Home > Spiritualité > Charles de Foucauld, le saint de Tamanrasset

Charles de Foucauld, le saint de Tamanrasset

Quand on va sur la place Saint-Pierre pour une canonisation, c’est la même chose que lorsque les parents d’un enfant vont au spectacle de fin d’année scolaire. Même s’ils sont heureux de l’effort et du dévouement de chacun des participants, ils n’attendent rien d’autre que de voir le visage de « leur » acteur préféré et même si c’est le dernier, ils sont là à attendre, à souhaiter le voir et quand le moment arrive, il y a un mélange de fierté et d’amour, de joie et de dévotion, qui ne peut être mesuré.

 

 

Même au cours d’une canonisation, et plus encore cette année après presque trois ans sans canonisations, le groupe des futurs saints était très diversifié et complet et a montré comment l’Église est éclairée par le charisme et l’exemple de tant de personnes qui, au cours des siècles, ont suivi « l’Agneau partout où il allait ». Parmi ces futurs saints, il y avait une représentation de tous les états de vie et de nombreux exemples de sainteté vécus en leur temps, répondant par toute leur vie à la rencontre avec le Seigneur.

Deux sont des martyrs morts en versant leur sang pour le Christ. Le premier est Titus Brandsma, un Néerlandais, journaliste, mais aussi carme, qui, marchant contre le nazisme, fut déporté au camp de Dachau et mourut, après avoir accompagné tant de déportés, d’une injection d’acide phénolique dans ses veines. L’évêque lui avait dit lorsqu’il avait publié l’article contre le nazisme : « Vous allez courir de grands risques. Si tu ne te sens pas prêt, laisse tomber », mais il ne se laissait pas intimider, car la Vérité était la source de sa vie.

Le deuxième martyr est Lazarus Devasahayam, qui, bien que membre d’une caste supérieure et secrétaire du roi en Inde au XVIIIe siècle, s’est converti au christianisme et a subi un martyre sans fin pendant plus de deux ans, ce qui a fait de lui un « exemple à suivre » pour ceux qui voulaient se convertir au christianisme : coups, humiliations, blessures au poivre, jusqu’à ce qu’il soit emmené dans un lieu secret où il est mort après avoir reçu trois balles en disant : « Jésus, sauve-moi ».

Aux côtés des martyrs, il y a eu aussi tant de fondateurs qui, au cours des différents siècles, ont fondé des communautés religieuses et ont éclairé leur temps par la charité, comme le Français César de Bus qui a fondé en 1592 une congrégation pour éduquer les jeunes et les enfants dans la région de l’Isle-sur-la-Sourge. Le deuxième fondateur canonisé est Luigi Maria Palazzolo, qui, avec quelques femmes pieuses, a fondé une congrégation pour l’accompagnement des jeunes filles en danger et une autre congrégation pour assister les orphelins et les enfants abandonnés.

Avec ces deux saints, il y a aussi Maria Domenica Mantovani et Maria Francesca Rubatto : la première est fondatrice de la communauté des Petites Sœurs de la Sainte Famille de Verona pour les enfants et surtout les malades à domicile. Ses soins et ses efforts manifestent une présence consolante dans la vie de tant de personnes qui étaient seules. La seconde est fondatrice des Sœurs Capucines qui sont présentes dans tant de pays du monde. Mère Rubatto  mourra à Montevideo, en Uruguay, visitant et assistant une des communautés.

La Sicile était présente à travers Maria de Jesus Santocanale, une noble sicilienne qui a décidé de quitter sa famille et la vie prospère qu’elle envisageait pour venir en aide aux plus pauvres des pauvres dans les rues de Palerme. Une autre fondatrice est Marie Rivier qui, à la fin de la période révolutionnaire française, a vu la croissance de la congrégation fondée pendant la période de terreur pour éduquer les jeunes qui voyaient la révolution française détruire non seulement l’Église, mais aussi la société.

Un napolitain ne pouvait pas manquer à la liste et c’est Giustino Russolillo qui a fondé la congrégation des « vocationistes » soutenant et aidant le discernement vocationnel.

Mais comme des parents qui attendent de voir leur enfant sur scène, avec un petit groupe d’anciens volontaires et d’amis, nous étions sur la place Saint-Pierre pour voir Charles de Foucauld, plus connu sous le nom de Charles de Jésus, 100 ans après sa mort, monter sur les autels.

 

 

Ce prêtre, ermite et martyr, a quitté son pays natal après une jeunesse agitée et une recherche de plénitude qu’il n’a trouvée que lorsque sa cousine lui a suggéré de rencontrer, à l’âge de 30 ans, un prêtre qui le confesserait dans l’église de Saint-Augustin à Paris. À partir de ce moment, toute sa vie est centrée sur le Christ et le conduit d’abord à une expérience dans un monastère trappiste, puis à vivre dans un ermitage dans le jardin des Clarisses de Nazareth où il vit caché, pauvre et où il fait ses premiers pas vers le sacerdoce.

 

 

Après son ordination sacerdotale, il a vécu pendant 15 ans dans le désert, choisissant Tamanrasset comme lieu de résidence, apprenant la langue des Touaregs de la région et entretenant avec eux des relations fraternelles. Sa maison était toujours ouverte à tous, mais le 1er décembre 1916, elle fut saccagée et son corps fut retrouvé sans vie près de l’ostensoir, dans la petite chapelle où il passait la plupart du temps qu’il ne consacrait pas à ses amis et à recevoir les plus pauvres des pauvres. Il est mort comme il a voulu vivre : à « la dernière place », comme le lui avait indiqué son père spirituel au moment de sa conversion : « Quand Jésus s’est fait homme, il a pris la dernière place que personne ne peut lui enlever ».

 

 

Et ce dernier lieu qu’il a toujours cherché, ce désir d’être le frère universel de tous, qui était l’une de ses plus grandes aspirations quand il était au Sahara, s’est réalisé au milieu de la place Saint-Pierre : des milliers de personnes sont venues du monde entier pour sa canonisation, mais aussi pour les neuf autres bienheureux. L’Inde, l’Italie, la France, l’Uruguay, la Hollande, l’Espagne et tant d’autres nationalités étaient représentées : autant de familles qui ont fait un voyage épuisant, qui ont enduré la chaleur romaine sur une place presque pleine pour écouter le Pape qui après la présentation de la vie des futurs saints annonce à l’église universelle que cet ermite, prêtre, martyr est un saint universel.

Charles de Foucauld a voulu être un frère universel, et comme Benoît XVI l’a proposé lors de la célébration de sa béatification : il en est un exemple, car son sang versé près de l’ostensoir est une invitation à se rapprocher de Celui qui fait que chaque personne devient membre de notre famille.

Vous aimerez aussi
Du Sahara au monde entier
Marguerite Bays, la sainte du quotidien
La canonisation de Newman : un point de vue anglais
Irmã Dulce, le bon ange de Bahia, canonisée

Répondre