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L´Avent : aurore précédant le jour

Voici venu l’Avent, temps de pénitence, tissé de vives et sombres couleurs, à l´image de tout être humain au cours de son pénible et long voyage vers la Parousie, l’avent final du Seigneur des Armées, l’incroyable Amoureux. L´Avent, c’est le temps de l’attente, c’est l’aube qui précède le jour. Combien de générations n´ont-elles pas attendu dans l´obscurité le Rédempteur à venir ? Celui qu’avait promis le Père.

 

 

L’Avent qui dure peu, annonce pourtant un long cheminement pour l´âme qui va de Nazareth à Bethléem bien que, vu de chez nous, la distance semble insignifiante. Cependant, c’est la route vers l’infini, vers l’éternité, qui a un commencement mais pas de fin. En fait, l’avent est, dans la vie spirituelle, le chemin qu´il nous faut suivre si nous voulons aller au Paradis et pour ne pas nous égarer, c’est de là que s’impose le départ. Il faut commencer par un fiat qui fait écho à celui de Marie, un fiat que nous devrions tous dire à la chapelle, dans la sérénité, un soir de préférence quand tout se tait.

Je suis assise paisiblement chez moi dans ma cabane Sainte-Catherine, le silence y est total seulement interrompu de temps à autre par le sifflement aigu du ventilateur du poêle à pétrole. De jour en jour, je prends une conscience plus aiguë de l’inéluctable nécessité où nous sommes de faire écho au fiat de Notre-Dame si nous voulons éviter que l’Apostolat ne stagne, au mieux se traîne, au lieu d’avancer comme Dieu le voulait, avec les pas de géant de l’amour.

Il y a des nuits pendant lesquelles le mot fiat résonne dans mon cerveau fatigué comme si des millions de marteaux frappaient des gongs de cuivre. Alors, je me demande : « Ai-je moi-même bien dit ce fiat, sans réserve et irrévocablement ? » Et si oui, comment dois-je m’y prendre pour vous enseigner à le faire aussi ? Et de doutes quant à mon propre fiat me plongent dans l’obscurité. Je me dis que vous hésitez à faire écho au fiat de Marie parce que je suis pour vous un trop piètre exemple. Je ne juge ni les motifs ni les intentions de l’un ou de l’autre de mes enfants spirituels, mais je ne peux me fermer les yeux sur les fruits qui en résultent.

Mes bien-aimés, je ne veux ni censurer, ni critiquer, ni corriger, ni même faire la leçon.  Mais je vous supplie, prosternée à vos pieds dans la poussière, de regarder en face, pendant ce temps béni, la venue de l’amour. Essayez de réaliser, même vaguement, que c’est l’Amour, l’Amour en personne, c´est-à-dire Dieu, mort pour vous et pour moi, qui vient un fois encore nous prouver son amour…

Alors, levons-nous, frottons-nous les yeux pour en chasser le sommeil, celui de notre émotivité incontrôlée, de l’indifférence, de la tiédeur, de l’apitoiement sur nous-mêmes et de la résistance à Dieu. Réveillons-nous, oublions ces sombres cauchemars et mettons-nous en route pour Bethléem. Mais comprenons bien que, maintenant, Bethléem c’est notre âme, notre cœur, notre esprit. Quel genre de crèche, vous et moi, allons-nous offrir à l´Enfant-Dieu ? La paille en est-elle propre et d’une couleur dorée ? La mangeoire est-elle assez solide pour supporter le poids de l’Enfant ? Les animaux sont-ils calmes, bien étrillés et brossés ? Avons-nous suffisamment colmaté les portes de l’étable c’est-à-dire de notre cœur, pour que ne puisse y souffler le vent glacial de la paresse, de l’égoïsme et de l’indifférence ? Le bois sec de nos sacrifices, de nos pénitences, de nos prières est-ils prêt à s’enflammer pour réchauffer cette froide étable ?

J’essaye de vous parler de l’Avent, de partager mes pensées avec vous, mais les mots me manquent. Comment peut-on plaider pour qu’une consacrée le soit davantage ? Comment enseigne-t-on à l’épouse du Christ de l’aimer avec tous ceux pour lesquels il est mort ? Comment chantons-nous la venue de l’Amour parmi nous ? Comment expliquer un petit mot comme fiat, un mot qui donnerait la joie à une maison qui l’a perdue s’il était prononcé de tout cœur ?

Mes bien-aimés dans le Christ, je crois inutile d’en dire plus car il n’y a rien que je ressente davantage que ma lamentable pauvreté. J’ai l’impression d’avoir épuisé tout mon vocabulaire. Lorsque je me regarde, je me demande ce que je peux encore avoir à donner et si j´ai même eu en ma possession quelques choses à donner ? Tout ce que je peux faire, c´est de supplier le Christ de vous réveiller, de chasser le sommeil de vos yeux, de vous mettre en état de prendre la route qui va de Nazareth à Bethléem, de vous faire comprendre la profonde signification de ce fiat et de vous amener à Lui, l’Enfant-Dieu.

L’Avent, c´est la venue de l’Amour. Voyez-le arriver dans le sein d´une femme. C’est sur la paille d’une étable que vous percevrez d’abord l’Amour. Dépouillé de Lui-même, le Seigneur des Armées se fait enfant par amour et nous, pauvres comme nous sommes, nous nous accrochons à nos haillons comme s’ils étaient des diamants.

Je vais supplier le Seigneur de vous apprendre à dire fiat parce que je ne puis vraiment faire autre chose. Que le Seigneur trouve chez vous un coin bien chaud pour y reposer la nuit de Noël. Il en reste si peu en ce monde…

 

Catherine de Hueck Doherty, « Mes bien-aimés » , Èditions du serviteur,  P.193-196

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