Home > Musique, Danse > « Dancing Pina »

Pina Bausch est l’une des plus célèbres danseuses et chorégraphes du 20ème siècle. Née en 1940 à Solingen, en Allemagne, et décédée en 2009, elle fut à l’origine de la célébrité de cette forme de danse-théatre : « Il ne s’agit pas d’un art, ni même d’un simple savoir-faire. Il s’agit de la vie, et donc de trouver un langage pour la vie » disait-elle.

 

 

Pina Bausch

 

Née de parents gérants d’hôtel, de son vrai prénom Philippina, elle a grandi dans un bistrot où elle pouvait passer son temps à observer les gens, cachée sous les tables. A 19 ans, elle partit étudier aux Etats-Unis ce qui lui donna une grande liberté dans son travail de création. Revenue en Allemagne, elle fut à la tête en 1973 à Wuppertal de la compagnie de TanzTheater. Son travail de chorégraphe a ceci d’unique, qu’elle partait des personnes pour créer la pièce. L’unité de la troupe reposait plus sur elle que sur une uniformité de styles, morphologies ou talents. Elle passait beaucoup de temps à regarder ses danseurs danser, avec peu de paroles. « J’ai simplement osé aller… là où je ne connaissais pas le résultat » disait-elle en 2006.

Ses débuts furent passablement critiqués :

« Quand elle a commencé à faire du TanzTheater à Wuppertal, raconte une de ses danseuses, le public était en colère. Elle devait parfois rester enfermée jusqu’à 3 heures du matin dans le théâtre, avec le directeur et le scénographe, parce que certains spectateurs furieux l’attendaient dehors ! Ils détestaient, ils avaient honte de ce qu’elle faisait. Et Pina en souffrait beaucoup. » Le succès viendra après, et d’abord à l’international, notamment à Paris où ses spectacles se jouent à guichet fermé.

La beauté de l’oeuvre de Pina Bausch repose sur la tension, l’oscillation permanente entre banalité et exceptionnel, entre tendresse et violence. Sur scène, la chorégraphe veut montrer des personnes ‘normales’, tout en révélant leur plus profonde intimité, leurs souffrances et combats intérieurs.

« Les choses les plus belles sont dans la plupart des cas entièrement cachées, disait Pina Bausch dans son discours donné à l’Université de Bologne, en 1999. C’est pourquoi j’aime travailler avec des danseurs qui ont une certaine timidité, de la pudeur, et qui ne s’exposent pas facilement. […] La pudeur garantit que si quelqu’un montre quelque chose de très petit, cela est vraiment quelque chose de spécial et qu’on le perçoive comme tel. »

Depuis le 12 Avril, le film « Dancing Pina » est en salle en France. Il focalise sur deux troupes à l’école des Sables, au Sénégal et l’autre au Semperoper en Allemagne.  Le documentaire suit chacune de ces équipes de danseurs pas à pas dans l’apprentissage de deux pièces de Pina Bausch. « Le Sacre du Printemps » et « Iphigénie en Tauride ». Il s’en dégage un grand souffle de liberté, une expérience d’être plus qu’une technique de danse, une approche de l’imperfection qui devient la perfection, un désir de vivre en laissant l’intérieur devenir la règle de vie…

 

Il est touchant de voir ceux qui ont dansé avec et sous le regard de Pina l’évoquer et plus encore voir ceux qui ne l’ont jamais rencontré vibrer devant ce qu’elle a créé.

L’une des danseuses dit qu’elle fut bouleversée par la présence des danseurs, combien on ressent cette présence. Un autre dit que devant le Sacre du Printemps (qui parle de sacrifice) il s’est demandé comme cette femme (Pina) avait fait pour faire que ces danseurs se sacrifient ainsi dans la danse. Une autre dit combien elle a été étonnée que l’un de ses « défauts » de danseuse (elle est trop grande) soit ce qu’on lui demande d’être « ne t’avise pas de danser en essayant d’être petite ! ».

Dans un monde particulièrement conformiste, on respire mieux: à aller voir!

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