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« Se trompe qui pense que la mission prophétique de Fatima est terminée » disait Benoit XVI le 13 mai 2010, surtout pour ceux qui pensaient le contraire après la divulgation du 3° secret en l’an 2000 et son apparente réalisation dans l’attentat contre Jean Paul II le 13 mai 1981.

 

 

Le contexte historique

Depuis 1914 l’Europe est à feu et à sang : les chrétiens s’entretuent dans l’horrible Première Guerre Mondiale. On dit que saint Pie X serait mort de tristesse ne pouvant pas éviter le déclenchement du conflit. Son successeur Benoit XV fit tout ce qu’il put aussi pour rétablir la paix. En 1917, 8 jours avant les apparitions, il convoqua une grande chaine de prière à la Vierge pour la paix. Au Portugal aussi la situation était terrible : le roi avait été renversé en 1908 et remplacé par un gouvernement franc-maçon violemment républicain, radical et anticlérical qui entreprend une politique de laïcisation de l’enseignement et de tout le pays. Pie X avait réagi par l’encyclique « Jamdudum in Lusitania » quand le Portugal se donna, comme la France et le Brésil, une constitution officiellement laïque. Depuis la Révolution française se succèdent les révolutions qui instaurent progressivement des société égalitaires, désacralisées, laïcistes et athées en opposition à l’Évangile et à la doctrine du Christ et de l’Église et de la raison droite. En Octobre 1917 se sera la révolution russe bolchevique d’inspiration marxiste qu’il faut comprendre comme la continuation de la Révolution Française mais qui la radicalise et qui « répandra ses erreurs dans le monde entier. » Octobre 1917 est le dernier mois des apparitions…

Apparitions de l’Ange du Portugal ou de la paix

La 1° apparition de l’Ange eut lieu au printemps 1916 dans une grotte près du hameau de Aljustrel où vivaient les 3 pastorcitos Lucía de Jesús dos Santos (9 ans) y ses cousins François (8 ans) et Jacinthe Marto (6 ans), sur la paroisse du petit village de Fatima. Ils jouaient lorsqu’ils entendirent le vent secouer les branches des arbres. Leur regard se porta vers l’est et ils virent « une lumière plus blanche que la neige qui avait la forme d’un jeune homme de 15 ans transparent plus brillant que le cristal traversé par les rayons du soleil. » Il ne disait rien, il était merveilleusement beau. Ils s’approchèrent et arrivé à lui il dit :

« N’ayez pas peur, je suis l’Ange de la paix. Priez avec moi ». Il s’agenouilla et s’inclina jusqu’à ce que son front touche terre. Les pasteurs furent emportés dans le même mouvement et répétèrent sa prière : « Mon Dieu je crois, j’adore, j’espère et j’aime. Je te demande pardon pour ceux qui ne croient pas, n’adorent pas, n’espèrent pas et ne t’aime pas. » – « priez ainsi, les cœurs de Jésus et de Marie sont attentifs à la voix de votre supplique. » et il disparut. Les pasteurs racontent combien « la présence de Dieu » les habita intimement ensuite pour de longues heures.

La 2° apparition eut lieu en été sur le puits de la maison de Lucia. L’Ange leur demanda de prier et d’offrir des sacrifices de réparation pour les péchés et de conversion des pécheurs pour attirer la paix sur votre patrie. L’Ange se présente cette fois-ci comme l’Ange du Portugal.

