Quelle liberté artistique peut-on se permettre lorsqu’on présente un personnage historique exceptionnel? L’auteur adopte-t-il une interprétation stricte de la vérité ou en déforme-t-il les faits ? Souvent, nous sommes confrontés à deux extrêmes : un récit aride des faits historiques (un documentaire avec des acteurs) ou une histoire qui embellit ce qui est déjà extraordinaire en soi. Triumph of the Heart, l’histoire des derniers jours de saint Maximilien Kolbe à Auschwitz, surmonte très bien cette difficulté et donne au spectateur un aperçu de l’un des saints les plus puissants du XXe siècle.
Saint Maximilien est présenté à la fois comme un fidèle serviteur de Dieu et comme un homme imparfait qui, avec neuf autres hommes, est condamné à mourir de faim. Les neuf autres hommes du film sont des créations artistiques destinées à représenter différents groupes au sein du camp de concentration. Si ces créations, qui sont convaincantes, ne m’ont pas posé de problème, j’ai trouvé que leurs souvenirs et leurs rêves, qui parsèment le film, étaient quelque peu distrayants et inutiles pour l’histoire principale. Après tout, nous sommes venus voir un film sur quelqu’un qui a sacrifié sa vie et s’est occupé des autres jusqu’à la fin. L’histoire parallèle du commandant nazi était également un peu hors de propos ; on peut supposer la cruauté d’un tel homme sans qu’il soit nécessaire de montrer qu’il est dur avec sa famille. Ce ne sont toutefois que des détails mineurs.
Je pense que tous les cinéphiles, même ceux qui connaissent peu saint Maximilien, seront captivés tout au long du film. Le jeu des acteurs, en particulier celui de certains autres prisonniers, était convaincant, et la présentation – le travail de la caméra et le son – était globalement d’un niveau raisonnable. Soyez prévenus, ce n’est pas un film facile à regarder. Outre le poids de la mort par famine, certaines scènes sont explicites et perturbantes, même si aucune ne m’a semblé gratuite.
La mort finale de saint Maximilien, son amour pour ses compagnons de captivité et son témoignage d’amour face au mal et aux ténèbres sont puissants et profondément émouvants. En fin de compte, ses actions n’étaient pas seulement destinées à son époque, mais elles résonnent aujourd’hui avec encore plus de force. C’est peut-être là la vérité des grands saints : leurs exemples de sainteté, malgré les épreuves qu’ils ont traversées, peuvent sanctifier nos vies chaque fois que nous pensons à eux.
