L’Argentine est entrée dans une période électorale avec l’élection présidentielle ainsi que les sénatoriales et législatives en octobre prochain. En août, il y a eu des pré-élections, appelés PASO, qui ont eu pour but d’opérer une sélection entre les candidats, de retenir les plus votés, et ainsi éviter la multitude de candidatures deux mois plus tard.
Après ces élections du mois d’août, trois candidats se disputent la majorité des votes. Le candidat du gouvernement au pouvoir est l’actuel ministre de l’économie, Sergio Massa. Il a eu bien du mal à obtenir le consensus à l’intérieur du parti de l’actuelle vice-présidente Cristina Kischner. Du côté de la droite, c’est-à-dire le parti de l’ancien président Jorge Macri, la candidate qui a reçu la majorité de votes est Patricia Bullrich : elle centre sa proposition sur la question de la sécurité. A cette traditionnelle opposition gauche-droite, s’invite un nouvel acteur qui a obtenu 29% des votes dans ces pré-élections. C’est un économiste qui se nomme Javier Milei, chef d’un nouveau parti nommé La Libertad avanza. Il propose un programme qualifié souvent « d’anti-système », il fustige « la caste au pouvoir » et possède comme mesure-phare la fin de l’inflation par la dollarisation de l’économie (sur le modèle de l’Equateur), ainsi que la suppression de la Banque centrale.
En effet, les Argentins sont tendus et inquiets en raison des éternels problèmes économiques : les réserves de change sont à sec, l’hyperinflation est aux portes avec 124% depuis le début de l’année et un dollar à 750 pesos aujourd’hui. Beaucoup de jeunes talents quittent le pays. Ils ne font plus confiance à un gouvernement qui a réussi, en quatre ans, à faire partir 25 grandes entreprises internationales (Coca Cola, Walmart, Latam…) [1]https://www.infobae.com/economia/2023/06/07/exodo-de-empresas-con-itau-ya-son-25-las-multinacionales-que-abandonaron-sus-negocios-en-la-argentina-en-los-ultimos-anos/ , elles aussi lassées de continuels changements des règles du jeu économique, de la corruption endémique et des restrictions de change sans cesse plus strictes. Plus inquiétant encore est le fait que le taux de pauvreté ne cesse d’augmenter, de même que l’emploi informel.
L’apparition de cette troisième force politique met en évidence le fait que la plupart de la population a du mal à croire et à faire confiance à la classe politique traditionnelle. Preuve en est une étude faite par une université, elle montre que les motivations de la majorité des personnes qui ont voté pour cette troisième force en août relèvent de la déception : « inconformité avec les autres partis politiques », « ils sont fatigués de la politique et de l’Etat », « pour en finir avec la caste au pouvoir ». [2]https://www.lavoz.com.ar/ciudadanos/por-que-elegir-a-milei-un-estudio-nacional-indago-sobre-las-razones-que-impulsan-a-sus-votantes/
Malgré une telle situation, qui semble assez catastrophique pour un pays si riche en ressources naturelles (notamment en pétrole et lithium) [3]https://www.infobae.com/economia/2023/09/19/la-argentina-se-encamina-a-convertirse-en-el-segundo-productor-mundial-de-litio/ tout comme en ressources humaines, certaines manifestations de la vie sociale peuvent surprendre. La vie culturelle dans les grandes villes continue à être très active. Vous pouvez trouver de multiples offres pour des concerts, des spectacles de théâtre ou des festivals de musique folklorique. A Buenos Aires, dans les grands parcs, il est normal de trouver des groupes de personnes en train de danser le tango ou des danses traditionnelles, entourées d’une foule de passants qui les regardent.
Pèlerinage annuel de Lujan. (Source)
Les élections d’octobre seront aussi précédées des grands pèlerinages. A Salta, le Señor del Milagro vient de rassembler plus de 700.000 personnes, et au même moment, dans la région de Corrientes, 300.000 jeunes ont marché vers le sanctuaire de Notre Dame de Itati. Début octobre aura lieu le grand pèlerinage de Lujan, avec souvent bien plus d’un million de personnes qui marchent quelques 60 km en une seule journée. Cette protection de la Vierge, si présente dans la religiosité, fait partie intégrante de l’identité des Argentins. Elle a été confirmée par les messages que la Sainte Vierge a donnés à San Nicolas de los Arroyos, reconnus officiellement par l’Eglise catholique en 2016. La Vierge a affirmé à la voyante : « Je protège ton pays, je protège l’Argentine. Dis-le à ton peuple : ton drapeau a la couleur de mon manteau ! ».
References