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Guido Schäffer, un saint surfeur

« Um santo surfista », c’est le titre du dernier livre [1]Padre R. FIGUEIREDO, un santo surfista, Paulus, Lisboa, août 2017 paru en août 2017 sur Guido Schäffer, un jeune de Rio de Janeiro, médecin et séminariste, mort accidentellement le 1 mai 2009 sur les plages cariocas. Qu’a donc fait ce simple jeune de Rio pour mériter maintenant 4 livres [2]Les trois autres libres sont :  J. de A. BUENO, Guido Schäffer. Apóstolo da Palavra de Deus, Juiz de Fora, 2013; M. AROUCA, O anjo surfista, Leya, Rio de Janeiro, 2013; Padre JORJAO, Guido. … Continue reading sur lui et une cause de béatification [3]Page Web de la cause de béatification : http://www.guidoschaffer.com.br introduite en 2013 à Rome par l’Archevêque de Rio ? 

 

 

Guido est né le 22 mai 1974 dans la ville de Volta Redonda située dans l’Etat de Rio de Janeiro et passera son enfance dans la ville de Rio, plus précisément dans le quartier de Copacabana. Ses parents sont catholiques, d’origine allemande, arrivés au Brésil au XIX siècle. Il a une sœur aînée et un frère cadet. Son père est médecin et sa maman fille de médecin. Ce qui sera sans doute déterminant au moment de choisir ses études : Guido s’orientera donc vers cette belle profession. Il fera d’abord sa scolarité dans un quartier de la zone sud de Rio : le collège Sagrado Coração de Maria puis entrera à la faculté de médecine en 1993 et commencera comme médecin résident en 2001 à la Santa Casa da Misericordia. 

 

 

« Depuis mon enfance j’ai senti que j’avais le goût pour la médecine. C’est né en moi lorsque j’étais petit, en visitant la maison de mes grands-parents. Mon père est médecin, de même était mon grand-père et ma grand-mère avait un oncle médecin ; on dirait que la médecine était dans le sang de la famille. Et ainsi, depuis petit, j’ai grandi avec les malades, avec les visites aux malades » [4]Entrevue dans un santo surfista, op. cit. p. 53

 

 

Il choisit la médecine générale car c’est ce qui lui permet de voir l’homme le plus dans sa globalité. Il ne connaît pas de période de grand rejet de la foi puis de conversion spectaculaire. La relation à Dieu, reçue dans son enfance grandit et s’approfondit plutôt comme une petite semence tranquille au fur et à mesure qu’il prend les grandes décisions de sa vie.

Ce jeune possède une caractéristique de son milieu carioca : il aime le surf. Toujours en attente d’une meilleure vague, d’un défi en plus, le surf lui donne le culte de l’excellence, du progrès constant, de la patience aussi. Par le surf il contemple aussi la beauté de Dieu manifestée dans la nature, son harmonie silencieuse ; à chaque étape de sa vie il y a un passage par ces moments de surf, c’est sa façon de rentrer en retraite avec Dieu. Dans une moindre mesure il aime aussi le cyclisme, la montagne et bien sûr pour un brésilien qui se respecte, le foot.

 

 

Il est heureux comme médecin, promis à une carrière prometteuse (on lui propose une spécialisation en Italie), il a des amis et…une petite amie. Un chemin tout tracé mais qui ne le convainc pas. Il faut sans doute chercher dans ses premiers pas comme médecin ce tournant dans sa vie. Il sent que la médecine telle qu’elle lui est enseignée et qu’il l’a vécu ne prend pas en compte l’homme dans toutes ses dimensions et spécialement dans sa dimension spirituelle. Souvent il se sent impuissant face à ses malades et voit qu’ils ont besoin de quelque chose de plus qu’une guérison du corps. Il voit combien l’homme est un et combien il est fait pour Dieu, que là réside son accomplissement. Bref, sans rien renier de la beauté de la vocation de médecin, elle lui parait désormais incomplète. Et voilà la petite bombe lâchée dans sa famille : il entrera au séminaire diocésain de Rio. 

Entre temps il aura fait la connaissance d’une grande figure de prêtre de Rio : le père Jorjão. Qui sera son confesseur et père spirituel, un ami toujours fidèle et une porte toujours ouverte pour un conseil, une confession, un simple moment d’amitié. Pour celui qu’il nomme affectueusement « Big George », Guido est sans conteste un jeune touché par Dieu et qui dont la vocation sera de rénover l’archidiocèse de Rio de Janeiro. Entre les deux hommes il y aura toujours une profonde admiration mutuelle.

 

 

A partir de 2003 voici donc Guido au séminaire. Il ne cesse pas pour autant d’exercer de temps en temps son premier métier car on lui demande de rédiger une fiche médicale pour chacun des séminaristes. Il fonde aussi un groupe de prière et lui donne le nom de « Fogo no Espíritu Santo ». Tout d’abord il enseigne comment prier puis il livre son programme de vie : « tu dois lutter contre le péché de la façon suivante : n’écoute pas la tentation, fuis les occasions de péché, confesses-toi régulièrement, prie sans cesse, jeûne, reçois l’Eucharistie, médite toujours la Parole de Dieu » [5]Tiré des « Pensamentos » dans um santo surfista, op. cit. p. 50 A ces jeunes qui le suivent il propose aussi un apostolat concret: aller chez les sœurs de mère Teresa aux « Arcos da Lapa » [6]Quartier de Rio où vivent de nombreux gens des rues et aider les personnes des rues. Sabrina, une de ses amis se souvient :