La 3° apparition de l’Ange se déroula au début de l’automne 1916, de nouveau près de la grotte del Cabeço. Ils priaient et répétaient inlassablement la prière que l’Ange leur avait apprise, lorsque celui-ci leur apparut avec, à la main gauche un calice au-dessus duquel était suspendu une hostie de laquelle goutait du sang dans le calice. « Il laissa le calice suspendu dans l’air et se prosterna à terre disant cette prière :

« Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, je vous adore profondément et je vous offre le très précieux Corps, Sang, Âme et Divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ, présent dans tous les tabernacles du monde, en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences par lesquelles il est Lui-même offensé. Par les mérites infinis de son Cœur Sacré et du Cœur Immaculé de Marie, je vous demande la conversion des pauvres pécheurs. »

Puis l’Ange donna la communion à Lucia et fit boire au calice Francisco et Jacintha en disant : « prenez et buvez le Corps et le Sang de Jésus-Christ horriblement outragé par les hommes ingrats. Réparez ces crimes et consolez votre Dieu. »

Ce fut de nouveau l’expérience puissante de la présence de Dieu qui leur donnait l’impression de ne plus exister, où les sens terrestres ne fonctionnent plus tant Dieu s’impose plus intime que soi-même ; expérience qui sera différente de celle vécue avec la Vierge Marie.

A chaque fois ils reçoivent deux dons dans leur intelligence : la certitude qu’ils ne doivent rien raconter et les paroles de l’Ange (les prières surtout) restent gravés en eux de façon indélébile comme une poésie apprise par cœur.

Apparitions de la Très Sainte Vierge

La première apparition eut lieu le 13 mai 1917, un dimanche après la messe, vers midi, dans la Cova da Iria, à deux kilomètres et demi de Fatima, un petit terrain champêtre, propriété des parents de Lucia où les enfants faisaient paître leurs moutons. Ils jouaient lorsque deux éclairs déchirèrent le ciel à la suite de quoi ils virent une dame posée sur un petit chêne, vêtue toute de blanc, plus brillante que le soleil et plus claire que le cristal plein d’eau cristalline traversée par les rayons du soleil. Le visage d’une indescriptible beauté, ni triste ni joyeux mais sérieux. Ses deux mains étaient jointes comme pour prier. A sa main droite pendait un chapelet. Le vêtement fait tout de lumière était brodé d’or. Elle était voilée de sorte qu’on ne voyait ni ses cheveux ni ses oreilles. Ils étaient très proche d’elle, à un mètre et demi. La Vierge leur demande alors de venir ici pendant 6 mois le 13 du mois à cette heure :

« Je suis venue pour vous demander de venir ici pendant 6 mois de suite le 13 à cette heure. Après je vous dirai qui je suis et ce que je veux. Et je reviendrai ici une septième fois. » Comme la noble dame leur avait dit qu’elle venait du ciel, les pastorcitos lui demandèrent s’ils iraient au ciel ; la dame leur répondit que si. Pour Francisco elle ajouta : « aussi, mais tu devras prier beaucoup de chapelets. » Ils demandèrent aussi le destin de deux de leurs amis morts récemment : l’une est déjà au ciel, l’autre restera « au purgatoire jusqu’à la fin des temps » répondit Marie. Finalement la dame demanda le sacrifice de leur vie comme l’avait fait l’Ange « en réparation pour les péchés qui L’offensent (Dieu) et de supplication pour la conversion des pécheurs ». Leur réponse est sans détour : « oui, nous le voulons ». A ce moment-là, la Vierge ouvrit ses mains vers eux, d’où sortit une lumière d’une telle intensité qu’elle leur pénétra l’âme, de telle sorte qu’ils se voyaient en Dieu « qui était cette lumière ». Ils tombèrent à genoux et se mirent à prier la prière de l’Ange. Alors la Vierge leur dit : « priez le chapelet tous les jours pour obtenir la paix du monde et la fin de la guerre. » Puis la Vierge s’éleva doucement vers le ciel avant de disparaitre dans l’immensité de la distance.

