Ceinture noire 5ème Dan de Taekwondo, arbitre international et responsable de l’arbitrage en Pays de Loire, Joël Briend fonde en 1998 un club (Taekwondo Beaupreau) au sein duquel il enseigne le Taekwondo. Il a formé de nombreuses ceintures noires. Depuis l’année dernière, il anime également des sessions de self-défense auprès de personnes âgées. Il répond à nos questions.
Joël Briend, arbitrage en action
Joël, pourrais-tu nous parler des origines de cet art martial qu’est le Taekwondo ? Quand et comment est-il arrivé en France? Comment est-il fédéré aujourd’hui?
Bonjour à tous, merci pour cet interview. Le Taekwondo (art martial) est d’origine de la Corée du sud et est arrivé en France par Maître Lee Kwan Young en 1969. D’autres experts coréens sont venus en France pour faire connaître cet art martial. Dans notre région des Pays de la Loire, la discipline est arrivée en 1977 par Maître Lee Moon Ho (à l’époque 6ème Dan, aujourd’hui, M. Lee est 9ème Dan).
Au tout début, le Taekwondo était sous l’égide de la FFKAMA (fédération de Karate) et il a pris son envol en 1995 sous la FFTDA (fédération française de Taekwondo et disciplines associées). Taekwondo signifie la voie du pied et du poing.
Quelles sont les grandes formes de pratiques et les disciplines associées au Taekwondo?
- Le combat : c’est la forme de pratique présentée aux jeux olympiques. Le port des protections permet de pratiquer en toute sécurité.
- La technique traditionnelle : c’est l’utilisation des formes et mouvements ancestraux. Un poumsaé est un combat conventionnel contre plusieurs adversaires imaginaires.
- La self défense : appelée Ho Shin Soul, permet la maîtrise des dégagements, clefs, balayages, et autres projections.
- Le body Taekwondo : vise la dépense physique par le travail cardiovasculaire, la gestuelle et le renforcement musculaire. C’est le moyen idéal de se défouler en musique.
- Il existe quelques disciplines associés qui sont Le Hapkido, Le Tang Soo Do, Le Soo Bahk Do.
Auprès de qui as-tu été formé? Peux-tu nous donner une ou plusieurs anecdotes?
J’ai commencé le Taekwondo en 1979 à Cholet. J’avais comme instructeur Monsieur Lee Moon Ho. A l’époque, Monsieur Lee habitait Nantes et n’avait pas de permis de conduire, il venait en train à Cholet dispenser ces cours et ce sont ses élèves, à tour de rôle, qui le raccompagnaient sur Nantes. À cette époque, un copain et moi après le cours de Taekwondo, nous allions sur le parking d’un centre commercial de Cholet, donner des cours de conduite à Monsieur Lee.
Maître Lee Kwan Young
Quelles sont les valeurs (et les bienfaits) que véhicule le Taekwondo? À partir de quel âge, auprès de quel public et jusqu’à quand peut-il être pratiqué? Combien faut-il de temps (en moyenne) pour former une ceinture noire?
Les arts martiaux sont des écoles de la vie. La matière que l’art martial transforme c’est la personne qui le pratique. Le Taekwondo apporte la confiance en soi, la loyauté, la motricité, la souplesse, la détente. En moyenne et en étant assidu aux entraînements (2 à 3 entraînements par semaine et avec du travail personnel), 3 ans pour acquérir ou pour prétendre à la ceinture noire 1er DAN.
Tu enseignes depuis plusieurs décennies, quels ont été pour toi les moments les plus marquants?
Différents moments, le premier je dirais, quand le club a été officialisé en 1998 après différents soucis (la municipalité n’était pas vraiment partante pour cet art martial peu connu à l’époque), et que le judo était bien implanté sur la commune. Un autre fait marquant, la venue de Mickaël Borot (champion du monde et participant aux Jeux Olympiques de 2008 à Pekin) au Taekwondo Beaupreau pour ses 15 ans d’existence.
Joël et maître Lee Moon Ho
Le Taekwondo est un sport qui, dans sa pratique de combat en compétition, a beaucoup évolué. En tant qu’arbitre international tu as été témoin de ces évolutions, quelles sont elles et quels en sont les avantages et inconvénients?
À l’époque où j’ai débuté l’arbitrage (1995) nous étions aux papiers, je veux dire que les juges de coin (ils étaient au nombre de 4) marquaient les points des combattants sur papier, puis l’arbitre central récoltait ces derniers pour en faire une synthèse. Par la suite, l’arbitrage a évolué avec des scorings et les juges de coin (toujours 4) étaient équipés de manettes. Puis, suite aux J.O. de 2000 à Sydney, nous sommes passés aux plastrons électroniques avec 3 juges de coin. Suite à cette évolution importante et afin d’avoir encore plus de transparence, la vidéo est venue aider l’arbitrage.
L’avantage est que l’arbitrage est totalement transparent. Les points marqués et les sanctions sont instantanés sur le tableau d’affichage. Le coach a un recours avec la vidéo replay. Les inconvénients sont que les arbitres ont plus de pression et de responsabilités, nous avons à gérer, en plus du règlement, tout l’informatique de l’aire de combat. Ces évolutions techniques ont aussi beaucoup changé la manière de combattre en compétition. Cela est devenu beaucoup plus tactique.
L’arbitre, (c’est aussi vrai pour d’autres sports), est un peu l’oublié et le méconnu des compétitions. S’il est vite critiqué sitôt qu’il se trompe, il est rarement félicité lorsqu’il œuvre correctement. Pourtant, sans lui, l’exercice correct du sport et de la compétition est impensable.
Peux-tu nous parler de ton expérience d’arbitre de haut niveau?
Outre le fait qu’il faille maîtriser l’anglais (afin de pouvoir échanger avec le staff arbitral et les coachs lors de contestations), ce que je tire de mon expérience au niveau international est une grande solidarité des juges / arbitres (quelle que soit la nation). Il y a beaucoup d’entraide et aucun jugement. Par exemple, à l’Open de Toulouse, en fin de compétition, en attente de mon vol pour un retour sur Nantes, je prenais un café au bar en attente, quand un coach avec son combattant m’a abordé (j’avais arbitré son combattant en finale et il avait perdu) je m’attendais à me faire un peu houspiller, mais pas du tout, malgré la défaite de son combattant, le coach m’a félicité de mon arbitrage ! Comme quoi…Quelle satisfaction ! Un autre souvenir concerne l’Open de Croatie. Lors d’un combat, j’étais au centre et j’ai chuté, le réflexe de mes collègues de l’aire de combat a été immédiat : ils sont venus voir si je m’étais blessé.
Voudrais-tu rajouter quelque chose?
Merci Frédéric de m’avoir donné l’occasion de m’exprimer. Le Taekwondo est plus qu’un sport, c’est une façon de vivre, un équilibre dans la vie moderne d’aujourd’hui.
Combat Mickaël Borot, Euro 2006
Fédération Française de Taekwondo et Disciplines Associées