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Fra Angelico, patron universel des artistes

Il y a tout juste 40 ans, le 3 octobre 1982, le pape Jean Paul II béatifiait fra Angelico et 2 ans plus tard le proclamait patron universel des artistes. Au cœur de Florence, reconnue comme berceau culturel et artistique, se trouve le musée San Marco dans le monastère du même nom. Les visiteurs peuvent s’émerveiller des œuvres de Fra Angelico, « peintre des anges », moine du 13-14eme siècle.

 

Annonciation – Fra Angelico

 

Au premier étage du couvent San Marco, chaque cellule monacale (minuscule) se trouve une peinture de Fra Angelico. A chacune correspond un mystère de la vie du Christ. Outre le génie du peintre, ce qui émeut profondément est la rencontre qu’offre chaque chef d’œuvre, habité par la prière du saint.

 

Musée de san marco, Florence- cellule 26, fresque (1437-45)

 

Adrienne Von Speyr parle ainsi de lui :

« Il aime le chemin qui mène à Dieu et est pris dans une contemplation constante de ce chemin, toute sa prière est nourrie par ce chemin, et quand il peint, il peint toujours ce chemin.

Ainsi, tout ce qui lui est donné dans la contemplation, tout ce qu’il vit dans la prière et dans sa vie quotidienne, est lié à son chemin, qui mène à Dieu. C’est le chemin de l’enfance et de l’enfance de Dieu. C’est le chemin de la sainteté, le chemin du renoncement dans l’amour, dans l’amour du prochain, qui se déploie au point que l’on voit toujours le Seigneur et sa sainteté dans son prochain.

Son art lui est donné. Il ne l’a pas choisi lui-même. Il est si complètement son cadeau et lui correspond si bien que l’art l’a choisi plus qu’il ne l’a choisi. Mais pour lui, l’art ne fait qu’un avec la religion, avec l’amour de Dieu. Il est en fait franciscain jusqu’au plus profond de son être, de la même manière qu’on imagine François lui-même dans sa jeunesse. Il est l’un des saints souriants.» [1]Adrienne Von Speyr, Book of all saints, p.87-88

 

Couronnement de la Vierge – Fra Angelico

 

La lumière présente dans ses peintures a été qualifiée par certains de « lumière métaphysique ». Lumière qui est douce, qui éclaire mais qui entoure, se répand, ointe pourrait-on dire et qui vous transmet en douceur, si vous le souhaitez, une expérience.

Ce qui m’a frappé dans ces merveilles, c’est que partout transparaît la lumière de la Résurrection même dans les mystères les plus sombres.

Peut-être qu’un artiste tant habité par la présence de Dieu ne pouvait que peindre des œuvres qui consolent, des œuvres qui laissent poindre la tendresse de la Résurrection…

 

Résurrection du Christ – Fra Angelico

 

L’expérience m’a renvoyé à la procession de la Madonna à Naples, Afragola, pour la fête de Notre Dame du Rosaire le 7 Octobre. Alors que la statue de la Mère passe dans les rues, les réactions des personnes sont infiniment émouvantes, certains, dont les vies sont durement éprouvées, fondant en larmes en La voyant passer. N’est-ce pas la même expérience ? La figure, ici la statue de la Mère de Dieu, renvoie à La Présence Divine. Le pauvre matériau de la statue, les traits, les choses si basiques et matérielles qui la constituent manifeste Quelqu’un.

Saint-Bernardin de Sienne, contemporain de Fra Angelico, a exprimé ce paradoxe :

« L’Incarnation est le moment où l’éternité vient dans le temps, l’immensité dans la mesure, le Créateur dans la créature, Dieu dans l’homme, la vie dans la mort, […] l’infigurable dans la figure, l’inénarrable dans le discours, l’inexplicable dans la parole, l’incirconscriptible dans le lieu, l’invisible dans la vision, l’inaudible dans le son, […], l’impalpable dans le tangible, le Seigneur dans l’esclavage, […], la source dans la soif, le contenant dans le contenu. L’artisan entre dans son oeuvre, la longueur dans la brièveté, la largeur dans l’étroitesse, la hauteur dans la bassesse, la noblesse dans l’ignominie, la gloire dans la confusion… » [2]Saint Bernardin de Sienne, Pagine Scelte, éd. Dionisio Pacetti, O. F. M., Milan, 1950, p. 54 .

 

Jugement dernier (Détail) – Fra Angelico

 

Nous sommes connus et aimés bien au-delà des mots et Quelqu’un s’inquiète de nous avec tendresse et sérieux au point de nous donner Sa Vie de Lumière.

Si vous passez par Florence, nous vous souhaitons une belle visite-rencontre sur les pas du peintre des anges !

References

References
1 Adrienne Von Speyr, Book of all saints, p.87-88
2 Saint Bernardin de Sienne, Pagine Scelte, éd. Dionisio Pacetti, O. F. M., Milan, 1950, p. 54
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