 

 

La seconde apparition : le 13 juin 1917, le Cœur Immaculé de Marie

Cette fois-ci les enfants ont raconté à leurs parents ce qui leur était arrivé. Leur récit est très mal reçu tant par la famille que par le curé qui pensent qu’ils racontent des balivernes. Mais déjà la nouvelle se répand dans le pays et ce sont cinquante personnes qui accompagnent les petits enfants à la Cova da Iria ce 13 juin. Tous prient le chapelet autour du chêne lorsque de nouveau ils voient comme des éclairs d’une vive lumière, puis arrive la Vierge. C’est Lucie qui ouvre la conversation lui demandant : « Que veut Votre Grâce de moi ? » – « Je veux que vous veniez ici le 13 du mois prochain, que vous priiez le chapelet tous les jours et que vous appreniez à lire. Après je vous dirai ce que je veux ». Puis Lucie demande qu’elle les emmène au ciel. La Vierge leur répond que Jacinthe et Francisco seront dans peu de temps au ciel – ils mourront de la grippe espagnole en 1919 pour Francisco et 1920 pour Jacintha – mais à Lucia elle lui dit qu’elle vivra plus longtemps – de fait elle mourra le 13 février 2005 à l’âge de 97 ans après 80 ans de vie religieuse. Elle lui donne la mission de la faire connaitre et aimer et « d’établir la dévotion à son Cœur Immaculé ». Elle communiqua de nouveau aux enfants cette lumière divine en ouvrant ses mains et virent, posé sur la paume de sa main droite, le Cœur de Marie enserré et blessé par une couronne d’épines. Nous savons qu’à cette apparition, les voyants reçurent un secret en lien avec la dévotion au Cœur Immaculé de Marie, secret qui n’a jamais été révélé. La Vierge s’en fut de la même manière qu’à la première apparition.

La troisième apparition, le 13 juillet 1917, les trois « secrets » de Fatima

Cette fois-ci, 2000 personnes accompagnent les enfants, dont leurs parents, venus en procession. Pour la première fois, les gens peuvent voir, sur l’arbre un petit nuage blanc très léger. Le soleil s’obscurcit et un vent frais souffla dans la chaleur torride de l’été. De nouveau Lucia se met à disposition de la Mère de Dieu : « que veut Votre Grâce de moi ? » La réponse de la Vierge est la même, insistant de nouveau sur la prière du chapelet, comme remède contre la guerre. Puis Lucia demande un miracle pour que « tous croient que Votre Grâce nous apparait ». La Vierge leur annonce qu’en octobre elle dira qui elle est et elle fera un grand miracle. Puis Lucia lui demande des grâces de conversions et de guérison que la Vierge accorde à condition de prier le chapelet. Puis elle termine en leur disant de se sacrifier pour les pécheurs.

Première partie du secret : la vision de l’enfer

C’est alors que Marie ouvrit de nouveau ses mains pour leur transmettre la lumière de Dieu mais cette fois-ci la lumière pénétra la terre et « nous vîmes une mer de feu et submergés dans ce feu, les démons et les âmes comme s’ils étaient des braises transparentes et noires et bronzées, avec des formes humaines, qui flottaient dans l’incendie, portées par les flammes (…) entre cris et gémissements de douleur et de désespoir qui terrorisaient et faisaient trembler de terreur (…) ». Les enfants porteront à jamais dans leur âme ces images de la damnation éternel, qui, sans la promesse du ciel, les auraient tués d’effroi.

Deuxième partie du secret : l’annonce du châtiment et les moyens pour l’éviter

Les enfants lèvent les yeux vers la Mère de Dieu. Leurs regards perdus de terreur demandent de l’aide. La Vierge alors prononce un long discours dont nous rapportons ici les traits principaux :

Pour sauver les âmes de l’enfer, « Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé ».

La Vierge annonce la venue d’une autre guerre pire encore que celle qui est en cours et qui commencera sous Pie XI (la II° guerre mondial commence formellement sous Pie XII, mais déjà elle se met en place à partir de 1933 avec la montée du nazisme, Staline au pouvoir à partir de 1920, annexion de l’Autriche en 1938, etc.), conséquence des offenses faites à Dieu. Cette guerre sera annoncée par « un grand signe » pendant « une nuit illuminée par une lumière inconnue » et sera « un châtiment » sur le monde impie. Cette lumière se vérifia en Europe dans la nuit du 25 au 26 janvier 1938 de 20:45 à 1:15. Pour les astronomes ce fut une aurore boréale « d’une grandiose beauté ».

