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Le Béjart Ballet danse sur Queen et Mozart

Le Béjart Ballet Lausanne vient de terminer une tournée en France, pendant laquelle il a présenté le ballet Le Presbytère n’a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat dans 7 villes françaises.


Affiche du Presbytère de Maurice Béjart ©BBL

Le chorégraphe Maurice Béjart avait créé ce ballet en hommage au danseur Jorge Donn, en 1997. Jorge Donn, danseur argentin né en 1947 et mort en 1992 du SIDA, a été pendant de longues années le danseur étoile et la source d’inspiration de Maurice Béjart qui disait de lui-même « je ne suis pas un créateur, je ne fais que mettre en mouvement la puissance de mes danseurs. »

« Mes ballets sont avant tout des rencontres : avec une musique, avec la vie, avec la mort, avec l’amour… avec des êtres dont le passé et l’œuvre se réincarnent en moi, de même que le danseur que je ne suis plus, se réincarne à chaque fois en des interprètes qui le dépassent. » Béjart met la chorégraphie au service de ses danseurs, de leurs attentes, de leurs possibilités, au service de la musique, créant ainsi une unité qui révèle les aspirations du cœur humain.

Dans le Presbytère tout le ballet est au service de Jorge Donn, pourtant absent. Il montre la passion de ce danseur qui n’avait pas hésité à prendre un aller simple pour l’Europe, à travailler durement pour être admis dans la compagnie de Béjart, à forcer les premiers refus de ce dernier, à se lancer sans crainte dans les rôles les plus difficiles… Il avait la certitude que c’était en se mettant à l’école de Maurice Béjart qu’il apprendrait à exprimer tous les mouvements du cœur et du corps. Jorge Donn s’est donné intensément jusqu’au bout, malgré la maladie et la fatigue qui en résultait.

C’est pourquoi ce ballet hommage oscille entre la passion, l’espoir, le désir et le cri de solitude et d’angoisse, qui sont comme autant de facettes du danseur mais aussi de tout cœur humain qui aspire à l’amour et en voit toujours la limite humaine. « Cri d’angoisse d’une jeunesse pour laquelle le problème de la mort par l’amour s’ajoute à celui des guerres multiples qui n’ont pas cessé dans le monde depuis la soi-disant fin de la dernière guerre mondiale ! » Le ballet prend notamment son sens lors de la projection de cette vidéo dans laquelle on voit un Jorge Donn qui joue, deux ans avant sa mort, le rôle de Nijinski, clown de Dieu. Nijinski était un très grand danseur russe qui a sombré dans la folie. Et Jorge Donn incarne avec une incroyable présence sa folie et sa grâce.

Le ballet enchaîne des musiques de Queen et de Mozart qui révèlent bien l’unité entre le cri de souffrance et l’espoir. Comme dans cette scène où un couple vêtu avec magnificence fait écho à un autre couple amené par des infirmiers sur des lits d’hôpitaux. D’abord séparés, les doux couples vont peu à peu s’entrecroiser pour permettre à la joie et à la danse de renaître au sein même de la souffrance.

« Coup de foudre pour la musique de Queen. Invention, violence, humour, amour, tout est là. Je les aime, ils m’inspirent, ils me guident. Un ballet sur la jeunesse et l’espoir puisque, indécrottable, optimiste, je crois aussi malgré tout que the show must go on, comme le chante Queen. »

Clin d’œil à l’œuvre de Gaston Leroux, Le Mystère de la chambre jaune, Le Presbytère n’a rien perdu de son charme ni le jardin de son éclat rappelle que le centre du ballet Béjart à Lausanne, situé chemin du Presbytère, garde son éclat dans la mémoire vivante du danseur Jorge Donn. Et si Gil Roman, successeur de Béjart, décédé en 2007, a voulu présenter ce ballet c’est qu’il montre que non seulement la présence du danseur reste vivante, mais aussi celle de son maître et chorégraphe. Et aujourd’hui, the show must go on !

 

Béjart Ballet Lausanne – Ballet for Life – Le Presbytere n'a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat

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