d'Alexandra Fricker 20 mars 2013
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« Evviva il Papa! », le cri de joie qui montait de la place Saint-Pierre pour acclamer notre nouveau Pape, mercredi dernier, continue de résonner dans mon cœur et dans la ville. Joie qui prend une intensité particulière dans cette ville de Rome, où j’ai la chance de vivre en ce moment. Orpheline de Pape et d’évêque depuis le départ de Benoît XVI, l’Urbs a connu l’attente, l’incertitude, puis la surprise, et l’allégresse. Mais ce qui m’a le plus impressionnée, par delà toutes ces émotions, est la ferveur de la prière au Vatican, prière soutenue par celle du monde entier.
CC BY-NC-SA Catholic Church (England and Wales)
Il y a une semaine, mardi 12 mars, ce sont tous les cardinaux et fidèles qui étaient réunis dans la basilique Saint-Pierre, pour la messe « Pro eligendo pontefice ». Quelle émotion de célébrer l’Eucharistie sous le somptueux baldaquin du Bernin, dans la nef brillante de mille feux, et de prier : « O Dieu, (…) donne à ton Eglise un pasteur qui te plaise par sa sainteté, et soit entièrement consacré au service de ton peuple »[1].
La réponse du Seigneur ne s’est pas fait attendre puisque le lendemain soir, avertis par la fumée blanche et les cloches sonnant à toute volée, les Romains accouraient place Saint-Pierre pour découvrir le nouveau Pape. Ce jésuite argentin inconnu a d’abord suscité la surprise, puis un enthousiasme qui n’a cessé de croître : « Comme il est beau ce Pape ! … Je ne me suis jamais intéressé au Pape, mais lui je l’adore … Il me donne envie de retourner à l’église », peut-on entendre par ici ! Ce Pape François a la grâce de savoir se rendre proche des gens. Les Italiens lui sont reconnaissants d’avoir choisi l’humble nom de « Francesco », François (le poverello) d’Assise, patron de l’Italie et modèle de pauvreté. Dans les rues de Rome, on se raconte ce qui pourrait être ses « fioretti » : le Pape qui tient à payer l’hôtel où il a logé, qui refuse sa voiture officielle pour prendre le car avec les autres cardinaux, qui salue avec un « Buon pranzo! » (« Bon déjeuner ! ») inattendu, à la fin de son premier Angelus dimanche. Sa simplicité se montre aussi sur son blason, où il a choisi les insignes de la Sainte Famille, Jésus, Marie et Joseph[2].
Cette humilité du pape repose sur une entière confiance dans la prière, qui marque aussi les esprits : un pape qui, le soir de son acclamation, demande à la foule en liesse de faire silence et de prier pour lui, avant que lui-même ne donne sa bénédiction ! Le lendemain, dans son homélie devant les cardinaux[3], c’est en théologien qu’il rappelle avec force la priorité de la prière, en citant le (mystique) français Léon Bloy : « Celui qui ne prie pas Dieu, prie pour le Diable, car qui ne confesse pas le Christ confesse la mondanité du Diable ». Et cette demande, maintenant fameuse, « Priez pour moi ! », qui ponctue tous ses discours.
C’est pour prier avec lui et pour lui que des milliers de personnes se sont réunies aujourd’hui (mardi 19 mars 2013) place Saint-Pierre, à l’occasion la messe d’inauguration de son pontificat. Une foule impressionnante, venue du monde entier, arrivée parfois depuis 4h du matin pour répondre à cet appel. Aux multiples drapeaux présents répondaient les diverses langues de la liturgie, ordinaire en latin, évangile proclamé en grec, intentions en arabe, chinois, swahili… un beau témoignage de l’Eglise universelle priante.
En ce jour de la Saint Joseph, le Pape François a rendu hommage à « son vénéré Prédécesseur », dont c’est la fête, et a souligné la belle coïncidence de commencer son pontificat avec la figure de Joseph, époux de la Vierge Marie et Patron de l’Église universelle. « La mission que Dieu confie à Joseph, celle d’être custos, gardien » prend un sens particulier pour le Successeur de Pierre, mais le Pape l’a aussi étendue à tous les chrétiens, puis à tous les responsables, à tous les hommes et à toutes les femmes de bonne volonté. « Garder Jésus et Marie, garder la création tout entière, garder chaque personne, spécialement la plus pauvre, nous garder nous-mêmes : voici un service que l’Évêque de Rome est appelé à accomplir, mais auquel nous sommes tous appelés ». Cette mission nécessite « une grande tendresse, qui n’est pas la vertu du faible, mais au contraire, dénote une force d’âme et une capacité d’attention, de compassion, de vraie ouverture à l’autre ». N’est-ce pas la tendresse émanant de ce Pape qui suscite un tel enthousiasme ? Alors, comme il nous l’a dit, n’ayons pas peur de la bonté et de la tendresse !
CC BY-NC-SA Catholic Church (England and Wales)
[1] Prière de la collecte.
[2] Le blason, proche de son blason d’archevêque de Buenos Aires, porte, sur fond bleu, le soleil d’or du Christ avec les trois lettres IHS (Iesus Hominum Salvator), symbole des Jésuites, à gauche, l’étoile d’or de Marie, et à droite, la fleur de nard, symbole de Joseph.
[3] Homélie de la messe Pro Ecclesia dans la Chapelle Sixtine, le 14 mars 2013.
Bonjour , christ est ressuscite , alleluia , merci pour cet article , nous avons un saint pape, amen ,
christine