Le 18 juin a eu lieu dans une petite galerie de Lviv Svitlo (Lumière) l’inauguration d’une exposition « Le sourire de l’Homme crucifié » réalisée par Yevhen Hryhoriev.

L’exposition présente sept œuvres, fruits de la contemplation d’un crucifix, œuvre de Johann Georg Pinsel, sculpteur baroque considéré comme l’un des plus importants artistes galiciens du XVIIIe siècle. Elles sont toutes réalisées sur papier selon la même technique — graphite et huile — et ont le même format. Grâce à la répétition du format et du matériau, la série fonctionne comme une surface unique et cohérente, permettant de se concentrer sur les images elles-mêmes.
Yevhen Hryhoriev tourne littéralement autour de ce crucifix pour en explorer tous les angles de vue : vue aérienne où la croix ne semble plus qu’une seule ligne d’horizon, vue de la terre où les pieds et les genoux du Christ semblent comme un arbre noué ou un énorme rocher qui tombe sur nous. A l’origine, Yevhen Hryhoriev voulait réaliser 24 œuvres, puis 12 et devant l’insistance de Olena Polichuk la directrice de la galerie Svitlo (le temps presse !), il s’est arrêté à sept œuvres sans savoir que le Christ a prononcé sept Paroles sur la croix.
Yevhen ne se considère pas comme un homme ayant la foi, mais en réalisant ses œuvres, il a confié : « Cet homme sur la croix a vraiment donné sa vie par amour. Il a transformé la mort en acte d’amour. »
Au cœur de ce projet, Le Sourire de l’Homme crucifié résonne une question essentielle :
comment demeurer humain lorsque le monde alentour s’efforce de t’arracher toute humanité ?
Quand tu comprends que les grandes idées humanistes des siècles passés
ne sont peut-être qu’un sourire sur les lèvres d’un mort,
et que l’image de l’homme crucifié devient le modèle même de l’humanité.
Ici, la crucifixion se déploie comme un symbole universel —
celui du sacrifice et de la renaissance,
de la dignité invaincue, du chemin vers la liberté à travers la souffrance — jusqu’à l’absurde, jusqu’au paradoxe de l’existence humaine.
Ce projet ne parle pas de foi, mais s’intéresse à la nature de l’être humain.
Que signifie être « humain », lorsque chaque mot, chaque sens,
est pesé, contrôlé, vidé de sa substance —
et que l’humanité elle-même semble un anachronisme ?
L’homme peut-il rester lui-même lorsque l’histoire le crucifie,
lorsqu’il devient une cible, une donnée statistique ?
Quand les idéaux nés de la douleur et de l’espérance des siècles passés
se changent en gestes creux, en un langage que plus personne ne parle avec sincérité ?
Face à cela, se dresse l’image de l’homme crucifié — symbole du sacrifice,
symbole de la force intérieure qui éclot à travers la souffrance.
Un archétype universel, où mort et renaissance se fondent en une seule chose,
où le chemin vers la liberté passe par le désespoir,
et où la dignité se préserve non malgré la souffrance, mais grâce à elle.
Le sourire, ici, n’est ni ironie ni sarcasme.
Il est le dernier geste d’humanité dans un monde qui se dissout,
où l’amour passe pour une faiblesse,
et la compassion devient un crime contre la logique de la survie.
Les œuvres du Sculpteur Johann Georg Pinsel
Liens de l’inauguration Instagram et Facebook
Yevhen Hryhoriev
Né le 23 janvier 1978 à Louhansk, Ukraine. C’est un artiste visuel et graphiste ukrainien. Après avoir suivi une formation artistique dès son plus jeune âge, il étudie au Collège de culture et d’arts de Louhansk, avant d’intégrer la Faculté de design graphique de l’Académie nationale des arts de Lviv, dont il est diplômé en 2005. Depuis, il vit et travaille à Lviv, où il développe une pratique centrée sur la réflexion existentielle, la mémoire et la condition humaine. Ses œuvres ont été présentées dans de nombreuses expositions en Ukraine et à l’international.
 
					

 
	 
	 
	 
	 
	 
                    