Pour éviter ce châtiment, Marie demande « la consécration de la Russie à son Cœur Immaculé et la communion réparatrice les premiers samedis ». Ceci fera que « la Russie se convertira, il y aura la paix, sinon, elle répandra ses erreurs dans le monde ». Les commentateurs, à la suite des réponses données par la sœur Lucie, à la lumière de la foi et de la raison, s’accordent pour définir « les erreurs » de la Russie par l’idéologie marxiste et communiste. Cette idéologie ne s’est pas achevée avec la chute du mur de Berlin en 1989 ni avec la chute de l’Union Soviétique en 1991. Le marxisme politique et culturel se métamorphose continuellement dans le monde entier par les idéologies progressistes, égalitaristes que l’on nomme sous le nom de « wokisme » actuellement et qui répètent la « lutte des classes » matérialiste et athée à tous les niveaux : entre parents et enfants, entre générations, entre hommes et femmes, nature et humanité, histoire et présent, et finalement lutte avec Dieu et son Église qui sont rejetés et niés.

C’est ainsi que la Vierge annonce non seulement de nouvelles guerres mais aussi des « persécutions contre l’Église » avec des martyrs et que « le Saint-Père aura beaucoup à souffrir ». Il faut ajouter à ces prophéties concernant l’Église la dernière phrase de ce message : « Au Portugal, le dogme de la foi sera toujours conservé ». C’est ici que doit être inséré la dernière partie du message ou « troisième secret de Fatima », celui qui resta caché jusqu’en 2000 et qui continue sur ce thème de la persécution de l’Église. L’interprétation qui a été donné à ces deux secrets (les erreurs de la Russie et la persécution de l’Église) a pris plusieurs directions. La première, la plus évidente est externe [1]On pourrait développer la 2° direction de l’interprétation des persécutions, cette fois-ci dans et par l’Église elle-même, à partir de cette phrase de la Vierge : « Au Portugal, le dogme … Continue reading : l’Église est persécutée par le monde moderne dont les idéologies rejettent la Révélation chrétienne. Jean Paul II qualifiait le XX° siècle, de « siècle des martyrs » [2]cf. Jean Paul II le 7 mai 2000 . Il sera lui-même l’objet de la haine que le monde a du Christ et on attentera à sa vie le 13 mai 1981 sur la place Saint-Pierre, jour anniversaire de la 1° apparition de la Vierge de Fatima, réalisant ainsi en sa chair les prophéties du 3° secret.

 

 

Troisième secret de Fatima

La troisième partie du message de la Vierge aux pastoureaux est une vision qui se divise en trois actes. Ils commencent par voir un Ange à gauche de la Vierge avec « une épée de feu dans la main gauche » qui envoyait des flammes de telle manière qu’il semblait qu’il allait incendier le monde. Mais la Vierge éteignait ces flammes de sa main droite. L’Ange criait vers la terre : « Pénitence ! Pénitence ! Pénitence ! » Ces trois mots sont soulignés pour dire la force de la voix angélique et qu’ici est le centre du message. Le cardinal Ratzinger qui révéla ce secret en l’an 2000 commente : cette vision est semblable à celles de l’Apocalypse et manifeste les « menaces du jugement qui pèse sur le monde ». Le cardinal poursuit que c’est le monde lui-même qui menace de s’autodétruire par ses armes à feu, ses folies idéologiques et son attitude hautaine envers Dieu parce qu’il vit comme si Dieu n’existait pas. Mais la Mère de Miséricorde est là et apaise le feu de la colère…

