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Latifa Ibn Ziaten: le cri d’une mère pour la jeunesse de France

Latifa Ibn Ziaten, vient de recevoir le prix de la fondation Jacques Chirac en présence de François Hollande . Son cœur de mère nous remet devant la situation douloureuse de nombreux jeunes en France.

C’est pour son combat en faveur des jeunes que la mère d’un des soldats tués par Mohamed Merah, a été récompensée ce jeudi 19 novembre 2015, du « Prix pour la prévention des conflits » de la Fondation Jacques Chirac en présence du Président Hollande et de nombreux membres du gouvernement.

Une mère debout

Son fils, le parachutiste Imad Ibn Ziaten a été abattu parce qu’il n’a pas voulu se mettre à plat ventre devant le terroriste. Madame Ibn Ziaten avait alors affirmé : « C’est très dur ! Mais je dois rester debout pour la mémoire de mon fils. Car Imad est mort debout ». Depuis lors, elle parcourt la France pour avertir des dangers de l’islamisation et pour tenter de porter remède à la situation de nombreux jeunes en France. Elle a pour cela fondé l’association « Imad Ibn Ziaten pour la jeunesse et la paix ».

Pour beaucoup de gens, son témoignage a été une lueur d’espoir. En témoignent ces mots de M. Touil après une intervention à l'Ireis (Rhône Alpes), cette année : « Nous avions l’impression d’être sur un bateau pris dans une tempête, avec votre voix à la barre qui nous chuchotait : n’ayez pas peur, rien ne peut nous arriver car nous allons nous battre ensemble. Et les 230 personnes que nous étions dans l’auditoire, de toutes conditions, de toutes confessions (et même sans), de tous âges, nous avons à l’unisson soufflé dans votre voile. L’amphi de l’Ireis à Firminy résonne encore de votre voix. Vous avez réussi à apaiser des cœurs, à réchauffer des âmes. Puisse votre combat se poursuivre encore et encore. La République a besoin de vous, de nous. Je vous avais confié dans ma présentation ce que les africains disent : « Là où on s'aime, il ne fait jamais nuit. » (source)

Le message de Latifa Ibn Ziaten

Son cri aujourd’hui, c’est celui d’une mère qui regarde la situation de nombreux jeunes en France. Elle milite pour un travail de terrain, un travail de fourmi : « On a un problème dans les écoles, il y a beaucoup de souffrances ». Ces jeunes qui se retrouvent dans des classes avec « 95% d’enfants d’origine maghrébine» (…) « ne peuvent pas avancer, s’intégrer, aimer la France. Pour aimer la France, il faut leur tendre la main, il faut la diversité, il faut la mixité ». Devant ces « cœurs vides » et les « ghettos fermés » de la République, elle se bat pour passer « ce message de paix et ce message de vivre-ensemble, d'aller vers l'autre ».

Elle averti également de la situation dramatique des prisons où l’assassin de son fils s’était radicalisé : « Il y a des gens qui se convertissent. Il n’y a pas de règle dans les prisons. On dit les droits de l’homme, mais on doit faire des règles dans les prisons. Des règles pour le sport, pour les heures de télévision. Ce n’est pas le prisonnier qui commande. Les gens qui travaillent dans les prisons, ils souffrent, ils demandent de l’aide. On doit travailler, on doit aller vers l’autre ». Devant ces constats elle demande explicitement le soutien du Président Hollande pour son association. 

