Le syndicat des hauts fonctionnaires de la police nationale a pris position contre la dérive politique de la répression contre les veilleurs debout. Comment ne pas saluer ces policiers et CRS qui osent lever la voix pour dénoncer la répression disproportionnée contre des veilleurs pacifiques ?
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Comme policier bien armé face à des veilleurs aussi silencieux qu’inoffensifs, il est facile de tirer son épingle du jeu et de faire du zèle. C’est bon pour la promotion et c’est sans aucun risque car les veilleurs n’ont ni cocktail molotov, ni batte de baseball. De nombreux films circulent sur les réseaux sociaux montrant ces policiers qui se sont « lâchés » dans une surenchère de violence, de vexations et de grossièreté, avec l’arrogance altière de celui qui est « dans le droit ».
D’autre policiers ont eu au début une attitude conciliante de dialogue et de compromis, mais ont vite lâché prise devant la pression politique qu’ils subissaient de leur supérieurs. Conscients de l’absurdité d’arrêter quelqu’un pour délit de port de tee-shirt, ils ont commencé à baisser les yeux, puis à refuser tout dialogue avec les manifestants pour éviter les problèmes de conscience.
On voit aussi des policiers qui sont mal à l’aise mais qui doivent continuer de faire le sale boulot. Ils ont gardé assez de conscience humaine pour être écœurés par les ordres, mais le boulot, c’est le boulot.
Certains gardiens de la paix tapent aujourd’hui comme s’ils avaient affaire à des hooligans éméchés dans une formidable absence. Le point commun entre tous ces représentants de la loi est de se déresponsabiliser de la situation. Chacun se déculpabilise en faisant référence au réseau anonyme dont ils sont devenus les esclaves : c’est le gouvernement, c’est mon commissaire, c’est le droit, c’est les ordres, c’est pas moi.
Il ne s’agit pas de « classer » les réactions en face d’ordres absurdes mais de souligner le courage de ceux qui ont eu la force de se rassembler pour dire leur colère et dénoncer la dérive politique de la police. Ce rassemblement syndical ne vise pas à défendre égoïstement des acquis sociaux ou des avantages salariaux mais de poser un acte libre et responsable en vue de la justice.
Ces policiers, comme les veilleurs debout, sont un exemple de résistance constructive. Dans une Eglise qui se vide, une société qui perd son identité, la tentation est forte de tirer son épingle du jeu, de fuir, de se résigner au fatalisme, de se réfugier dans le silence confortable, ou dans la révolte amère. La réaction de ces policiers consiste à interroger leur propre conscience pour y trouver la force de rester libres.
La résistance des veilleurs et de ces quelques agents de la police n’est pas contre le mariage gay mais pour l’affirmation de l’élan de liberté et d’absolu qui caractérise l’homme. L’idéal de sécurité, de plaisir, de nivellement égalitaire, de carriérisme de notre société ne peut qu’étouffer la personne.