La seconde scène est aussi apocalyptique et est celle qui a le plus fait couler d’encre. Les enfants voient un champ de ruine, une ville à moitié détruite et des cadavres qui jonchent le sol. Au milieu passe le pape accompagné d’évêques, de prêtres et de religieux et religieuses. Ils montent une montagne et prient, le cœur en peine pour ces morts. Arrivés en haut du mont, ils tombent à genoux au pied d’une grande croix et le pape et les autres avec lui sont tués par des tirs et des flèches. Faisons quelques commentaires : le monde est à demi en ruine car la miséricorde de Dieu pose une limite au mal. L’Église du XX° siècle est ici représentée par des hommes et femmes consacrés tombés sous le feu, tout spécialement le Pape. Le Pape est le centre de la vision. Ratzinger dit que ce sont tous les papes du XX° siècle à commencer par saint Pie X. Mais il est juste de voir ici tout spécialement le pape saint Jean Paul II : « Le pape ne pouvait-il pas, quand après l’attentat du 13 mai 1981 il se fit apporter le texte de la troisième partie du « secret », reconnaitre en lui son propre destin ? » commentait le cardinal.

En effet, le 13 mai 1981, Mehmet Ali Ağca, entré en Italie en août 1980 sous un faux nom depuis la Bulgarie, tire à 17 h 17 deux coups de feu sur le pape qui se trouvait sur la place Saint-Pierre pour l’audience générale hebdomadaire devant 20 000 fidèles. Une première balle touche l’index de la main gauche du pape qui la dévie dans l’abdomen, perforant l’intestin grêle et le côlon sigmoïde. Une seconde balle effleure son coude droit et blesse deux autres personnes . Le pape s’écroule dans la jeep, soutenu par son secrétaire Stanislas Dziwisz et son camérier Angelo Gugel. Ağca se trouve à 3 mètres du pape. Le Pape est sauvé par une intervention chirurgicale qui dure 5 heures à l’hôpital Gemelli.

Plusieurs éléments permettent d’associer Jean Paul II à la prophétie. La date évidemment : le 13 mai. Le côté réellement miraculeux de la survie du Saint-Père qui raconte (confirmé par les médecins) que la balle a été déviée par « une main » qui selon Jean Paul II est celle de la Vierge voulant sauver son fils. Et puis Jean Paul II, fils de Pologne, est le Pape qui a fait tomber le communisme qui oppressait depuis 70 ans les pays de l’Est. S’il n’est pas formellement établi le lien entre l’assassin et les régimes soviétiques, il est clair que l’action de Jean Paul II contre le communisme (mais pas seulement : pour la vraie foi surtout) a joué un rôle que l’on peut facilement lier au message de Fatima contre les « erreurs de la Russie ». Le Saint Pape, en hommage et remerciement demanda d’insérer la balle du crime dans la couronne de la Vierge de Fatima. « C’est une profonde consolation pour nous de savoir que tu es couronnée non seulement avec l’argent et l’or de nos joies et de nos espérances, mais aussi avec le ‘projectile’ qui symbolise nos préoccupations et nos souffrances. » [3]Benoit XVI, le 12 mai 2010 Nous aimerions ajouter que si Jean Paul II a certainement été comme le premier objet de la prophétie, il ne la réalise toutefois pas dans sa plénitude : les papes qui le précèdent et ceux qui le suivront continueront d’être l’objet du martyr s’ils sont fidèles à la vraie foi.