« Il était pressé. C’est comme s’il savait qu’il n’en avait plus pour très longtemps. Alors il ne perdait pas un moment. C’était soit la prière soit les rencontres. Un jour on était allé dans un hôpital pour voir un ami et on priait en chemin le chapelet de la miséricorde. Une fois la rencontre terminée il a vu une sorte de hippie dans le hall. C’était comme s’il était aimanté et donc il est venu vers lui. Moi je voulais repartir mais je devais attendre qu’il termine. Puis, à peine ressorti dans la rue, il me dit : « bon, on en était où dans le chapelet de la miséricorde ? ». Guido c’était cela : il ne s’arrêtait pas. Parfois il passait devant mon appartement et disait à l’interphone : « vient on va dire le chapelet » et on le disait en marchant ou assis sur un banc » [7]Témoignage de Sabrina, groupe Fogo no Espíritu Santo

Un autre de ses amis témoigne aussi : « il nous a emmené voir une carmélite qui était très malade et qui était rayonnante. On a voyagé toute la nuit pour revenir et il nous faisait prier. A l’aube, lors d’une pause, il a repris : « bon maintenant on va dire les laudes ». C’était un homme de prière. » [8]Témoignage de Fernando, groupe « Fogo no Espíritu Santo”

Guido est l’homme dont la prière alimente la générosité. Il a toujours lié les deux et restera profondément un homme de contact et d’évangélisation. Il rencontre un peu tous les milieux et marquera profondément les personnes de la rue qui viendront en masse lors de sa messe d’enterrement. Son programme est simple : « Seigneur enseigne moi à aimer les autres comme tu les aimes. Je veux être bon, compatissant et plein de miséricorde. Dilate mon cœur dans l’amour parce que je t’aime et que tu es Amour ». [9]Méditation du 13 juillet 2004, dans um santo surfista, op. cit. p. 56

 

 

Guido fut aussi l’homme de la croix. Cette croix qu’il croise dans ses rencontres il la vivra aussi en lui. Sa décision de rentrer au séminaire ne fut pas toujours bien vue, son ardeur missionnaire non plus : il aura à affronter notamment une plainte de prêtre lorsque ses jeunes charismatiques tombent dans le repos dans l’Esprit-Saint. Mais le plus dur sera sans doute la décision qui lui fut signalé qu’il ne s’ordonnerait pas prêtre avec sa promotion au séminaire. Etant rentré comme jeune professionnel avec déjà un bon bagage d’études il lui fut reproché de ne pas être passé par tous les échelons normaux des séminaristes et notamment l’année de propédeutique. Toujours discret sur la question, ce fut une grosse épreuve pour lui de voir ses compagnons recevoir les Ordres Sacrés et lui rester sur le côté. Un peu avant il avait écrit : « Seigneur Jésus, fais que je puisse vivre le mystère du calvaire dans ma vie au travers un radical engagement à toi, pour amour de mes frères et pour le salut des âmes » [10]Méditation du 1 octobre 2004. Dans op.cit., p. 91

Finalement Dieu le rappel à lui lorsqu’il est sur son surf pour l’enterrement de vie de garçon d’un bon ami : Eduardo. Nous sommes le 1 mai 2009. Sa planche lui glisse des pieds et lui donne un coup sur la nuque qui l’assomme et donc finit par provoquer la noyade. Dans toute l’Eglise de Rio c’est la stupéfaction et spécialement pour le padre Jorjão : « cet homme allait révolutionner Rio de Janeiro, pourquoi Dieu l’a-t-il rappelé aussi tôt ? ». Lors de la messe d’obsèques Don Orani Tempesta, actuel archevêque de Rio de Janeiro, fera le très beau geste de déposer son étole sur le cercueil de Guido comme pour dire : « tu es prêtre désormais ». Et tous seront très surpris de voir un grand nombre de personnes pauvres, malades ou gens des rues être là et de dire « il a guéri mon bras », « une nuit il s’est arrêté pour regarder ma plaie et me soigner », « il me parlait lorsqu’on se croisait » …etc.

 

 

Après avoir été enterré au cimetière de Botafogo, ses restes seront transférés dans l’Église Nossa Senhora de Paz à Ipanema après qu’un premier petit autel lui fut dédié dans une chapelle latérale. La décision fut motivée par le nombre sans cesse croissant de grâce (surtout de guérison) obtenu par son intercession. Et cela motivera donc les autorités de l’Eglise pour qu’il soit déclaré rapidement « serviteur de Dieu » et que sa cause de béatification soit introduite seulement 4 années après sa mort. Le premier mai 2019 la plage où il a trouvé la mort a été rebaptisée « praia Guido Schäffer ».

En repensant à cette vie, si rapide et si belle à la fois Sabrina me confiera : « maintenant je me rends compte que j’ai vécu au côté d’un saint ».

 

Trailer In Memory of Guido Schaffer

 

References

References
1 Padre R. FIGUEIREDO, un santo surfista, Paulus, Lisboa, août 2017
2 Les trois autres libres sont :  J. de A. BUENO, Guido Schäffer. Apóstolo da Palavra de Deus, Juiz de Fora, 2013; M. AROUCA, O anjo surfista, Leya, Rio de Janeiro, 2013; Padre JORJAO, Guido. Mensageiro do Espíritu Santo, Casa da Palabra, Rio de Janeiro, 2015
3 Page Web de la cause de béatification : http://www.guidoschaffer.com.br
4 Entrevue dans un santo surfista, op. cit. p. 53
5 Tiré des « Pensamentos » dans um santo surfista, op. cit. p. 50
6 Quartier de Rio où vivent de nombreux gens des rues
7 Témoignage de Sabrina, groupe Fogo no Espíritu Santo
8 Témoignage de Fernando, groupe « Fogo no Espíritu Santo”
9 Méditation du 13 juillet 2004, dans um santo surfista, op. cit. p. 56
10 Méditation du 1 octobre 2004. Dans op.cit., p. 91
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