Home > Fioretti > Un cadeau sans prix

J’ai rencontré Coralito comme on rencontre un trésor… dans le silence et la contemplation. D’ailleurs son nom « petit corail » reflète un peu de la beauté de sa personne. Coralito est une jeune fille atteinte d’un handicap mental ce qui a engendré chez elle un retard mental et physique. Elle a marché toute sa vie sur ses genoux. De ce fait, elle a les articulations des genoux, mains et poignets dans un très mauvais état.

© Solange Auffret

Aujourd’hui quatorze mois ont passé et c’est l’heure de mon départ. Je m’approche de Coralito et commence à lui parler, à la remercier pour son amitié qui m’a été si précieuse, à la remercier d’être là, d’avoir partagé tant d’instants avec moi. Je lui dis que je retourne en France dans mon pays et qu’elle restera à jamais dans mon cœur… et là, elle me regarde et hop, se hisse sur ses bras pour se tenir debout avec cet air malicieux et plein de fierté qui lui est cher. Voilà la photo qui a saisi la beauté de ce moment. 
Puis elle se rasseoit dans son fauteuil et me fait signe qu’elle souhaite aller dans un coin de la cour. Sans comprendre ce qui lui passe par la tête, je m’exécute et pousse son fauteuil. Au mur, il y a une barre… Coralito saisit cette barre et dans un grand effort se met debout puis, me regardant avec beaucoup de fierté, de joie mais aussi d’amour, décale son pied… et fait un pas puis un autre. Elle a marché pour moi !… Instant de grâce infinie, instant d’éternité. Dans son regard, à ce moment, je peux lire tellement d’amour, de don. Par son sourire, elle me dit : « Tu rêvais de me voir marcher avant ton départ… alors cet effort je l’ai fait pour toi, je t’offre ce cadeau de départ. Je n’ai pas grand-chose à t’offrir mais ce que j’ai, je te le donne de tout cœur ! ». 
Puis, elle s’est rassise dans son fauteuil, fatiguée par son effort, tendue vers mon visage. Je n’ai pu lui offrir en retour que mes larmes d’émerveillement devant son cœur si grand… Merci Coralito, merci d’exister et de m’enseigner ce qu’est l’Amitié… Merci parce que, en fait, c’est toi de nous deux qui marches le mieux et qui m’entraînes à ta suite sur le chemin du Ciel…


Solange Auffret

Guayaquil, Equateur


 

 

Vous aimerez aussi
« Mystère de l’Ordinaire »
El Salvador, entre foi ardente et gangs
La véritable royauté
Tout revivre dans la lumière de la Trinité