Le Japon n’a pas été épargné par la Covid-19 et depuis début 2020 le virus se propage. Très vite les personnes infectées sont montrées du doigt comme les lépreux aux temps anciens. La peur du « qu’en-dira-t-on » est omniprésente et les sanctions ne se font pas attendre : perte d’emploi, pression du voisinage, famille qui se déchire… Le virus passe comme le vent et affecte certains et pas d’autres … C’est une loterie comme on dit ici. Mais d’une manière ou d’une autre, nous sommes tous affectés.
En effet, tout le monde peut être infecté, indépendamment du niveau de vie, même s’il existe des personnes à haut risque (personnes âgées ou malades). À nous de garder la règle des 3: port du masque, distance et se laver les mains. Tous les Japonais sont à cheval sur cette règle et pour beaucoup, celui qui attrape la Covid-19 ne les a forcément pas suivies. La discrimination contre toute personne infectée est très grande. Ces abus psychologiques sont devenus un réel problème social.
Le Projet Citrus Ribbon est né dans la préfecture d’Ehime sur l’île de Shikoku. Il s’agit d’un projet créé par des bénévoles qui ont vécu la discrimination et/ou sont simplement contre cette discrimination des personnes contaminés. Le ruban qui manifeste ce désir de non-discrimination est de couleur verte, et, à l’origine du projet, était fait d’écorce d’agrumes, spécialité de la région. Le logo est composé de 3 boucles qui représentent : la communauté, la maison et le lieu de travail ( ou école).
Le ruban signifie les expressions Japonaises – ただいまTadaima – お帰りなさいOkaerinasai, utilisées lorsque l’on part ou revient dans un lieu. Cela veut littéralement dire « Je suis de retour – soit le bienvenu ». Ces expressions sont très importantes dans la culture japonaise et manifestent la satisfaction d’être de retour et l’accueil de l’hôte. Tout le monde peut tomber malade, tout le monde risque d’être infecté, mais, même infecté, il est important d’avoir autour de soi une communauté compatissante et sans discrimination.
Il a d’autant plus de sens que la discrimination et la pression ne concernent pas seulement les personnes infectées mais également tous ceux qui ne veulent pas et/ou ne peuvent pas être vaccinés. Officiellement, les Japonais sont libres de se faire vacciner ou non. De plus, le non-vacciné peut circuler librement si – tout comme le vacciné – il met en pratique la règle des 3 citée plus haut. Mais en réalité, une pression contre les non-vaccinés se fait ressentir et une seconde discrimination commence…
Heureusement, le projet Citrus Ribbon se propage dans tout le Japon comme le vent, il se transmet et changera, je l’espère, le cœur de beaucoup. Il est un grand signe de compassion dans notre société actuelle qui en a tellement besoin.
Ce projet aurait tout son sens en Europe également, non ?