Guillaume Cizeron forme avec la québécoise Laurence Fournier Baudry un nouveau couple de danseurs sur glace qui enflamme littéralement la glace. Patineurs primés à de nombreuses reprises avec d’autres partenaires, les deux amis ont fait le pari d’un partenariat pouvant prétendre à l’or aux prochains Jeux de 2026. Victorieuse au Grand prix de France en octobre et au Grand prix de Finlande la semaine dernière l’association enflamme déjà les stades.
Pour ceux qui se souviennent du champion olympique 2022 avec Gabriella Papadakis, quintuple champion du monde et quintuple champion d’Europe, le style du nouveau couple ne sera pas une surprise totale. Et cependant la nouveauté est bien là et, surtout, ce génie manquait. C’est un réel plaisir de le voir revenir, et même de le retrouver grandi, et exploser à nouveau, et nous entraîner sur la piste le temps d’un exercice.
Le nouveau couple ne cache pas son amitié de longue date. Est-ce cela qui les rend plus libres ? S’il faut probablement aussi compter les années d’expérience en plus, et les années de recul pour Guillaume, il est indéniable que quelque chose de nouveau apparaît. Un grain d’extase en plus. Avec Gabriella Papadakis, Guillaume Cizeron formait un couple de danseurs depuis l’âge de huit ans. Son génie avait surgi et s’était développé sous le regard de la mère de cette dernière. Les commentateurs à l’époque ne manquaient jamais de remarquer la différence de niveau entre les deux français. Et le génie de Gabriella Papadakis fut de croire qu’elle pouvait suivre son partenaire. Laurence Fournier raconte pour sa part que Guillaume est son meilleur ami, qu’il est le meilleur homme qu’elle connaît, et aussi le meilleur patineur au monde actuel. Pour elle, ce fut une grande surprise de le voir proposer cette association, il y a un an. Elle en rêvait probablement, et avoue simplement qu’elle ne pouvait pas refuser. Aucune ambigüité. Plus jeune que sa partenaire, le champion olympique en titre est comme le maître de ce nouveau couple. Il met cependant son génie au service de sa partenaire, et la laisse s’exprimer. Et celle-ci le lui rend bien : Guillaume semble totalement libre. Ses gestes et ses mouvements paraissent encore plus relâchés. C’est fascinant. Cette association a la forme d’une véritable rencontre, sa devise pourrait être : « je te reconnais et je vais te servir de toute ma personne ». Le résultat sur la glace est harmonieux jusqu’au génie. La rencontre devient une danse à la fois très charnelle et extrêmement élégante. Les danseurs sont entièrement tournés l’un vers l’autre et parfois extrêmement libres. Ils semblent d’autant plus libres et eux-mêmes qu’ils dépendent l’un de l’autre.
Cela va-t-il suffire pour remporter l’or aux prochains Jeux olympiques d’hiver, en Italie dans deux mois ? S’il s’agissait de danse tout court, Guillaume Cizeron serait un peu comme Jorge Donn. Maurice Béjart reconnaissait le génie de son disciple et ami et n’a jamais cessé de lui donner les premiers rôles. Techniquement cependant, tout le monde disait que d’autres danseurs étaient beaucoup plus aboutis que lui. Le Ballet Béjart n’était pas la troupe de l’Opéra National. Face à leurs grands rivaux, le couple de danseurs américains Madison Chock et Evan Bates, il est possible que la concurrence se joue sur le même plan. Pour les non avertis que nous sommes, les Américains brillent par leur perfection technique. Leurs gestes sont incroyablement synchronisés. Les Français (Laurence Fournier est tout juste naturalisée) enflamment les foules et semblent en mesure de combler les quinze années de travail en moins par rapport à leurs concurrents. Rendez-vous à Milan le 6 février prochain.
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