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Noël 2011, pourquoi évangéliser et avec quel objectif ?

de João Carlos Petrini       20 décembre 2011

Le 6 décembre 2011, l’évêque de Camaçari (Etat de Bahia, Brésil), Don João Carlos Petrini, réunissait son clergé pour préparer le temps de Noël. Durant la rencontre il a lu le texte suivant que nous avons pu reproduire avec son aimable autorisation.


Don João Carlos Petrini

1. La crise en Europe, et d’un mode un peu différent aussi celle aux Etats-Unis, n’est pas seulement économique. C’est une crise humaine. Les jeunes Européens ne se marient pas, ne veulent pas avoir d’enfants, n’ont pas de perspectives d’avenir, la dépression se répand au milieu d’eux comme une épidémie. Cette crise humaine est la conséquence imprévue de la raison positiviste qui est laïciste et séculariste et, pour cela, anti-religieuse et anti-humaine.   

Le Brésil aspire à avoir les mêmes indices de développement économique et social que l’Europe : sommes-nous en même temps obligés d’importer avec le développement technologique les facteurs de la crise humaine ? La classe intellectuelle (les licenciés et les docteurs) est composée de professeurs universitaires et techniques ultra-qualifiés. Ils sont les principaux promoteurs de la croissance économique brésilienne mais finissent aussi par importer au milieu de nous la mentalité séculariste et laïciste (la culture de mort).

Allons-nous perdre le caractère joyeux, enthousiaste et religieux du peuple brésilien ? De grands pas ont déjà été accomplis en ce sens. La différence entre le Brésil et l’Europe est dans la religiosité. Voici venu le moment de séparer technologie et mentalité positiviste, de distinguer entre développement et laïcisme et ce, afin de croître économiquement et socialement sans perdre ce qu’il y a de meilleur dans notre culture. Benoit XVI affronte ces questions. Dans Caritas in Veritate, il dit : « Jésus Christ est le premier et plus important facteur de développement humain ».

2. L’Avent. Saint Bernard de Clairvaux (Sermon, 5) parle de trois venues du Seigneur. La première, la venue dans la chair par la Vierge Marie. L’ultime, dans sa gloire, comme juge. La venue intermédiaire, c’est maintenant, dans le temps de notre existence humaine, de manière cachée qui peut être reconnue par la foi.

3. Noël. Le protagoniste de Noël, c’est le Père, sa miséricorde et sa compassion. Il a pris l’initiative d’introduire  dans notre réalité humaine un don extraordinaire, son propre Fils, pour être Dieu-avec-nous. Le Père, exprimant son propre être qui est l’amour-qui-se-donne (Benoit XVI, Deus Caritas Est) nous donne gratuitement son Fils grâce à la disponibilité de Marie, à son oui.

Noël est raconté dans l’évangile de Luc comme un évènement. « Allons jusqu’à Bethléem et voyons ce qui est arrivé » (Lc 2, 15). « Et sa mère gardait fidèlement tous ces évènements en son cœur » (Lc 2,51). Le début de son Evangile parle « des évènements qui se sont accomplis parmi nous d’après ce que nous ont transmis ceux qui furent dès le début témoins oculaires » (Lc 1,2).

Il s’agit de l’évènement d’une présence nouvelle au sein de la réalité, au sein de notre horizon de perception, à la portée des yeux, des oreilles, de la main. Jésus demande : « Qui m’a touché ? » et à Thomas Il dit : « Touche ici, mets ici ton doigts ». « Et le Verbe s’est fait chair et il a habité (littéralement "il a planté sa tente", a commencé à habiter) parmi nous. Et nous avons contemplé sa gloire » (Jn 1,14). « La Vie s’est manifestée : nous l’avons vue, nous en rendons témoignage et nous vous annonçons cette Vie éternelle qui était tournée vers le Père et qui nous est apparue- ce que nous avons vu et entendu nous vous l’annonçons » (1Jn, 2-3).

