Il y a un an, la sonde de recherche, par une Providence que les ingénieurs ne pourront jamais expliquer, dévie de sa trajectoire initiale de plusieurs degrés et rejoint les mineurs bloqués dans la mine San José depuis dix-sept jours. Ces derniers isolés du reste du monde enverront alors le message qui fera le tour de la planète : « Estámos bien en el refugio, los 33 » (« nous allons bien, dans le refuge, les 33 »). Il leur faudra alors attendre encore presque deux mois avant de sortir un à un de la mine. Le « sauvetage qui a bouleversé le monde » sera couvert par plus de sept cents journalistes dépêchés sur place et retransmis en direct par d’innombrables chaines de télévision.
CC BY Gobierno de Chile
Mais depuis douze mois que sont-ils devenus ?
A leur sortie, les mineurs sont sollicités de toutes parts : pour des interviews, des articles de journaux, des émissions de télévision, etc. Sans pratiquement rien divulguer de leur vie dans la mine – afin d’en réserver l’exclusivité au scénario du film qui sera vendu à Hollywood – les « 33 » mènent les premiers mois après leur sortie une vie très médiatique. Ils seront d’ailleurs reconnus par le prestigieux Times Magazine parmi les « personnalités » les plus importantes de l’année 2010. Un milliardaire chilien donne dix mille dollars à chacun ; il leur sont offerts des voyages en Californie, à Disneyland, en Grèce, Chine et d’autre pays, ils sont les invités d’honneur de l’équipe de Manchester United, du Marathon de New York, ou encore à des concerts de leur chanteur préféré, etc.
Mais cette période de « rêves » passée, il leur a fallu retrouver rapidement la réalité et reconnaître comme ils le disent eux-mêmes qu’ils ne sont « pas des héros mais d’abord des victimes » d’un accident qui aurait pu être évité. Deux d’entre eux notamment, comme le confiait leur épouse, sont « toujours au fond de la mine » avec des traumatismes psychologiques qu’ils n’arrivent pas à surmonter. Un certain nombre se retrouvent au chômage et affrontent des difficultés économiques. Même si quatre d’entre eux y sont retournés, peu sont ceux qui se sentent capables de travailler de nouveau à la mine. Aussi beaucoup ont dû changer de métier : chauffeur de camion, élevage de chevaux, gardien de sécurité, parmi les plus jeunes quelques-uns ont repris des études…
A écouter les plaintes et les difficultés de certains, les quelques tensions qui se font jour entre eux nous pourrions y reconnaître de l’amertume. Il est vrai que les mineurs ont parfois des paroles acerbes mais elles ne sont pas amères, elles veulent essentiellement rappeler que, malgré le succès extraordinaire du sauvetage, ils ont vécu un calvaire de soixante-neuf jours sous terre… calvaire dont ils se sont sortis.
Pour eux le plus important de cette expérience, c’est l’espérance. C’était déjà ainsi que fut baptisé le campement qui s’est improvisé par les familles autour de la mine dès les premiers jours, ce fut aussi le prénom « Esperanza » donnée à celle qui est née pendant que son père étant emprisonné sous terre. C’est vraiment cet héritage qu’ils veulent donner, tout particulièrement à travers le film qui, à n’en pas douter, immortalisera l’événement. Leur profond désir est que ce qu’ils ont vécu transmette au monde entier un souffle d’espérance.
Quelques images (en espagnol)
buenisimo¡¡¡ es dificil dimensionar la experiencia vivida por los ¨33¨ ; es mas dificil aun dilucidar lo que viven hoy…gran acercamiento del padre Laurent.
saludos y felicitiaciones desde Chile.
verena