Pour qui arrive au Japon et s’intéresse un tant soit peu à l’art et à la culture japonaise, deux réalités ne peuvent laisser indifférentes : la floraison des cerisiers, d’abord, célébrée avec intensité et exubérance lors de manifestations appelées « hanami », les « haïku », ensuite, poèmes très brefs, véritables écrins de la contemplation japonaise.
Quoi de plus naturel que la contemplation des cerisiers en fleurs. C’est d’ailleurs le sens du mot « hanami » qui signifie étymologiquement, regarder les fleurs. L’œil est comme « ravi », nul effort. L’intelligence entre en repos. Le cœur s’épanouit.
Cette expérience invite à une communion. Ainsi, les japonais aiment aujourd’hui se regrouper en famille, en groupes d’amis sous les arbres en fleurs. C’est le lieu idéal pour discuter, pique-niquer ou même danser.
A Ogawara la vue des 2200 cerisiers accompagnant le flot tranquille de la rivière est à couper le souffle :
Vidéo : Bernard Lemarié, Ogawara (Miyagi Ken, Japon), 10/04/2016.
La contemplation peut se prolonger dans le silence. Quelques mots aussi peuvent jaillir et prendre la forme du haïku, poème extrêmement bref visant à dire et célébrer l’évanescence des choses.
Kobayashi Issa (1763-1828) est considéré comme l’un des quatre maîtres classiques du haïku japonais. Composée de près de 20 000 haïku, toute l'oeuvre d'Issa n'est qu'un long attendrissement devant le monde : voici quatre de ses haïku tirés de sa contemplation des cerisiers :
Sous les fleurs de cerisiers
grouille et fourmille
l'humanité.
*
A l'ombre des fleurs de cerisiers
il n'est plus
d'étrangers.
Les cerisiers en fleurs et les haïku sont deux fenêtres grandes ouvertes sur le mystère d'un monde dont la beauté fragile semble attendre un regard plein de compassion pour être accueillie et sauvée.