Photo : Fondation Espérance Banlieue, Albéric de Serrant et sa classe.
A Montfermeil en Seine-Saint-Denis
Le Cours Alexandre Dumas est une voie d’espérance dans un contexte de profonde crise. La crise de la transmission qui traverse le pays est liée d’un côté à l’arrivée massive de populations de cultures extrêmement diverses et souvent très éloignées de la culture française, et de l’autre au doute identitaire qui ébranle le pays accueillant. Ce double mouvement de fragmentation sociale tendant vers la communautarisation et de relativisation des valeurs est le cadre dans lequel s’inscrit la crise éducative en France : difficulté de fonder l’autorité d’une part qui manifeste la fragilité sociale et échec scolaire massif d’autre part qui manifeste la faiblesse des méthodes pédagogiques. A Montfermeil, en banlieue parisienne, où cohabitent quarante nationalités, et où avaient débuté les émeutes en 2005, l’école a ouvert en septembre 2012 autour du charismatique directeur, Albéric de Serrant, et son équipe de professeurs très investis, avec 11 élèves. Aujourd’hui elle en compte 120.
La réponse éducative : éveiller la personne
Le fondement de l’éducation est la beauté de la personne humaine. Le Cours Alexandre Dumas répond à l’attente des familles qui souhaitent l’éveil de la personnalité de leurs enfants tant sur le plan intellectuel, que sur le plan de l’intériorité et du développement physique. Si l’école est au service de l’enfant, elle est aussi au service des familles qui sont les premiers responsables de l’éducation de l’enfant. L’accompagnement personnalisé de l’enfant permet d’accueillir ceux qui décrochent ou ne trouvent pas leur place dans le système scolaire traditionnel. Le but de l’éducation et la justification de l’autorité est l’éveil de la personne : l’enfant est reconnu et respecté comme une personne à part entière, avec ses droits et ses devoirs ; il s’agit de favoriser l’éveil de l’intelligence et de la conscience morale, l’apprentissage de la responsabilité vis-à-vis de soi-même et vis-à-vis du groupe.
Une pédagogie novatrice et sur-mesure, au service de l’enfant
La pédagogie est la méthode scolaire, éducative et disciplinaire utilisée au service de cet éveil. Le rythme de la journée doit correspondre au rythme du corps et de l’intelligence des enfants : le matin est consacré à l’étude des matières fondamentales, le repas est pris en commun avec les professeurs, l’après-midi commence avec un devoir suivi d’un temps d’étude dirigée, puis de sport, de chant ou de théâtre ; et le vendredi d’une randonnée à travers la forêt de Bondy. La journée s’achève avec l’avis du directeur : un petit bilan et enseignement donné devant l’école entièrement réunie.
Le suivi personnel de chacun est rendu possible par la proximité de tous les instants entre l’élève et le professeur et par le maintien d’un faible effectif (15 élèves par classe). Le respect de l’enfant est manifesté par le vouvoiement. Les élèves du primaire et du collège sont répartis en petites équipes sous la responsabilité d’un aîné (un 4e ou 3e). En équipe, les élèves déjeunent ensemble une fois par semaine, et accomplissent les services en début d’après-midi pour le soin de l’ordre matériel de l’école. Chaque équipe porte le nom de son patron : sainte Jeanne d’Arc, Du Guesclin, Jacques Cartier, Sainte Geneviève, etc.
L’importance des rites et des symboles permet aux enfants de s’identifier à l’école et de structurer leur cheminement vers l’âge adulte. Les élèves portent un uniforme adapté à leur cadre de vie : un sweat à capuche, vert pour les garçons et bordeaux pour les filles. Chaque promotion a un nom : « Alexandre Dumas » pour la promotion 2012/2013, « Molière » pour la promotion 2013/2014, « Saint-Exupéry » pour cette année. Les enfants sont fiers d’appartenir à l’école qui conserve une dimension et une ambiance familiales. Ils découvrent aussi leur identité française qu’ils apprennent à concilier avec leur héritage culturel familial : chaque matin les couleurs françaises et européennes sont levées avec respect à 8 heures.
La Fondation « Espérance-Banlieues »
Le Cours Alexandre Dumas est une école pilote, la première d’un programme financé par la fondation « Espérance-Banlieues ». D’autres projets vont voir le jour dans d’autres villes, à Marseille, Lille, Asnières, etc.
Eric Mestrallet, président de la Fondation Espérance Banlieues, et Harry Roselmack, parrain du Cours Alexandre-Dumas, ont écrit ensemble un livre sur ce beau projet éducatif : Espérance Banlieues, aux éditions du Rocher.
De David Front.
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Nous sommes effectivement dans une crise éducative grave..et je ne peux que saluer ces initiatives comme Espérance-banlieues ou Zébres , mais n'oublions pas les "Autres enfants" qui sont de plus en plus mis de côté au nom d'un principe égalitaire!
Chère Marie-Claude,
il me semble que le cours Alexandre Dumas nous invite justement à sortir de la logique égalitaire et de l'uniformisation par le bas. Compte tenu de l'état des choses et du besoin objectif de ces enfants, on ne peut pas dire qu'une telle initiative soit de trop, que cet effort lèse les "autres" ou qu'en parler nous les fasse oublier… De plus si Espérance Banlieues s'avère être une école d'école, cela peut à terme bénéficier aux autres institutions en les inspirant intelligemment.
Cher Jean, ne vous méprenez pas sur ma réflexion."Espérance-Banlieues" n'est pas une initiative de trop,c'est même une belle entreprise comme toutes celles qui ont pour but d'aider, d'éduquer de transmettre à nos enfants et de pallier aux insuffisances de notre système éducatif national.J'ai également salué en son temps la création des internats d'excellence par l'EN , ces établissements qui accueillent les enfants "motivés" ne bénéficiant pas d'un environnement favorable pour réussir leur parcours.Mais quand j'écris "n'oublions pas les Autres Enfants" je pense à la majorité de ceux qui subissent une éducation à plusieurs vitesses suivant leur secteur et une uniformisation vers le bas -ce sont vos termes- de plein fouet. Tous n'ont pas la possibilité de fréquenter des établissements privés- des écoles libres- comme on disait autrefois…Il suffit de se pencher sur la nouvelle réforme du collège pour comprendre que cette descente va encore s'accentuer et que là, j'ai vraiement le sentiment qu'on dépouille Paul pour habiller Jean. Je suis amère, car ce n'est pas ce que je souhaite pour l'éducation de nos enfants .Bon dimanche.MCD