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« Outside Words » d’Hannes Buder

Le nouvel album d’Hannes Buder s’appelle Outside words, Sans parole. On pourrait traduire aussi par Au-delà des mots ou À l’origine du Verbe, car la voix d’Hannes exprime le cri intérieur, le chant d’un cœur blessé qui cherche à apprivoiser les coups que la vie nous apporte. Ce dialogue tantôt strident, tantôt mélancolique entre le violoncelle et la voix nous remet devant la nostalgie originelle du cœur qui cherche un sens non pas de façon intellectuelle et théorique mais avec ses tripes, son être tout entier, ses blessures et ses cris.

 

 

Hannes Buder, né en DDR en 1978 était connu jusque-là pour sa musique expérimentale à la guitare. Cette première composition pour violoncelle est à la fois un tournant et un approfondissement des intuitions musicales de l’auteur.

La musique avant-gardiste d’Hannes Buder n’a rien d’arbitraire, elle plonge ses racines dans la tradition. On se souvient de sa brillante interprétation de la Tocata de Bach à la guitare électrique. Hannes Buder avait aussi arrangé plusieurs pièces d’Arvo Pärt pour la guitare, comme par exemple Fratres. Plusieurs compositions sont aussi en dialogue avec les chants d’oiseaux d’Olivier Messiaen.

La gravité du violoncelle permet au génie d’Hannes Buder d’explorer de nouveaux horizons de la nostalgie de l’homme et de sa quête d’infini. Outside words est une musique qui nous conduit au-delà des mots, là où notre vie est déchirée entre l’élan vers l’absolu et les limites du quotidien, entre la fragilité de notre être et nos aspirations. Au-delà des mots, Hannes nous remet face à cette expérience de la disproportion ontologique de notre vie dont parlait Leopardi dans ses poèmes :

Ainsi sur une mer exquise, mystérieuse
Erre l’esprit humain
Comme à plaisir,
Nageant avec audace en l’océan.
Mais qu’une dissonance
Heurte l’oreille, sur l’instant
Ce paradis s’anéantit.

Nature humaine, comment peux-tu,
Si tu es à ce point fragile et basse,
Si tu n’es qu’ombre et poudre, nourrir de si hauts songes
Et si tu as gardé quelque noblesse,
Comment des causes aussi basses peuvent-elles
Si aisément susciter puis briser
Tes plus dignes élans ?

Cette disproportion est la marque de l’infinie dignité de chaque personne, qui ne peut jamais être réduite à des schémas, des mots, des concepts. Hannes Buder nous fait écouter le chaos qui nous entoure sans s’y enfermer mais en percevant à l’intérieur de cette nuit le désir et l’élan vers la lumière. Un album vibrant.

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