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« Néfès » , de Pina Bausch

Istanbul … Le bruit des marchés et des rues, le chatoiement des robes, les couleurs de la terre et l’odeur des épices, le soleil et la pénombre … « Néfès », un souffle …

En 2001, après un voyage à Istanbul, la chorégraphe allemande Pina Bausch crée le ballet « Néfès » pour sa troupe du Tanztheater de Wuppertal. Elle rend en quelques scènes la richesse sensorielle et humaine de cette ville avec ses jeux d’ombre et de lumière.

On y voit la complexité des relations hommes-femmes entre séduction, violence et joie. Des femmes si dignes et si belles malgré la domination dont elles sont souvent l’objet. Comme en atteste ce tableau magnifique d’une danseuse avançant avec grâce et dignité malgré la double charge qui pèse sur sa tête ou encore ces différents tableaux où la force d’une danse solitaire exprime si bien la soif de liberté.

 

                       

 

Chaque danse interroge le coeur humain, une interrogation qui ne se limite pas à vouloir transmettre un message … Si la relation homme-femme est interrogée dans cette civilisation où la femme vibre entre humiliation et fierté, « Néfès » nous laisse tout autant entendre le cri de l’homme qui cherche sa place dans une société qui le fait osciller entre une surenchère du plaisir ou du travail et son désir de bonheur, son désir d’infini.

Deux scènes sont particulièrement représentatives de cette déchirure.

Dans la première, un jeune danseur se laisse emporter dans la violence sans but d’une danse déchainée. Sur la scène quelques gouttes d’eau commencent à tomber, doucement, inaperçues … Quelques temps plus tard le danseur revient, un lac est apparu et les quelques gouttes deviennent cascade sur le danseur qui voit dans cette eau chacun de ses mouvement amplifié, assoupli, apaisé, illuminé…

 

 

Dans la seconde, un homme d’affaire s’agite brusquement, ses mouvements sont saccadés, incohérents, violents, limités par le vêtement, par le rôle, par le non-sens. Et voilà qu’une à une les femmes s’approchent le prenant dans leur bras, elles le consolent, mais lui ne voit pas, ne comprend pas, se sont alors ses amis qui viendront le chercher pour lui faire voir la réalité, la consolation …

 

 

Pina sait aussi montrer avec humour la vie bouillonnante de la capitale : des chaises qui sont comme autant de terrains de jeu pour les danseurs cascadeurs, batailleurs, des baisers perdus qui volent en riant, des scènes de ville et de vie …

Néfés, « souffle », en turc, est à l’origine un hymne spirituel. Pina et la troupe du Tanztheater nous offre un souffle qui balaye bien plus largement que la ville d’Istanbul ou la scène du Théâtre des Champs-Elysée où ils se produisent cette semaine !

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