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Kiss and Cry, nanodanse ou l’amour des petites mains

d'Anne-Sophie Rotsaert 15 mars 2012
Danse – Mains – Temps de lecture : 3 mn

Kiss and Cry est la première collaboration d'un couple dans la vie : la danseuse et chorégraphe Michèle Anne De Mey (directrice artistique de Charleroi/Danses) et le réalisateur Jaco Van Dormael (Toto le Héros (1993), Le 8ème jour (1998), Mr Nobody (2009)). Cette création s'articule autour de deux idées originales : la danse des mains (nanodanse) et la présence de l'équipe technique sur le plateau. Un hommage aux petites mains des arts du spectacle.


Kiss & Cry (NanoDanses)

Kiss and Cry c'est à la fois du cinéma, de la danse, du texte, du théâtre et des bricolages de génie. C'est aussi une performance  exécutée et mixée en direct. Une voix-off, un écran vidéo, deux danseurs et une équipe de techniciens nous racontent la vie et le monde de Gisèle, femme hantée par la question : " Où vont les gens quand ils disparaissent de notre vie, de notre mémoire ? ". Le spectacle aborde des thèmes chers aux oeuvres de Jaco Van Dormael : les différents âges de la vie, l'amour disparu, la fuite du temps, la mémoire des personnes. Nous voilà plongés dans un univers onirique, et poétique, où l'enfance et son langage sont souvent un rappel du tragique de la quête d'amour.

Danse des mains
Deux danseurs, Michèle Anne De Mey et Grégory Gro-Jean, nous offrent la performance de leurs mains dansant avec une virtuosité déconcertante. En effet, là où nos yeux cherchent des corps, deux mains éclairées sur une table en bois déclinent un répertoire de « chorégraphies faites de glissades, de virevoltes, de glisses, de portés et même de pointes. » [1] L'utilisation de ces jeux de mains, de doigts, jeux propre à l'enfance, aiguise le regard porté sur la perception des corps. La créativité du spectateur est éveillée pour retrouver ce regard simple qui reconnaît et interprète le signe (les mains) et le signifié.

Le technicien à l'honneur
Cette création rend visible le hors-champs en donnant une place centrale à l'équipe technique présente sur la scène tout au long du spectacle. Sept techniciens : le réalisateur, le caméraman, son assistante, les accessoiristes, le régisseur général évoluent ainsi parmi les danseurs. Ils se déplacent gracieusement, paraissent danser alors qu'ils filment, préparent les caméras, raccordent les branchements, exécutent des gestes précis et techniques.  Les décors miniatures et les subterfuges dévoilés émerveillent : une allumette déclenche un incendie, un peu de coton une tempête de neige, un gant noir un numéro de cabaret… Le spectateur surpris et curieux est libre de passer de l'écran à la scène, de découvrir l'envers du décor sur le plateau et ainsi de participer lui aussi à la performance.

« Ce spectacle inaugure une nouvelle manière de raconter qui amène le spectateur (voire l'oblige) à utiliser son imaginaire plus qu'à l'habitude. Un spectacle ambitieux, porté par un collectif bousculant les frontières de toutes les disciplines artistiques, pour créer une oeuvre, chaque jour différente, chaque jour unique. »[2

 


MICHÈLE ANNE DE MEY ET JACO VAN DORMAEL – KISS &… by le_cent_quatre

 

15 premières minutes du spectacle


[1]   La Libre Belgique du 21/03/2011

[2]   Flyer de Kiss and Cry pour Le manège, Namur

 

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