Ce qui est encore possible

Pour cette musulmane convaincue, ce qu'on appelle l'islamisme n'est pas l'islam mais « une secte qui est en train de naître en Europe et qui sont des assassins » (interview du 18/11 sur itélé). En France elle voit ce phénomène se répandre parmi des jeunes qui sont « des délinquants, mal éduqués, mal élevés, qui sont dans des ghettos ». Elle rencontre des gens qui lui font peur car « ils éduquent leurs enfants dans la haine, parce qu'ils disent : « la France nous a oublié, on ne fait pas de cadeauxv (itélé). Faut-il pour autant baisser les bras ?  Elle a elle-même empêché deux jeunes de partir pour la Syrie, une tentative qui a duré plus de 6 mois pour les convaincre : « J'ai gagné, parce que j'ai pris du temps. Il y avait un jeune converti qui ne voulait plus manger avec sa mère car elle était chrétienne. Il ne voulait plus s'installer à table. J'ai parlé avec lui et je lui ai dit : « comment as-tu appris l'islam ? Tu dois d'abord respecter ta mère, tu dois l'écouter, car c'est elle qui t'a donné la vie et c'est elle qui te mènera au Paradis ». Il m'a répondu « c'est vrai ça ? Je vais regarder ». Je lui ai dit : « Vas-y, lis, regarde ». Il a eu des larmes dans les yeux parce qu'il s'agissait de sa mère. Et tout a changé pour lui ce jour là. Malheureusement, d'autres rencontres se sont soldées par des échecs, car si, pour elle, un jeune de 15 ou 18 ans peut être convaincu, ce n'est plus le cas d'un jeune de 25 ans. « C'est pourquoi je dis qu'il faut tendre la main. » (itélé) 

Un amour pour les enfants, pour le pays d'origine et la nouvelle patrie 

Pour elle, les premiers responsables sont les parents qui doivent donner une éducation et de l'amour et présenter un modèle aux enfants. Mais son message est aussi dans son regard sur son identité : « J’aime le Maroc, j’aime la France, c’est mon père et c’est ma mère. Je n’aime pas les séparer ». Une image grave et profonde qui permet de sortir des oppositions stériles. Elle ne part pas non plus de considérations théoriques sur l'intégration, ni de politiques partisanes, comme en témoigne sa profonde gratitude pour le Président Chirac. C'est l'engagement d'une femme simple qui vit douloureusement, comme tant d'autres français, la situation dramatique de la jeunesse et veut y répondre  : «Quand je suis allée voir mon fils, ce bel homme, à la morgue, j’ai pris sa main. Et je lui ai dit : "Je t’ai élevé avec des valeurs républicaines et je suis fière du pays qui m’a accueillie". Alors j’ai promis à mon fils, je lui ai donné ma parole mais j’ai besoin d’aide pour passer ce message de paix et de vivre ensemble. » Pour elle il est clair qu'il faut aller vers ces jeunes avant qu'il ne soit trop tard : « Les terroristes veulent nous séparer, il ne faut pas tomber dans le piège ». 

 

Voir l'intégralité de son discours lors de la remise du Prix de la Fondation Chirac

Voir une interview sur itélé le 18/11/2015

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1 Commentaire

  1. Jean C.

    A découvrir ce beau témoignage de ce professeur de français, Agathe Le Taillandier, face à ses élèves en Seine St Denis. La tonalité a changé depuis janvier. Un premier travail : créer le lien, faire tomber le masque de la provocation adolescente (la gêne, super on a pas cours…), de l'isolement par rapport à la capitale. Elle raconte ce qu'elle a vécu elle même en habitant proche de ces lieux. "A travers ma voix et mon visage, c'est comme si j'incarnais face à eux la réalité des évènements" (car, dit-elle plus loin, pour les jeunes, les images sont encore un peu comme de la fiction). Les jeunes avaient des questions de tout ordre : qu'est-ce que Daesch, des idées imprécises… Il fallait mettre des mots et expliquer, en tant que professeur.  Puis, des questions : sont-ils musulmans ? Tous les arabes sont musulmans (le groupe est à 80% des élèves le sont). Mais contrairement au 7 janvier, le débat n'était plus du tout de nature religieuse (carricature du prophète). Mais ils ont peur face à ce qu'ils représentent, également d'être stygmatisé. "Mon rôle était aussi de les rassurer, même si je ne suis qu'une pauvre professeur." Ils demandaient : "les français qui sont là depuis longtemps vont-ils encore vouloir de nous ?" J'incarnais pour eux cela, j'avais une parole à leur dire. A parir du moment où ils ont vu mes émotions, et que je voulais les partager avec eux, lorsqu'ils ont vu ça en moi, c'était gagné".  http://video.lefigaro.fr/figaro/video/le-dialogue-d-une-professeure-de-college-face-a-ses-eleves-apres-les-attentats/4623182831001/ 

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