La troisième scène enseigne : « Sous les deux bras de la Croix, il y avait deux anges, chacun avec une jarre de cristal dans la main, en elles ils recueillaient le sang des martyrs et avec elle, ils arrosaient les âmes qui s’approchaient de Dieu ». Nous insérons ici ce que dit la 2° partie du message et qui est la grande prophétie finale : « A la fin, mon Cœur Immaculé triomphera » dit la Mère de Dieu. Les deux facettes du même mystère vont ensemble : le salut est donné par le mérite des martyrs qui peut être les sacrifices d’amour quotidiens, humbles et remplis d’amour de Dieu comme de mourir pour la foi et l’exaltation de Dieu et de son Eglise. Mais le salut est un don de Dieu qui nous précède toujours, du Seigneur mort sur la Croix et auquel est associée la Mère de Compassion. Cette victoire divine sur le mal est déjà donnée une fois pour toute par la mort et résurrection du Christ, mais elle n’est pas encore parfaitement réalisée dans le déroulé de l’histoire et de son drame humain. Dans cette « vallée de larmes », la Mère des miséricordes nous accompagne et participe du combat que nous menons. Ce dont nous sommes sûr c’est que la victoire est déjà remportée et elle sera manifestée pleinement à la fin des temps.

A cette victoire, le message de Fatima associe la consécration de la Russie au Cœur de Marie par le Pape. C’est une manière de montrer combien Dieu est engagé dans l’histoire et dans nos luttes comme le montre l’histoire de sainte Jeanne d’Arc, la bataille de Lépante et autres évènements historiques. Aujourd’hui le communisme et ses erreurs, demain d’autres formes que prend le mal au cours de l’histoire. Cette consécration a été réalisée plusieurs fois : par Pie XII en 1942, Jean Paul II en 1982, 1983 et 1984 et par François en 2013. La Russie s’est-elle pour autant convertie ? Il ne semble pas ! La consécration a-t-elle été réalisée selon les vœux de la Vierge ? Cette question est très débattue.

Pour conclure son apparition la Vierge demanda aux pastoureaux d’insérer dans la prière du chapelet la fameuse prière jaculatoire : « Oh mon bon Jésus, pardonnez-nous nos offenses, conduisez au ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de votre très sainte Miséricorde ». Puis comme d’habitude elle s’éleva dans les cieux.

 

 

Quatrième apparition : le 19 août 1917

Le 13 août 1917, 5000 personnes viennent au chêne des apparitions. Ils assistent à des phénomènes atmosphériques et surnaturels : tonnerre et éclairs, le nuage sur le chêne, effets chromatiques sur la matière, les visages, les arbres et l’herbes changèrent de couleurs… certainement la Vierge était venue mais ne rencontra pas les petits bergers qui avaient été arrêtés et mis en prison à Ourem par l’administrateur franc-maçon du canton Arthur d’Oliveira Santos. Il cherche à connaitre les secrets et surtout veut arrêter cette dévotion qui va directement contre les interdits du gouvernement anticlérical de se rassembler et de prier. Les 5000 personnes vont à pied jusqu’à Ourem pour réclamer leur libération. Les enfants restent en prison 2 jours et sont libérés le 15 août.

C’est le 19 que la Vierge leur apparait à Valinhos à quatre heures de l’après-midi. Lucia commence comme d’habitude par sa mise à disposition et la vierge lui répète son désir de les voir les 13 du mois à la Cova da Iria et de prier le chapelet. Elle leur promet un grand miracle. Elle demande leur prière pour que se sauvent de l’enfer des âmes pécheresses. Elle promet de guérir quelques malades. Elle leur indique quoi faire de l’argent qu’ils commencent à recevoir. Puis elle s’élève dans le ciel.

Cinquième apparition : le 13 septembre 1917

Plus de 20.000 personnes sont là ce jour-là. Ils assistent à des phénomènes surnaturels plus merveilleux que la fois précédente : le soleil s’obscurcit, il fait plus frais, on voit presque les étoiles, un globe céleste se meut majestueusement dans le ciel comme un arc, une sorte de pluie de neige ou de pétales de rose tombe sans toucher le sol. La Vierge arrive sur l’arbre déjà bien dépecé de ses branches entre lumière et tonnerres. Elle leur donne des indications sur comment faire pénitence, notamment l’usage du cilice, de prier le chapelet pour la fin de la guerre et elle promet des guérisons et de nouveau un grand miracle pour octobre « pour que tout le monde croie ». Puis elle s’élève dans les cieux.

