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L’arbre aux papillons d’or est le premier long métrage de Pham Thien An, il a reçu le prix Caméra d’or du festival de Cannes 2023. Filmé avec des moyens artisanaux, il nous fait voyager dans les montagnes du sud du Vietnam dans des paysages magnifiques.

 

 

Le film est un voyage dans le Vietnam d’aujourd’hui, tiraillé entre les sirènes du confort et du matérialisme moderne et ses traditions ancestrales. Thien vit à Saigon une vie citadine superficielle et creuse, symbolisée par les massages vietnamiens et la rencontre avec ses amis au bar ou dans le sauna. Un accident de la route bouleverse la banalité de son petit train-train de vie embourgeoisée. Sa belle-sœur vient de mourir et laisse un petit orphelin de cinq ans, désemparé, Dao. Thien se retrouve obligé de remonter sur ses terres pour organiser l’enterrement de sa belle-sœur et trouver un orphelinat pour l’enfant, dont le père est parti sans laisser d’adresse.

Ce voyage l’arrache aux sirènes de la ville et le plonge dans la beauté du Vietnam, de ses traditions religieuses et de ses paysages. Mais Thien est complètement désorienté et perdu devant sa tradition catholique qui n’est plus qu’un décor pour lui. Confronté aux questions existentielles et enfantines de son neveu devant la mort, il commence un chemin spirituel intérieur qui lui fait voir le vide de sa vie passée. Son amour de jeunesse s’est résignée à la vie religieuse par manque de courage vis-à-vis de sa famille, son frère a disparu après une crise religieuse qui l’a conduit à abandonner d’abord sa vocation sacerdotale puis sa femme et son fils. Dans ce décor où la tradition religieuse étouffe la vie, Thien cherche, interroge, scrute le mystère. Les questions de l’enfant sont toutes pures comme la nature qui les entoure et semble parler à travers le cri du coq, un chien errant ou les buffles apeurés.

Sans trouver de réponse à ses questions, il fait deux rencontres significatives. D’abord avec un vieux soldat de l’armée du sud qui après avoir vu tant de mort autours de lui sur le champ de bataille, sert les gens en faisant gratuitement le service funéraire dans le village, dont celui de la belle-soeur de Thien, tout en vivant comme un ermite.

Plus tard, alors qu’il est en quête de son frère, qu’il recherche vainement durant tout le film, Thien tombe sur une vieille femme que son entourage considère comme folle mais qui le remet devant la vraie question de sa vie. S’il cherche son frère, ses amours d’antan, son lien avec le passé, c’est qu’il a perdu le lien à sa propre âme. Il cherche dans des chimères et un passé qui n’existe plus le sens de sa vie.

 

 

Le prix reçu à Cannes récompense la façon poétique de filmer du réalisateur Pham Thien An. Le film est très lent, il nous laisse admirer le long du chemin les oiseaux et leur chant, l’eau qui coule dans la rivière, la brume qui habille la montagne. Il ne raconte pas une histoire puisque le film n’a ni début ni fin, mais il nous introduit dans la quête de sens de l’homme d’aujourd’hui.

Pour l’anecdote, le film se déroule dans la région où a vécu et est mort le Père Jean Cassaigne, MEP (1895-1973). Il a construit un hôpital pour Lépreux où il est lui-même décédé après avoir contracté cette maladie. Le film évoque cet hôpital et nous montre les écoles et autres Eglises qu’il a bâties.

Bande Annonce du Film

 

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