Le 22 novembre 2007, Maurice Béjart nous tirait sa révérence. A l’évocation de son nom viennent spontanément à l’esprit des chorégraphies, des couleurs mais aussi des musiques et des chansons tel un immense tableau peint aux couleurs de la vie et du monde, mêlant le réel et l’abstrait, la mélancolie et la joie, le tout dans une harmonieuse beauté.
Maurice Béjart (1988) CC BY-SA Erling Mandelmann
Certes, nous connaissons Béjart comme danseur, puis chorégraphe mais plus que tout nous connaissons ses œuvres. Et pourtant à regarder de plus près, comme chaque œuvre d’art nous laisse entrevoir l’artiste, Maurice Béjart en créant chaque ballet nous parle aussi un peu de lui. Cela est peut-être encore plus vrai en 2001, lorsqu’il monte son ballet « Lumière ». En effet, Béjart met « en lumière » en premier lieu ses amis. Mais si au fil des danses et des chansons, jaillissent des écrans Barbara et Brel, dans l’ombre, avec pudeur Béjart apparait et nous laisse entrevoir son respect, son admiration et son attachement à ses « frères et sœurs », comme il les nomme.
A la suite, dans une envolée de pas, Béjart nous emmène au cœur de ses questions : sa découverte de la lumière comme source de vie, d’inspiration. Il nous entraine à la découverte de cet élément, ce matériau nécessaire à tous les artistes sans lequel rien n’est visible. Là encore il laisse la place aux frères lumières mais pour nous parler de sa fascination pour le cinéma, « Moi qui cherchais la lumière je l’ai trouvé au cinéma », avouera t-il.
La construction de ce ballet sera finalement comme la réalisation d’un puzzle qui se reconstitue petit à petit et qui laisse encore plus jaillir la lumière sur l'homme. Tout est pensé dans le moindre détail. Certes le sujet est déployé dans toutes ses dimensions mais surtout voici Béjart en pleine lumière ! De la création, de l’éclat de la fleur, au miroir, de la symbolique aux costumes, Béjart joue avec les mots, les notes et les corps. « Plus de lumière, encore plus de lumière » disait Goethe au moment de mourir. Béjart nous entraine jusque là. De cette lumière qu’il y a aussi dans la solitude, « lumière parfois difficile à vivre mais qui vous monte très haut et qui vous fait aller très loin » témoignait il. Le « Ne me quitte pas » de Brel est là pour le redire.
Ici Béjart se laisse conquérir par la lumière à la fois dans son mystère et dans sa beauté, il nous emmène dans sa quête intérieure. Dans les jeux d’ombres et de lumières il y a la place pour les deux.
Le spectateur est invité à affiner son regard pour y voir au-delà de la lumière.
« Ce qui ne sert apparemment à rien sert en réalité le plus », disait-il. Leçon de vie sur ce qu’il nous faut regarder ! Quatre ans après sa mort la leçon est toujours d’actualité !
Pour le plaisir des yeux, la fondation Gianadda (jusqu’au 20 novembre) invite à voir l’homme derrière le chorégraphe à travers une exposition de photos réalisées par Marcel Imsand, fidèle ami de Béjart : lien sur l'exposition à La fondation Gianadda