièrement pauvre et violent, passent généralement la journée. Lorsqu’il nous a aperçu, Armando est venu vers nous et nous a prises par la main pour nous conduire à l’ombre d’un arbre, où, assis sur un vieux matelas défoncé, parents et enfants s’abritaient de la chaleur du jour. Puis, il a tenu à nous présenter chacun, avant de proposer aux enfants de venir jouer avec nous. Et durant tout l’après-midi, il fut attentif à nous. Attentif à ce que tout le monde puisse jouer. Attentif à ce que personne ne se batte. Attentif au bonheur de chacun. Lui qui est souvent moqué ou insulté pour sa gentillesse, par les autres garçons de son âge, n’a pas hésité à nous proposer, avant que nous partions, de dire ensemble un Notre Père. « Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. » (Mt 5,9)

Il y a aussi Bianca, une jeune tzigane de dix-neuf ans, mariée déjà, qui vit au milieu d’une famille où adultes comme enfants passent leur temps à se battre, parfois pour rire, souvent pour de vrai. Une famille où les cris bruyants des plus petits et les disputes des plus grands laissent peu de place au calme. Et pourtant, Bianca, elle, distille chaque fois un peu de ce calme qui manque cruellement autour d’elle. Son sourire franc, son regard doux, sa tendresse maternelle, sont un véritable réconfort au cœur de cette agitation incessante. Lorsque nous venons en visite, elle nous trouve toujours un endroit où nous asseoir, dispose sur une petite table des fruits ou une part de gâteau et nous apporte à chacune un verre d’eau. Ensuite, elle prend soin de décoller chacun des petits enfants qui se sont jetés sur nos genoux ou qui essayent de grimper sur nos épaules, pour les asseoir sagement auprès de nous. Puis, elle nous
demande comment nous allons, ce que nous avons cuisiné, comment vont nos familles. Et si l’une d’entre nous n’est pas là, elle s’empresse de demander de ses nouvelles. « Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage. » (Mt 5,5)

Il y en a beaucoup d’autres. Chacun renferme un trésor qu’il est bon d’avoir le temps de découvrir. La joie qui me semblait cachée lorsque je suis arrivée, se dévoile peu à peu. Finalement, il fallait juste apprendre à ouvrir les yeux !

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