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Les premiers martyrs du Japon

Saint Paul Miki et ses compagnons – « Ils prirent part à tout comme des citoyens, mais endurèrent tout comme des étrangers » [1]Lettre à Diognète .

 

Saint Paul Miki

 

« Celui qui devenait chrétien au nom de l’amour de Dieu faisait un pas lourd de conséquences. Il entrait dans une vie faite de méfiance envers son entourage, remplie de difficultés de toutes sortes, exigeant renoncement sur renoncement et conduisant bien souvent à l’angoisse et à la mort ». [2]Romano Guardini, Saint François et Saint Bonaventure, éditions Chora

La mission chrétienne au Japon débuta le 15 août 1549, lorsque l’Espagnol Saint François Xavier, fondateur de l’ordre des Jésuites avec Saint Ignace de Loyola, débarqua sur l’île de Kyushu, la plus méridionale des quatres grandes îles qui composent l’archipel. Les frères franciscains arrivèrent peu après. Au cours du 16ème siècle, la communauté catholique se développa très rapidement pour atteindre plus de 300 000 croyants. La ville côtière de Nagasaki était son centre principal.

En 1596, un navire espagnol, le San Felipe dériva à Tosa (actuelle préfecture de Kōchi dans le Shikoku). À bord, des marchands cherchaient une solution pour accoster et mirent au défi les Japonais en leur annonçant l’occidentalisation prochaine de leur île. Cet événement conduisit Toyotomi Hideyoshi, chef politique et militaire, soucieux de son pouvoir et de l’unité du Japon, à apprendre que des missionnaires chrétiens œuvraient sans son autorisation.

Hideyoshi fît immédiatement arrêter 24 chrétiens à Kyoto en guise d’avertissement. Il fut décidé qu’ils seraient exécutés dans la ville chrétienne de Nagasaki pour l’exemple. Ils marchèrent durant presqu’un mois et parcoururent environ 1 000 kms, subissant violences et humiliations sur le chemin. Deux autres chrétiens les rejoignirent en cours de route, désireux d’offrir leur vie à l’imitation du Christ. Ce furent les premières exécutions au Japon [3]https://davidjournault.jimdofree.com/a%C3%AEn%C3%A9s-dans-la-foi/saints-asiatiques/les-martyrs-du-japon/ .

 

 

Le martyre du 5 février 1597

Lorsqu’ils eurent été crucifiés, ils montrèrent tous une constance admirable, à laquelle les encourageaient, chacun de son côté, le Père Pasius et le Père Rodriguez. Le Père commissaire de la Mission demeura toujours immobile, les yeux dirigés vers le ciel. Le Frère Martin, pour rendre grâce à la bonté divine, chantait des psaumes en y ajoutant le verset : En tes mains, Seigneur, je remets mon esprit. Le Père François Blanca également rendait grâce à Dieu à haute voix. Le Frère Gonzalve disait très fort l’oraison dominicale et la salutation angélique.

Paul Miki, voyant qu’il se trouvait sur une chaire plus honorable qu’il n’en avait jamais eue, commença par déclarer aux assistants qu’il était Japonais, de la Compagnie de Jésus, qu’il mourait pour avoir annoncé l’Évangile et qu’il rendait grâce à Dieu pour un si éclatant bienfait. Puis il ajouta ces paroles : « Au point où j’en suis parvenu, je pense qu’aucun d’entre vous ne croira que je veuille atténuer la vérité. Je vous déclare donc qu’il n’y a aucune voie de salut sinon celle que suivent les chrétiens. Puisqu’elle m’enseigne à pardonner aux ennemis et à tous ceux qui m’ont fait du mal, je pardonne de grand cœur à l’Empereur et à tous mes bourreaux, et je les prie de vouloir bien recevoir le baptême chrétien. »

 

Mémorial des 26 martyrs, à Nagasaki

 

Puis, tournant le regard vers ses compagnons, il se mit à les encourager dans ce combat suprême. De la joie apparaissait sur le visage de tous, mais spécialement sur le visage de Louis ; lorsqu’un chrétien lui cria qu’il serait bientôt en Paradis, il eut un geste des doigts et de tout le corps qui exprimait une joie profonde et qui tourna vers lui les regards de tous les spectateurs.

Antoine (13 ans) qui était le dernier de la rangée, à côté de Louis (11ans), les yeux fixés au ciel, après avoir invoqué les noms de Jésus et de Marie, entonna le psaume : Enfants, louez le Seigneur, qu’il avait appris au catéchisme à Nagasaki. D’autres enfin répétaient « Jésus, Marie » avec un visage paisible ; certains exhortaient la foule à mener une vie digne d’un chrétien.

Alors quatre bourreaux tirèrent leurs lances de leurs gaines. À cette vue horrible, tous les fidèles crièrent : « Jésus, Marie » et le concert de lamentations qui suivit monta jusqu’au ciel. Les bourreaux, en très peu de temps, d’un ou deux coups, achevèrent chacun des martyrs [4]http://nouvl.evangelisation.free.fr/martyrs_de_nagasaki_26.html .

 

Fumie, utilisé pour renier la foi des chrétiens

 

Après ces martyres, de nombreuses persécutions contre les chrétiens acquérirent une caractéristique particulière. Très vite, le but ultime n’était plus de massacrer les chrétiens (le martyre, après tout, ne servait souvent qu’à enhardir et à encourager ceux qui restaient), mais plutôt de les forcer – par le recours à des formes de torture de plus en plus cruelles et extrêmes – à renoncer à leur foi.

C’est ainsi que furent tués plus de 300 personnes dans le village reculé d’Okago, au nord de l’archipel japonais. Dans ces collines du Tohoku se trouvaient de nombreux “chrétiens cachés”, évangélisés par un franciscain, qui vivaient leur foi dans des grottes, sortes de catacombes. Aujourd’hui, un parc commémore le don de leur vie. [5]http://www12.plala.or.jp/okagocross/index.html

Au début de la période Edo, plus de 300 personnes ont été martyrisées à Okago. L’histoire de cette période de persécution et d’oppression, et la façon dont les gens ont protégé leur foi et leur noble caractère, ne doivent pas être perdues mais préservées pour les générations futures. La ville a créé ce parc afin de préserver l’histoire des chrétiens d’Okago, leurs enseignements et leur martyre pour les générations futures.

 

Chemin de croix de l’église d’Okago

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