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Les cent ans de la découverte du Machu Picchu

de Séverine Dubois         23 juillet 2011

Le 24 juillet 1911, après cinq années d’études intenses, de recherches passionnées, convaincu de l’existence d’une citée perdue qui aurait été le dernier refuge de l’Inca Manco Cápac, l’américain Hiram Bingham atteint l’un des sommets du massif de l’Urubamba et sous une végétation dense et luxuriante, découvre d’impressionnants bloc de granites : « J’ai vu les temples, les demeures royales, une grand-place… C’était comme un rêve. » L’archéologue venait de mettre au jour ce qui deviendrait plus tard l’emblème du Pérou.

© S Dubois

Si le nom Machu Picchu signifie en quechua Vieille Montagne, l’anniversaire des cent ans de sa découverte célébré en ce mois de juillet 2011 ne nous ouvre pas moins sur la grande actualité du message du prestigieux site pour la société d’aujourd’hui. Alors que les programmes de télévision proposent maints documentaires et qu’à Cusco se multiplient les événements folkloriques, ce lieu légendaire continue de mettre en lumière ce qui fit le cœur de la civilisation inca.

En arrivant sur le site, on ne peut qu’être saisi par l’incroyable beauté. Il y a les constructions si bien connues, dont le génie d’assemblage et l’état de conservation ne cessent d’étonner ; mais aussi et surtout il y a cette couronne de montagnes qui surplombe la citadelle, l’encercle et  la protège.

Toute la vie des Incas était orientée, non vers une recherche personnelle et égoïste, mais en fonction d’une réalité extérieure qu’imposait la nature elle-même, comme en témoigne le Temple du Soleil, le Temple des Trois Fenêtres, le Temple du Condor…  La vie était culte au Soleil. Elle était louange. Même si les hypothèses ne convergent pas toutes sur la fonction du Machu Picchu (citadelle ? village ? sanctuaire ?) il y a un point qui fait l’unité : la religiosité du lieu et de ses habitants. Dans la culture inca, les astres, les solcistes orientent la vie. L’homme, lui, ne s’impose pas. Il cherche la communion, il cherche l’harmonie, l’osmose. Il est participation à un tout. Il part de la nature, de la terre, de la roche. C’est elle qui détermine aussi bien l’emplacement du temple que le lieu et le temps de la semence. L’homme reçoit. Il est humble face aux éléments. Cette communion avec  la nature qui s’en dégage n’est pas seulement de l’ordre de l’écologie dans le sens de la préservation de l’environnement mais un renvoi bien plus important à la soif inhérente à sa nature humaine. Les jours de soleil se découvre encore mieux cette surprenante unité. L’astre règne sur le Machu Picchu.

Le lieu a n’en pas douter est mystique. Le visiteur est complètement dépassé : il se sent à la fois petit et à la fois participant de cette immensité. Une visite au Machu Picchu ne peut laisser indifférent. Le site a une mission qui traverse les siècles : réveiller en chacun une nostalgie d’infini.

La détermination de l’américain Hiram Bingham fut impressionnante. Elle mettra au jour la cité perdue. Révélant au monde entier la cité inca, elle révélera aussi à l’homme sa soif d’une actualisation dans sa propre vie du sens religieux d’un peuple disparu. Et si le site, souffrant de dégradations liées au trop plein de touristes et à leur manque de respect venait à fermer dans les prochaines années, l’impact qu’il laisserait en nous ne devrait-il pas, lui, demeurer pour toujours, comme l’héritage reçu d’une civilisation qui, décimée il y a plus de quatre cents ans, continuerait de vivre dans le cœur de la civilisation moderne, dans l’harmonie qu’elle découvrirait enfin entre la nature qui l’entoure et le sens de sa propre existence ?

 

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