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Mozart pour des confinés du COVID

Tomoko Mayeda n’a pas perdu son temps durant les longs mois de confinement de l’an passé. Le 24 mai dernier, elle présentait le fruit de son travail, lors d’un concert de gala dans la maison de Mozart à Vienne : le CD des dernières sonates pour piano et violon de Mozart. Un chef d’œuvre.

 

Tomoko Mayeda

 

La première grande originalité ce CD est que Tomoko Mayeda a réussi la prouesse d’enregistrer seule à la fois le violon et le piano.

Comment et pourquoi avoir enregistré d’abord le piano puis utilisé l’enregistrement pour jouer la sonate complète au piano et violon ? Durant le confinement particulièrement rigide de Vienne, Tomoko Mayeda a joué du violon pour les « prisonniers » du Covid. Touchée par la souffrance, la solitude et le désarroi de ses voisins enfermés chez eux, Tomoko a voulu leur apporter un peu de consolation en jouant dans la cour, sous les fenêtres ouvertes des gens qui ont manifesté rapidement leur reconnaissance, leur joie et leur enthousiasme. Cela fut une première expérience de musique « doublée » au violon et au piano.

 

 

Ce CD est aussi et surtout un vibrant hommage au grand pianiste Paul Badura-Skoda, le maître, l’ami et père de Tomoko Mayeda. Dans le livret qui accompagne le CD, Tomoko Mayeda nous exprime sa reconnaissance envers son maître décédé juste au début de la pandémie. Si elle a voulu jouer à la fois le piano et le violon, c’est pour pouvoir transmettre l’interprétation de Paul Badura-Skoda, transmettre ce qu’elle a reçu de lui. Elle a joué ces morceaux avec lui, elle a suivi sa cadence, son interprétation si personnelle, délicate et enfantine. Cette véritable filiation se perçoit dans la musique de Tomoko, elle ne joue pas pour elle-même mais pour un autre, comme Mozart a composé la dernière sonate du CD en la majeur en hommage à son père Leopold, mort quelques mois auparavant.

 

© Reiko Mayeda

 

Tomoko Mayeda témoigne de son expérience avec Paul Badura-Skoda dans le livret du CD :

« En ce qui concerne mon jeu de violon, je me suis toujours adressée à Paul. Tous les morceaux de mon CD de Bach pour violon solo ont été peaufinés selon ses instructions jusqu’à ce qu’il soit content du résultat.

Comme je joue du piano depuis que j’ai quatre ans, le piano a toujours fait partie de ma vie musicale. Comme Paul Badura-Skoda le savait, il a souvent pris le temps de m’écouter au piano. J’ai souvent joué pour lui des morceaux au piano que je maîtrisais certes techniquement, pour faire la tentative d’exprimer ce que Paul lui-même transmettait à travers sa musique. Bien que je sois professionnellement violoniste et non pianiste, il a toujours accueilli positivement mes tentatives approximatives, avec un cœur grand ouvert. Un jour, il m’a fait un cadeau très précieux en disant : ‘Ton jeu est exactement comme le mien. C’est comme si mon âme se reflétait dans un miroir, et le miroir, c’est toi’. J’ai rencontré pour la dernière fois Paul trois semaines avant sa mort et je fus bouleversée lorsqu’il remit entre mes mains son dernier CD dédicacé par ces mots de son écriture tremblante : ‘ A toi, Tomoko, qui retransmets l’esprit de cette musique divine’ ».

Comme l’écrit Tomoko, la musique de ce CD est le fruit d’années d’amitié, d’une filiation reconnue et aimée :

« Au fil des ans d’échanges quotidiens, la musicalité de Paul a pris racine très profondément en moi. Chaque fois que j’ai une question d’interprétation à résoudre, j’essaye d’imaginer comment Paul aurait joué ce morceau. De cette façon, il me semble possible de trouver la solution de façon toute simple et naturelle. Mon espérance est que sa musique vive en moi pour l’éternité ».

 

 

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