Accro au selfie, cette jeune australienne a passé son adolescence à vendre son image dans l’attente des « j'aime ». Devenue une star des réseaux sociaux, avec 1/2 millions de followers, elle s’est rendue compte que toute cette mise en scène égocentrique sonnait faux. Elle vient donc de poser un acte courageux en prenant la décision de se retirer de cette machine infernale.
"Je quitte Instagram, Youtube et Tumblr. J'ai supprimé plus de 2000 photos ici aujourd'hui qui n'avaient d'autre but que l'auto-promotion. Inconsciemment, j'ai passé la plus grande partie de ma vie d'adolescente à être accro aux réseaux sociaux, à l'approbation des autres, aux statuts, et à mon apparence physique. Les réseaux sociaux, surtout la façon dont je les utilisais, ne sont pas réels. Ce sont des images artificielles et des séquences modifiées qui sont en compétition entre eux. C'est un système construit sur l'approbation de la société, les "j'aime", les confirmations dans le nombre de vues, le succès en fonction du nombre de followers. C'est parfaitement organisé et ça absorbe tout jugement personnel. Ce système m'a consumée. J'ai passé la majorité de ma vie à faire défiler des publications sur des écrans, sans but, à passer des heures sur Youtube… Comment pouvons-nous nous connaitre et connaitre nos véritables objectifs/talents si nous passons notre temps à regarder les autres? La plupart d'entre nous sont tellement profondément ancrés dans ce système que nous ne réalisons pas son pouvoir délirant et l'impact que cela peut avoir sur nos vies. Il y a ici (sur son nouveau blog, ndr) une sélection de quelques photos que j'ai conservées, la moitié sont des clichés que je pense être constructifs, l'autre moitié sont des photos qui vous ont induits en erreur. Ce n'était pas mon intention, mais j'ai induit en erreur beaucoup de personnes… Appelez ça de la tromperie, de la manipulation, du mensonge, omettre une partie de la vérité… J'étais à la fois accro aux réseaux sociaux et terrifiée à l'idée que personne ne m’accorde d'importance pour ma vraie personnalité. J'ai donc réécrit les légendes de ces fausses photos avec des petits extraits de réalité. (…)" (source)
On constate donc qu’il ne s’agit pas pour elle de disparaître pour disparaître en délaissant dédaigneusement le monde qu’elle utilisait naguère dans une perspective un peu idéaliste. Elle déclare d’ailleurs avec humour « je ne suis pas pour autant devenue anti-internet » (source). Le fait de continuer un blog est plutôt un acte responsable vis à vis de ses « followers ». Pour s’amender, elle prend le temps d’expliquer l’envers du décors : le nombre de prises nécessaires pour une seuls « photo spontanée », les heures de maquillages pour cacher l’acné, ou combien elle était payée pour porter telle ou telle tenue, etc. Cette démarche ne manquera pas d’avoir un impact positif pour les adolescentes qui la suivaient.
Certaines mauvaises langues diront qu’elle utilise cette tactique pour profiter de la notoriété acquise afin de se lancer dans de nouveaux projets. De fait, elle dit vouloir écrire un livre sur le thème « comment devenir célèbre sur les réseaux sociaux ». Alors coup de marketing ? Pas seulement. Car pour elle, il ne s’agit pas d’un « buisness plan parfaitement élaboré », mais plutôt d’une tentative de « changer sa vie » et de donner l’envie à d’autres de faire de même. Auparavant, elle se créait une notoriété « construite par elle même », égocentrique, fondée sur l’esthétique et le partage des évènements de sa vie et sur l'angoise de ne pas être aimée. Mais dit-elle, « je ne veux plus que ma vie ou mon travail ressemble à cela. Je ne veux certainement pas gagner de l’argent en publiant ce genre de mensonges. Je ne veux pas que le nombre de « followers » détermine le succès de mon travail ou de ma personne. J’ai grandi en étant dépendante des réseaux sociaux, mais je me rends compte que la vie est plus belle lorsqu’on ne compare pas sans cesse ses publications avec tout le monde ».
Ainsi, peu importe qu’Essena O'neil puisse désormais utiliser intelligemment ce quelle a appris au cours de cette expérience déshumanisante. Car si elle avait tué son individualité et sa créativité par sa mauvaise utilisation des réseaux sociaux et d’internet, cette nouvelle distance lui permet d’appréhender la vraie vie tout en faisant bénéficier d’autres personnes de ses jugements.