Cuba glisse dangereusement vers la violence et la mort. Cela fait des années que nous y réfléchissons et les événements qui se succèdent dans notre pays semblent hors de tout contrôle.
Il est vrai que toutes les nations souffrent de la violence et de la mort. Mais cela ne peut pas servir de justification pour que cela arrive dans notre pays. D’autant plus que nous avons perdu plus de 60 ans de notre existence avec la promesse que tous ces fléaux allaient disparaître avec le nouveau système.
Nous souffrons de diverses formes de violence et de mort depuis de nombreuses années. Même le principal slogan du processus révolutionnaire comporte depuis des décennies l’alternative de la mort : la patrie ou la mort, le socialisme ou la mort. Le naufrage du remorqueur du 13 mars a été l’une des étapes les plus douloureuses de cette dérive de la mort. Aujourd’hui, un autre événement s’est produit qui, selon les témoignages, continue à remplir de mort les mers qui entourent notre île.
Ceux qui exécutent et qui ordonnent ces attaques contre des bateaux transportant des hommes, des femmes et des enfants, même lorsqu’il s’agit de départs illégaux et dangereux, qui devraient toujours être évités afin de préserver la perte de vies humaines, sont responsables de ces actes méprisables qui témoignent très mal du soi-disant caractère humaniste qui devrait caractériser toute autorité responsable.
D’autre part, le fait que des vies soient perdues sans que les responsables soient punis de manière proportionnée est une complicité avec le mal et la mort. Cela doit cesser. Cela ne doit plus jamais se reproduire dans notre pays et partout ailleurs dans le monde.
La première chose à faire est de reconnaître la cause profonde des Cubains qui fuient désespérément notre pays. Cette cause n’est pas extérieure. L’origine du problème réside dans l’échec du modèle qui a provoqué une crise cumulative sans fin. La crise ne se résume pas à une statistique plus ou moins crédible. La crise est le désastre existentiel de tous ceux qui, il y a plus d’un demi-siècle, ont accumulé les sacrifices, les souffrances, l’exil, la violence et la mort, en promettant un système économique, politique et social qui n’a jamais fonctionné. Cela doit changer maintenant.
Deuxièmement, nous devons nous demander pourquoi certains parents, désespérés de la misérable vie qu’ils subissent à Cuba, décident de se jeter à la mer, même s’ils emmènent de manière irresponsable leurs jeunes enfants au péril de leur vie. Pour répondre de telle manière à cette situation, ils doivent vivre quelque chose de très pénible et d’insupportable.
Même si nous souhaitons une migration sûre, ordonnée et légale, il n’a pas été possible de mettre fin aux exodes massifs récurrents qui ne répondent en aucun cas à ces trois caractéristiques. La cause en est le désespoir d’une vie sans horizon, sans nourriture, sans médicaments, sans électricité, et sans raison de justifier des décennies de sacrifices croissants qui ont transformé l’existence quotidienne en un non-sens sans fin.
La mort, sous toutes ses formes évitables et provoquées, est un crime contre la dignité de la personne humaine. C’est un acte abominable. Le respect de la vie humaine, de la conception à la mort naturelle, est une obligation pour chaque personne, chaque institution et chaque autorité ou gouvernement.
Par conséquent, Cuba doit abolir la peine de mort pour toujours et mettre fin à la spirale de la violence qui conduit à la mort. La privation d’une seule vie humaine non seulement criminalise la personne qui l’exécute mais dégrade également l’éthique d’une nation et de toute institution qui promeut la violence ou accepte que la mort soit un accident justifiable comme moyen d’atteindre une fin, quelle qu’elle soit. La fin d’une cause ne justifie pas la mort d’une seule personne.
Nous ne devons pas permettre la banalisation du mal. La mort provoquée est un mal inacceptable, toujours et partout. Chaque personne qui meurt d’une mort violente et provoquée est une dégradation irréparable pour la nation et pour chaque autorité qui l’exécute, la permet ou ne parvient pas à la prévenir et à la punir.
Arrêter la spirale de la violence et de la mort à Cuba est un devoir éthique et civique. C’est un devoir sacré et suprême.
Jusqu’à lundi prochain, si Dieu le veut.