A Paris, au musée du Luxembourg se tient l’exposition de photos de Vivian Maier, jusqu’au 16 Janvier 2022. Cette exposition nous fait entrer dans un regard nouveau. Vivian Maier, dans son œuvre profondément gratuite, a cherché, capté, mis en valeur la beauté et la tendresse humaine. Cette femme, tout à fait ignorée toute sa vie, avait des yeux qui sont un don.
Viviane Maier
Vivian Maier est née en 1926 à New York d’une mère française et d’un père américain d’origine autrichienne, et est morte en 2009 à Chicago. Une enfance difficile, dont quelques années dans le Champsaur, elle a travaillé près de quarante ans comme gouvernante et nourrice à domicile (principalement à Chicago) : elle consacrait tous ses moments de liberté à la photographie. Ses dizaines de milliers de clichés, pris principalement à New York et à Chicago, mais aussi à travers le monde, dont une majorité de négatifs non développés, ont été découverts après sa mort, faisant d’elle une artiste célèbre.
Regard de l’enfance
Nous entrons dans le temps de l’Avent, un temps d’attente, de joie, de pressentiment de la profondeur, de la beauté et de la merveilleuse présence de Dieu dans la vie quotidienne, dans le banal, et surtout dans le cœur des petits et des pauvres. Ceux qui sont habituellement ignorés, les petits, les abimés de la vie, elle les voit et surtout nous les fait voir comme ils sont en vérité, c’est-à-dire beaux, attendrissants, drôles et bouleversants. Ils vous donnent envie de vivre. Les visages sont abimés parfois, ridés, ils portent la souffrance aussi et ils sont si beaux. Le père Ceyrac aimait à dire, avec émotion : « Les gens sont si beaux… et ils ne le savent pas ». Merci Vivian de le montrer
Regard contemplatif
Ses photos capturent des instants insolites, des détails, des scènes de rues, une lumière, beaucoup de petites choses que l’on ne voit plus. Il y a ces photos de journaux abandonnés, ou de personnes plongées dans la lecture d’un journal, ces photos de postérieurs ou de jambes et de pieds, ces personnes endormies dans la rue, ces gestes de tendresse. Un amour de la réalité telle qu’elle est, avec les défauts, les imperfections qui rendent la vie si passionnante.
Regard unitif
Ce qui m’a émerveillée est l’unité de tout son travail. Pendant l’exposition, j’entendais deux personnes s’exclamer « il n’y a rien à enlever dans ses photos ! ». Tout a une place, un ordre et pourtant, l’ordre n’obéit à aucune règle préétablie. Son travail très gratuit (la plupart de ses photos n’ont été vues que d’elle et d’autres n’avaient jamais été développées de son vivant) conquit. Sa vie très simple, son travail de nounou pendant 40 ans (qu’elle n’aimait pas particulièrement selon certaines sources), sa solitude ont certainement approfondi une telle attention au réel, un regard qui voit Tout et le Tout dans l’un. Son œuvre nous ramène à un émerveillement devant l’extrême fragilité de la vie.