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Dès l’instant où l’Esprit est promis, il faut l’attendre

Tout commence par une promesse indistincte de l’Esprit ; un manque de paix, mais aussi une exigence à être prêt, dans ce manque de paix, à écarter tout ce qui est purement humain. Et l’on ne doit pas avoir peur mais accueillir toute chose comme elle se montre. La disponibilité dans ce manque de paix embrasse un oui et un non : il faut dire oui à ce que l’Esprit ratifie et non à ce qu’il exclut. Si l’Esprit est promis, il se peut qu’il veuille travailler de concert avec moi, ce qui requiert donc que j’aille à sa rencontre avec attente.

Mettons que je doive faire une conférence et que l’Esprit m’inspirera les idées fondamentales, me laissant toutefois la tâche de mettre le tout au point, alors je devrai me tenir à son égard dans une adéquation que je ne puis toutefois déterminer. Je ne dois pas avoir peur d’exiger davantage s’il veut donner davantage, ou de moins recevoir s’il attend que l’on prenne moins, même s’il y avait encore beaucoup à disposition. L’exigence est la suivante : de la clarté et de la transparence au sein du manque même de clarté sur ce qui viendra. Peut-être que l’Esprit veut inspirer à mon esprit une partie du travail et laisser que mon propre esprit réalise une autre partie de concert avec lui. Déjà dans cette promesse, on doit se liquéfier soi-même totalement, en ne se contentant pas de s’offrir, mais aussi en s’efforçant soi-même de devenir liquide.

 

© Sabina Kuk

 

Dès l’instant où l’Esprit est promis, il faut l’attendre et, dans la mesure où il l’exige, persévérer dans l’attente. Cette attente de l’Esprit peut requérir quelqu’un totalement, ce qui l’amène à créer en lui un creux toujours plus grand pour ce qui est promis. Comme dans une grossesse ou comme le peuple d’Israël qui demeure dans l’attente de la promesse jusqu’au oui de la Mère.

Lorsqu’ensuite vient l’Esprit, il faut lui correspondre. Aller à son encontre aussi loin qu’il l’exige, et par là ne rien connaître de plus important que sa venue. Que nous correspondions, ce n’est pas là l’important ; l’important c’est qu’Il vienne et qu’Il embrasse notre correspondance dans son semper magis. Et cela, Il le fait si nous sommes conscients que sa venue est la seule chose importante. On est purement donné et on Le laisse faire, on ne planifie rien là où Il ne planifie pas, mais on ne recule pas là où Il fait quelque chose et veut que cela soit fait. Laisser-faire n’a rien à voir avec de la passivité puisqu’on met tout ce que l’on possède à la disposition de l’Esprit pour son action. Dans cette interaction, il n’y a jamais rien qui soit une rencontre frontale, un point final, une détermination du niveau, mais seulement une inclusion croissante dans l’Esprit. C’est en vertu de cette inclusion que l’on répond comme il l’attend.

En recevant toujours à nouveau son amour, on reçoit la confirmation que tout est juste. Cette correspondance nous porte d’une manière qui nous donne de l’assurance. C’est un peu comme lorsqu’un ouvrier travaille sur un champ parce que son maître en a décidé ainsi ; il ne connaît pas très bien son maître, ne sait pas où il habite, mais le soir il reçoit son dîner et son logis. Le champ se trouve éventuellement très loin, mais malgré tout on fait ce qui nous correspond. Et il se peut qu’un jour le maître lui-même collabore au travail sur ce même champ. Cette comparaison éclaire quelque chose de plus : dans cette manière de correspondre à l’Esprit, il n’existe pas de nuit spirituelle totale.

Il y a toujours quelque signe d’assurance et de confirmation dans l’Esprit, même au cœur de l’incertitude de ce monde. Mais plus grande est l’exigence et donc notre collaboration, plus la question est seulement de laisser disposer. Cela demande plus d’engagement de ne pas vouloir donner nous-même la réponse, et lorsqu’on se laisse aimer de ne pas aimer en retour selon nos propres règles. Ce n’est pas là un exercice pour débutants.

Une telle action de l’Esprit est toujours liée à une exigence, qui peut aussi n’avoir rien à voir avec le moment présent. Il se peut que l’Esprit suscite chez quelqu’un une oraison plus profonde, une intelligence plus complète, mais sans vouloir d’action précise pour le moment. Néanmoins, il garde une sorte de comptabilité ouverte vis-à-vis de cette personne. C’est comme si un compte m’était ouvert : je peux retirer mais je dois aussi repayer. À présent, c’est la générosité qui règne, mais peut-être que l’heure de la réclamation des crédits prendra une forme qui ne me plaira pas. L’Esprit nous fait don d’une joie pure et veut que nous en jouissions. Mais cela ne l’empêche pas de déposer une exigence dans cette joie : il nous engage. Il ne nous force pas à accueillir sa grâce, par conséquent son exigence non plus. C’est comparable à la croix du Seigneur, qui est à la fois un cadeau et une exigence : en la prenant sur lui, il nous a ouvert le vaste chemin du sacrifice.

Il y a des temps où l’action de l’Esprit peut être en quelque sorte décrite. Mais après, on n’est jamais « rejeté ». Or, c’est le propre de la nature de l’Esprit et de l’exigence qu’elle comporte que dans ce deuxième temps on ait l’obligation, le devoir, la licence, la capacité de tendre vers cette action première. C’est un peu comme une visite que l’on aurait ensuite le devoir, la licence, la capacité de répéter une fois de plus. Car il y a une activité de l’Esprit qui se réalise dans notre Je et qui demeure cependant incomplète dans sa réalisation si les traces de cette activité ne demeurent pas en nous. Ces traces se caractérisent toujours par la licence de demeurer dans l’Esprit. Nous recevons en nous sa marque. Le pendant de cela, c’est qu’il n’y a pas de pires incroyants que ceux qui une fois ont cru et reçu par là le Saint-Esprit.

Adrienne Von Speyr

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