Home > Spiritualité > « L’Église-crèche »: la visitation de Dieu et la visitation de l’être humain

« L’Église-crèche »: la visitation de Dieu et la visitation de l’être humain

« Marie enfanta son fils premier-né. Elle l’emmaillota, et le coucha dans une crèche,

parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie » (Luc 2: 7)

 

Psautier doré de Munich

 

Chaleur, lumière et présence rayonnent même au-delà de la crèche de Bethléem. L’hôte de la crèche réchauffe nos liens avec Son amour, illumine notre vie avec Sa grâce et renforce notre détermination par Sa présence. Jésus soulage nos cœurs parce qu’Il est avec nous, donne du sens à notre espérance et mobilise nos âmes vers la foi, l’amour et la solidarité.

Les premiers jours de l’hôte dans la crèche de Bethléem ont réuni tous les aspects de la condition humaine coincés dans la solitude, la pauvreté, la violence, le dénuement et l’isolement. Cette atmosphère était illuminée par la présence, animée par l’esprit, de Marie et Joseph, serviteurs d’un mystère qui se dévoile lentement; par l’apparition des anges qui louent Celui qu’ils adorent dans le ciel; par la présence pleine d’émerveillement des bergers; et par la prosternation des Rois, prémices de l’adoration fervente que l’humanité offre au Seigneur. De cette façon, se sont formés les débuts d’un évangile dont les anges suivis par les premiers témoins de l’Enfant né dans une crèche ont commencé à annoncer.Aujourd’hui, nos églises sont une crèche au centre du monde. Parmi nous se trouvent Marie, Joseph, les bergers et les mages, et avec eux le nouveau-né qui vient d’en Haut, entouré d’anges terrestres qui le louent. Nos églises se trouvent dans des pays qui vivent des troubles différents, difficiles et douloureux à des degrés divers. Chacun de nous ne cesse de servir de telle manière à ne pas perdre de vue l’étoile qui nous conduit à Bethléem, à ce que nos paroisses soient la crèche qui reçoit le Seigneur, et à ce que notre témoignage porte la bonne nouvelle de Dieu à l’homme, dans toute sa force, sa vitalité, son réalisme, son authenticité et son efficacité.Bien que l’être humain souffre aujourd’hui, il existe cependant de brillants témoignages qui sont nés d’une conscience, d’une compréhension et d’une sensibilité, qui sont le résultat de la souffrance et de la détermination à surmonter la faiblesse, le laxisme, la corruption et la division, et qui portent les germes de la solidarité, de la foi en la vérité, la bonté et l’unité. Ils attendent l’aube de Celui qui est leur source, leur inspirateur et leur bienfaiteur.Je mets tout mon espoir à voir que la souffrance vécue aujourd’hui devienne une crèche, dans laquelle nous voyons la naissance du Rédempteur dans le cœur de ceux qui en ont besoin (et nous en avons tous besoin), et qu’elle soit aussi une opportunité pour nous d’être les témoins qui L’aiment, Le servent et devant Qui nous nous prosternons. Combien j’aspire à ce que la souffrance actuelle soit un point de départ pour que soit révélée la joie à cause de cette double visitation: la visitation du Seigneur à nous et notre visitation à notre prochain!

Dans la fête qui approche, je ne peux m’empêcher de remercier le Seigneur pour toutes ces manifestations de solidarité et de détermination qui se sont manifestées parmi les fidèles des paroisses et des monastères de notre archidiocèse en vue de soulager la douleur de ceux qui souffrent le plus, grâce à leur visitation spirituelle, morale, fraternelle et matérielle envers leur prochain. Je remercie également le Seigneur pour le dialogue constructif que beaucoup de nos jeunes et de nos aînés ont ouvert durant cette gestation que nous vivons au Liban. En fait, ils privilégiaient, au sein de la famille et de la paroisse, le véritable amour sur les divergences dans les affaires publiques qui conduisaient à des attitudes nerveuses et parfois violentes. Ils ont également montré une réponse positive à l’appel de notre Eglise à engager un dialogue fructueux et à encourager une campagne de solidarité en faveur des plus souffrants, au cours de cette dernière période, un espace où le clergé et les paroissiens étaient impliqués, au sein desquels se trouvaient de nombreux jeunes, familles et commissions laïques. Je crois fermement que, de cette manière, nous avons fait un pas ensemble pour renforcer la culture du dialogue et de la solidarité afin d’incarner la visitation divine dans la visitation humaine et notre engagement à servir l’être humain et ses affaires. Ainsi vivons-nous notre foi chrétienne et notre humanité authentique, et consolidons les piliers de la patrie sur la base de «l’Eglise-crèche», lieu de rencontre de Dieu avec l’être humain, lieu de dialogue avec Lui, d’adoration envers Lui et d’union avec Lui.

Je joins mes prières à celles de mon prédécesseur, Son Éminence Métropolite Georges (Khodr), qui ne cesse de prier avec un cœur plongé tout à la fois dans la profondeur de la souffrance et, en même temps, dans la profondeur de la miséricorde de Dieu. Je joins aussi mes prières à celles des pasteurs de nos paroisses et monastères, avec leurs moines et moniales, avec les brebis du Saint troupeau du Christ, et ce en vue du bien de notre Église, de notre pays et du monde entier.

Lettre Pastorale pour Noël 2019 de S.A.R. le Métropolite Orthodoxe Siluan du Mont Liban

Vous aimerez aussi
Une fenêtre sur le Liban
Noël, la crèche, une évidence
Flannery O’Connor: « La grâce nous vient à travers la violence » ( II )
« Lucis Potentia » ou l’image visible d’une vérité invisible

Répondre