De Peter Blair.
Ceux qui connaissent un peu la politique américaine savent qu’il y a bien peu d’unité politique parmi les catholiques. Bien que les catholiques constituent un vote décisif dans chaque élection, en rompant avec le courant général, ils sont souvent engagés entre eux dans une guerre politique amère. Les raisons en sont assez compliquées mais des facteurs politiques font qu’il y a deux camps : les « catholiques pour la justice sociale » qui ont tendance à voter démocrate et les « catholiques conservateurs sociaux », qui votent républicain.
© Paul Walter
Ces deux camps sont en désaccord sur la politique économique, l’avortement, les lois concernant le mariage et sont également divisés concernant les élections présidentielles. Cette fois-ci une bonne raison les porte pourtant à se rassembler solidairement contre le Président Obama et à s’unir pour élire Romney. S’ils parviennent à accompagner leur rejet de M. Obama en faisant passer leur message de manière forte, les catholiques peuvent espérer que M. Romney et M. Ryan auront saisi le message et éviteront quelques-unes des politiques de M. Obama les plus dérangeantes d’un point de vue moral.
Il y a bien des choses à redire à la politique économique du Président et l’économie est certainement au centre du débat. Mais puisque les catholiques sont en désaccord entre eux sur la politique économique, j’aimerais me focaliser sur quelque chose de différent. Les délits moraux de M. Obama ne manquent pas et peuvent alimenter les deux tendances catholiques, conservatrices ou libérales. Mais il y a deux points profondément troublants à surveiller : la guerre des drones et l’expansion du pouvoir exécutif fédéral.
Les drones ou UAV constituent une grande partie de la stratégie de contre-terrorisme du Président Obama. L’argument en faveur des drones est qu’ils aident à réduire le nombre de morts civils grâce à leur précision technologique. La plupart des gens applaudissent l’utilisation des drones car ils permettent à l’armée américaine de cibler précisément des personnes, ce que les autres moyens ne permettaient pas.
Mais en fait c’est l’opposé qui est arrivé. Le fait que ces drones permettent de tuer à volonté avec de faibles coûts humains ou militaires pour les américains a quelques effets secondaires. Par exemple, cela réduit la volonté de capturer les terroristes et de les interroger pour obtenir des informations. Puisque la capture est difficile et les attaques par drones faciles, la politique par défaut des américains devient de tuer plutôt que de capturer. Par ailleurs, les drones favorisent toutes sortes de monstruosités morales et éthiques. Les attaques par drones ont parfois visé des personnes pleurant leurs morts lors d’enterrements ou des sauveteurs répondant à une précédente attaque. Une étude de l’Université de Stanford a montré :
« Des drones planent vingt-quatre heures sur vingt-quatre au-dessus de communautés au nord-ouest du Pakistan frappant des maisons, des voitures et des lieux publics sans avertissement. Leur présence terrorise les hommes, les femmes, les enfants, traumatisant les civils. Ceux vivant sous les drones sont confrontés à la crainte constante qu’une attaque mortelle ait lieu en sachant qu’ils sont totalement impuissants à se protéger. »
« Le président Obama a utilisé de tels engins pour tuer « des centaines de civils, y compris des femmes et des enfants, au Pakistan, au Yémen et en Somalie du fait d’une guerre des drones visant à exterminer des terroristes présumés faisant partie d’une liste de personnes à tuer sans précédent et toujours grandissante. Il en fait usage pour tuer des personnes dont l’identité était encore inconnue au moment des attaques. »
Le Président Obama s’est aussi servi des drones pour tuer un citoyen américain en dehors de toute procédure normale. Cet assassinat, parfaitement illégal, est l’illustration la plus probante de la grande expansion des pouvoirs exécutifs du Président. Lors de la dernière élection, les Démocrates ont beaucoup parlé de l’expansion illégale des pouvoirs fédéraux et des abus des droits civils commis par l’administration Bush à travers sa campagne d’écoutes téléphoniques sans mandat et du « Patriot Act ». Mais M. Obama a violé de manière encore plus sérieuse les limites constitutionnelles et les libertés civiles que l'a fait M. Bush avant lui. Quand M. Bush a mis sur écoute des américains sans mandat, M. Obama autorise aujourd’hui l’assassinat d’américains sans procédure. Les ramifications de cette nouvelle politique sont terrifiantes.
Ainsi dans des domaines qui devraient être importants à la fois pour les Catholiques prônant la justice sociale et pour ceux qui sont pro-life, le Président Obama a étendu ses pouvoirs bien au-delà de ceux de M. Bush et de manière tout à fait douteuse d’un point de vue éthique et légal. Dès lors, les Catholiques devraient s’unir pour sanctionner le président Obama en raison même de ces transgressions. Le couple Romney-Ryan ne fera peut-être pas mieux sur ces sujets mais si les catholiques renvoient M. Obama en raison de ses actions illégales et immorales dans ces deux domaines, on peut espérer que Romney sera suffisamment malin pour revoir ses positions en vue de se faire réélire. Après tout, il l’a déjà fait…
Peter Blair est rédacteur en chef du blog Fare Forward
Certe, la guerre des dromes est une guerre de lâches, mais les destructions massives de monsieur Bush l'ont-elles moins été?
Cet article est étonnant. Outre la remarque déja formulée par Paulo, j'en ajouterai deux autres. Lorsque Mitt Romney était gouverneur du Massachussetts, il a fait adopter une legislation favorable à l'avortement. A qui faire confiance ? A Mitt candidat à la présidence, ou à Mitt quand il est au pouvoir ? Je doute que les catholiques decernent un chèque en blanc à un homme aux convictions aussi mobiles . Mais il y a plus étonnant encore: " le Président Obama a étendu ses pouvoirs bien au-delà de ceux de M. Bush et de manière tout à fait douteuse d’un point de vue éthique et légal." Soulignons au passage que George Bush a fait interner des Afghans à Guantanamo sans les déférer à la justice. On aimerait savoir en quoi M.Obama a outrepassé ses pouvoirs. La chambre des représentants, assemblée legislative, est composée d'une majorité de républicains depuis 2010. Si M.Obama avait outrepassé ses pouvoirs "légaux" , les représentants auraient entrepris une procédure de destitution à son encontre.