Sixième apparition : le 13 octobre 1917, le miracle du soleil

« Que veut Votre Grâce de moi ? » Demande Lucia.

« Je veux te dire que vous fassiez ici une chapelle en mon honneur. Que je suis la Vierge du Rosaire. Et que vous continuiez à prier le chapelet tous les jours. La guerre va se terminer et les militaires reviendront bientôt à la maison. »

La Vierge ouvrit les mains desquelles sortaient des rayons de lumière qui se reflétaient dans le soleil mais c’était elle la source de lumière du soleil et pendant ce temps-là elle commença à s’élever dans le ciel et alors Lucia s’exclama : « regardez le soleil ! ». Alors les 70.000 personnes rassemblées et à genoux, virent la danse du soleil : il se rapprocha à toute vitesse de la terre et repartit dans les hauteurs du ciel et tourna sur lui-même et ceci plusieurs fois, provoquant terreur et émerveillement sur les gens qui, trempés qu’ils étaient par la pluie, se séchèrent en un instant. Tout ceci dura 10 minutes.

Pendant ce temps, Lucia voyait des scènes se dérouler dans le soleil : la première fut la sainte famille, la seconde la Passion du Christ et la Vierge de douleurs et la troisième la Vierge du Carmel couronnée reine du ciel et de la terre avec l’Enfant divin dans les bras. On a vu dans ces trois visions les 3 séries de mystères du rosaire, joyeux, douloureux et glorieux.

Postérité des apparitions

Ce miracle de la danse du soleil fut observé par d’autres personnes qui étaient à des dizaines de kilomètres de la Cova da Iria et aussi par beaucoup de gens sceptiques, les rationalistes de l’époque qui ne purent nier le phénomène extraordinaire dont ils furent témoins. Certains journalistes le racontèrent dans leurs journaux comme Avelino de Almeida dans « le seculo ». De fait, dès le début de l’affaire les journaux relatent les faits ce qui provoque cette fièvre de tout le pays autour des 3 enfants de Fatima. Mais aussi bien les milieux « cultivés » que les milieux cléricaux, tous sont très sceptiques. Il faudra attendre le 13 octobre 1930, après une sévère enquête canonique, pour que l’évêque de Leira par sa lettre apostolique « A divina Providentia » reconnaisse les apparitions de Fatima comme « dignes de foi » et approuve le culte à « Notre Dame de Fatima ». Dès juin 1919 on construit une petite chapelle sur le lieu des apparitions qui sera dynamitée par les anticléricaux et reconstruite dans la foulée. On y met la statue de la Vierge de Fatima offerte par un commerçant de Leira. En 1928 commence la construction de la basilique actuelle, consacrée en 1953. Francisco et Jacintha sont canonisés en 2017 par François pour le 1° centenaire des apparitions. Chaque année il y a plus de 6 millions de pèlerins à Fatima.

« A la fin, mon Cœur Immaculé triomphera ».

 

 

 

Bibliographie

« Fatima ¿Mensaje de tragedia o de esperanza ? con la tercera parte del secreto » de Antonio Augusto Borelli Machado, Universidad san Sebastian, 2020

Toutes les citations sont tirées de ce livre qui cite les « Memorias e cartas da Irma Lucia. Introducción y notas del P. Antonio Maria Martins S.J., 1973

Congrégation pour la doctrine de la foi, « le message de Fatima », librairie du Vatican, 2000

References

References
1 On pourrait développer la 2° direction de l’interprétation des persécutions, cette fois-ci dans et par l’Église elle-même, à partir de cette phrase de la Vierge : « Au Portugal, le dogme de la foi sera toujours conservé », mais pour des raisons pratiques, nous n’aborderons pas ce thème
2 cf. Jean Paul II le 7 mai 2000
3 Benoit XVI, le 12 mai 2010

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