Je regarde et je vois
un arbre s’élever
dans le souffle plénier
d’une heure incandescente ;
deux mésanges soulèvent
au bruissement de la clarté
mon œil épris de feux tranquilles.
Toute chose embrassée
depuis l’éternité
je vais dilapider
un tribut de louange.
Et l’océan reluit
depuis l’éternité
à hauteur de main
qui se tend.
Ainsi, je vois toutes les choses
comme posées dans la lumière
et j’entends frissonner
tout un feuillage plein de joie.
C’est une frange religieuse
à ce côté offert des choses
c’est un sourire amoncelé
dans l’épaisseur de jours qui vont.
Et je ne sais pourquoi
cette joie monte par le monde
en ce cœur donné là
et qui est tout avec le monde
et tout est simple comme un jour.
Ce texte inédit de Denis Cardinaux est extrait d’un long poème en 15 chapitres écrit au Chili entre mars et mai 2011 à paraître prochainement. Sorte d’art poétique dont le centre invisible serait l’Assentiment à toute chose, l’ouvrage se veut suggestif d’une présence qu’on pourrait dire mariale. Le poème ici présenté est en réalité la point culminant d’un long chemin de Croix où la Passion du Christ s’entremêle avec la vie d’un quartier de Valparaiso. Crucifixion symbolique dont les éléments s’organisent visuellement selon les codes de l’iconographie, l’extrait ici présenté est aussi une exaltation de la Gloire dans le présent d’une contemplation immédiatement saisissable. Denis Cardinaux (1979- ) vient de publier Espérir (2019) au Editions Chôra, un premier recueil regroupant des poèmes écrits entre 2003 et 2008 dont TdC a publié une recension. Paris, Almaty, Santiago, Valparaiso, Berlin, Vienne, une vie d’engagement inspire une poésie profonde qui fait le vœu de rester « à hauteur de main qui se tend ».