Il s’agit d’une présence qui peut être rencontrée. « Vous trouverez un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une crèche » (Lc 2,12). « Ils vinrent donc en hâte et trouvèrent Marie, Joseph et le nouveau-né » (Lc 2, 16). « André rencontre en premier lieu son frère Simon et lui dit « nous avons trouvé le Messie » (ce qui veut dire Christ) » (Jn 1,41). « Philippe rencontre Nathanaël et lui dit : "Celui dont Moïse a écrit dans la Loi, ainsi que les prophètes, nous l’avons trouvé : Jésus, le fils de Joseph, de Nazareth" » (Jn 1,45).

Cet évènement n’est pas le fruit de nos actes ni même une récompense pour nos bonnes actions. Au contraire, il naît de la compassion et de la miséricorde de Dieu, d’un amour ému devant notre mal, devant la haine contre nous et contre Lui. Le Père a pris l’initiative de nous donner son Fils pour que nous puissions rencontrer Quelqu’un capable de nous sauver : de la solitude, du vide, de l’absurde, de la mesquinerie, de l’inutilité. Il peut nous sauver en nous offrant un horizon infini de dignité, de sens, d’utilité, de compagnie (comme c’est arrivé avec Simon, avec Mathieu, avec Zachée, etc.).

Le salut peut être expérimenté quand, reconnaissants et émus par l’initiative de Dieu, nous cherchons à répondre, correspondre, dire notre oui semblable à celui de Simon-Pierre : « il est venu chez lui et les siens ne l’ont pas accueilli. Mais à tous ceux qui l’ont accueilli, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom, lui qui ne fut engendré ni du sang, ni d’un vouloir de chair, ni d’un vouloir d’homme, mais de Dieu » (Jn 1, 11-13). Et dans le livre de l’Apocalypse nous pouvons lire : « voici que je me tiens à la porte et je frappe ; si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi » (Ap 3, 20).

Aujourd’hui le Verbe incarné prend le visage des personnes qui Le suivent et qui sont ses témoins,  le visage des personnes envoyées par Lui : « Qui vous écoute m’écoute, qui vous rejette me rejette » (Lc 10, 16). Benoit XVI dans  Deus Caritas Est affirme : « Personne n’a jamais vu Dieu tel qu’Il est en Lui-même. Et pourtant, Dieu ne nous est pas totalement invisible ; (…) Dieu s’est fait visible : en Jésus nous pouvons voir le Père. Il existe en effet une visibilité multiple de Dieu. Au sein de l’histoire d’amour que la Bible nous raconte, il vient à notre rencontre, s’efforce de faire notre conquête (…). De même au long de l’histoire de l’Eglise, le Seigneur n’a pas été absent : sans cesse il vient à notre rencontre à travers les hommes à qui Il se révèle ; à travers sa Parole, dans les sacrements, spécialement celui de l’Eucharistie. (…) Nous expérimentons l’amour de Dieu, sentons sa présence et apprenons de cette façon aussi à le reconnaître dans notre vie quotidienne » (DCE, 17).

Le Verbe s’est fait chair pour assumer en lui notre humanité. Voilà la véritable opposition à la banalité : le divin dans l’humain.

4. La société contemporaine fait la fête à l’époque de Noël, les avenues et les magasins sont décorés mais l’on a oublié la raison de la fête. Dans les maisons des fidèles baptisés, de la même manière, on fait la fête, mais le risque est grand de substituer les symboles qui rappellent l’évènement que nous célébrons et qui constituent le motif de la fête, avec des objets dotés d’une certaine élégance esthétique, mais vides car ils ne signifient rien (les boules colorées, etc.). Cela vaut la peine d’inviter nos communautés à faire une crèche dans la maison, même toute simple, et que tous s’y réunissent chaque jour pour remercier et louer, pour demander.
          

 

 

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